(BFM Bourse) - Alors que le troisième trimestre s'est achevé, BFM Bourse fait le point sur les titres qui connaissent pour l'heure les plus fortes hausses et baisses depuis le 1er janvier au sein de l'indice vedette de la Bourse de Paris.
Entre les risques politiques liés aux conséquences de la dissolution de l'Assemblée nationale en France, une saison des résultats globalement difficile, le début des baisses de taux de la Réserve fédérale américaine et les mesures de relance en Chine, le troisième trimestre n'a pas été de tout repos sur les marchés.
Le CAC 40 a in fine repris de l'allant sur cette période (+2,1%) et est à l'équilibre sur l'ensemble de 2024 (-0,02% à la clôture de vendredi). Cette dernière évolution cache toutefois d'importantes disparités au sein de l'indice.
Quelles valeurs affichent la plus forte progression et au contraire la baisse la plus prononcée? Nous avons arrêté le classement dans l'infographie ci-dessous. Nos lecteurs les plus assidus ont peut-être en tête que nous prenons habituellement le SBF 120. Rassurez-vous, nous ferons un point sur l'indice élargi de la Bourse de Paris à la fin de l'année.
Safran au sommet
Le premier constat reste que les plus fortes baisses, en amplitude, dépassent celles des hausses. Ce qui souligne combien certaines valeurs ont été mises sous pression par le marché.
Le CAC 40 a été soutenu par un trio d'actions de grande qualité, habituées à surperformer ces dernières années: Safran, Schneider Electric et Saint Gobain. D'ailleurs ces groupes avaient déjà signé (respectivement) les septième, quatrième, et deuxième plus forte progressions de l'indice en 2023.
Safran (+30,44%) a fait fi des difficultés de Boeing et d'Airbus. C'est que l'équipementier aéronautique n'est pas tant exposé, en Bourse, aux calendriers des productions des deux avionneurs (c'est-à-dire à la première monte, qui se fait d'ailleurs à marge négative pour la nouvelle génération de moteurs Leap) qu'au trafic aérien.
Le coeur du réacteur boursier de la société demeurent les services d'après-vente (maintenance, révisions, ventes de pièces détachées). Même si le groupe ne communique pas sur leur rentabilité, ces services sont bien margés. Cette activité dépend des visites des compagnies et loueurs dans les ateliers de l'entreprise et donc du trafic aérien.
Au premier semestre 2024, les activités de services pour moteurs civils avaient bondi de 29,9%, avec notamment une "croissance extrêmement forte de 32% au deuxième trimestre", appréciait Bank of America. "Bien que la société n'ait pas revu à la hausse ses prévisions pour 2024, les fondamentaux restent bons", juge Deutsche Bank qui est à "conserver" sur la valeur pour des questions de valorisation.
STMicro dans le dur
Schneider Electric (+29,14%) continue d'enchanter la Bourse grâce à ses résultats, eux-mêmes portés par l'exposition de la société aux data centers. Le spécialiste des équipements électriques et des technologies d'efficacité énergétique a été l'un des rares groupes à relever ses perspectives lors de la saison des résultats, rehaussant sa cible de marge pour 2024. La banque UBS s'attend encore à un troisième trimestre "solide" de la part de l'entreprise.
Saint-Gobain (+22,47%) vient compléter le podium, le groupe parvenant à afficher une marge record au premier semestre en dépit d'un marché de la construction délicat dans plusieurs de ses régions.
Axa (+16,55%) est quatrième. Bank of America s'attend à ce que l'assureur améliore ses multiples de valorisation au fur et à mesure qu'il déroule sa stratégie, soulignant que la société devrait rendre aux actionnaires l'équivalent d'un tiers de sa capitalisation boursière au cours des trois prochaines années.
Essilorluxottica (+15,64%) vient compléter le top cinq. Le spécialiste des verres correcteurs et propriétaire de la marque Ray-Ban a livré des résultats satisfaisants mais a aussi bénéficié de l'intérêt de Meta, son partenaire dans les lunettes connectées. La direction du groupe a confirmé que la société américaine envisageait de prendre une participation à son capital. Le directeur général de Meta, Mark Zuckerberg a, depuis, déclaré que cet investissement serait toutefois "symbolique", selon Reuters.
Côté baisse, le plus fort dégagement est accusé par STMicroelectronics (-43,09%) qui a dû par deux fois abaisser ses perspectives pour l'exercice 2024. La société est notamment pénalisée par la demande moins forte que prévu dans l'automobile. Stifel pense toutefois que le bas de cycle a été atteint et qu'une reprise devrait s'opérer en 2025.
Edenred et Teleperformance trop bon marchés?
Suit Stellantis, avec un repli de 42,72%. Le constructeur automobile subit depuis plusieurs mois un désamour de la part du marché, alors que le groupe issu de la fusion entre Peugeot SA et Fiat Chrysler signait encore la meilleure performance du CAC 40 en 2023 (+59,2%).
La société a vu sa rentabilité fondre au premier semestre et a émis cette semaine un lourd avertissement sur résultats, sabrant ses perspectives de marge et de flux de trésorerie industriel. La faute à ses difficultés aux Etats-Unis, où le groupe est contraint de passer des promotions sur les anciens modèles pour opérer des déstockages chez ses concessionnaires. Ainsi qu'à un marché mondial plus difficile. Du "temps est nécessaire pour rétablir la crédibilité après une alerte d'une telle ampleur", juge Oddo BHF. Plusieurs bureaux d'études ont abandonné leur conseil à l'achat (ou équivalent) sur le titre cette semaine.
Kering perd de son côté 40,71% depuis le début de l'année, subissant la troisième plus forte baisse du CAC 40. La société est heurtée de plein fouet par le ralentissement de la demande de produits de luxe alors qu'elle opère une transition créatrice chez sa plus importante marque, Gucci. Le groupe a prévenu que son résultat opérationnel courant baisserait d'environ 30% au second semestre, après une chute de 42% au premier.
Edenred accuse la quatrième plus forte baisse (-36,3%), en dépit d'une croissance solide (+18,3% au premier semestre). Le ralentissement du deuxième trimestre (une croissance de 16,3% contre 20,5% au premier ) a été durement sanctionné, et la société de titres de services prépayés a pâti de craintes sur la régulation de ses activités en France et en Italie, notait récemment Morgan Stanley. La banque est toutefois passée à "surpondérer" (équivalent d'acheter dans sa terminologie), jugeant que la valorisation de la société s'avère trop basse au vu des perspectives de croissance de ses résultats.
Teleperformance (-26,76%) clôture le "top 5" des plus fortes baisses, et ce malgré ses deux dernières publications qui avaient été très bien reçues par les investisseurs. Ce qui démontre que les inquiétudes sur ses perspectives demeurent importantes alors que le groupe de relation client externalisée se démène pour démontrer que son modèle économique n'est pas condamné par l'essor de l'intelligence artificielle générative. La semaine dernière la société avait été pénalisée en Bourse par les mauvais résultats d'un de ses concurrents, l'américain Concentrix. Reste qu'une très grande partie des analystes (12 sur 16 selon investing.com) recommandent d'acheter le titre au vu de sa valorisation et de sa croissance, qui doit accélérer au cours des prochains trimestres.