(BFM Bourse) - Echaudée par l'avertissement sur résultats du groupe automobile, la banque britannique est passée de "surpondérer" à "pondération en ligne" sur le titre, ce jeudi. La banque reconnaît qu'il est possible que Stellantis parvienne à restaurer sa crédibilité mais le marché aura besoin du temps.

Après le lourd avertissement sur résultats de Stellantis, lundi, les bureaux d'études revoient leurs prévisions et leurs conseils. Lundi, Oddo BHF avait abandonné son conseil à "surperformance" sur l'action du groupe de Carlos Tavares, puis Alphavalue a suivi, mardi, en passant d'"acheter" à "alléger".

Pour rappel, Stellantis a sabré sa prévision de marge opérationnelle courante pour 2024, tablant sur un taux de 5,5% à 7% contre au moins 10% précédemment. Le groupe s'attend par ailleurs à brûler entre 5 milliards d'euros et 10 milliards d'euros de flux de trésorerie industriel, alors qu'il prévoyait précédemment un flux dans le vert.

La faute à d'importants stocks aux Etats-Unis, problème qui avait été pointé depuis plusieurs mois par les analystes. Pour les réduire, Stellantis devra notamment intensifier ses promotions sur les anciens modèles.

Ce jeudi, Barclays a, à son tour, jeté l'éponge. La banque britannique est passée de "surpondérer" à "pondération en ligne" sur l'action, ce qui revient à passer d'acheter à neutre sur le titre, tout en réduisant son objectif de cours à 12,5 euros contre 23 euros précédemment.

A la Bourse de Paris, l'action Stellantis abandonne encore 3,8% en début d'après-midi, accusant la deuxième plus forte baisse du CAC 40.

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Un avertissement sur résultats "stupéfiant"

"Nous nous sommes trompés sur Stellantis, en étant trop lents à reconnaître son problème de stocks aux États-Unis et l'érosion de ses parts de marché dans l'Union européenne et les États-Unis", écrit l'établissement.

La banque se dit encore "stupéfaite" par l'ampleur de l'avertissement du groupe, alors que quelques semaines auparavant, le 23 septembre, la directrice financière, Natalie Knight, n'avait pas abandonné l'objectif d'une marge à deux chiffres, lors d'une conférence téléphonique.

Barclays note que les "hésitations" de la société à prendre des contre-mesures pour réduire ses stocks américains ont fini par rattraper Stellantis.

Le groupe compte ramener ses stocks aux Etats-Unis sous la barre des 330.000 unités d'ici à la fin de l'année. Selon Barclays, en septembre, les stocks de l'entreprise née de la fusion de Fiat Chrysler et Peugeot SA s'inscrivait à 380.000 unités et l'équivalent de 90 jours de ventes. C'est bien plus que General Motors (68 jours) mais moins que Ford (91 jours). La part de marché de Stellantis, elle s'inscrit à 8,2% contre 9,8% un an plus tôt.

Barclays note par ailleurs que la révision à la baisse des perspectives de génération de trésorerie de Stellantis pose des questions sur le retour à l'actionnaire, qui a constitué un pilier de son "equity story" (l'histoire qu'entreprise raconte au marché pour le séduire). Néanmoins, Barclays juge que la société est encore capable de générer un flux de trésorerie disponible structurel de 6 milliards d'euros par an, à moyen terme.

Du temps nécessaire

Il n'empêche que Stellantis a sérieusement entamé sa cote d'amour auprès du marché.

Son histoire boursière est désormais changée, la société devant démonter que ses efforts paient et que ses difficultés récentes représentent un trou d'air et non pas une nouvelle donne. "Mais les preuves de progrès matériels resteront insaisissables jusqu'aux résultats du premier semestre 2025 (étant donné que Stellantis ne communique pas ses marges trimestrielles)", explique Barclays.

En cas de succès, Stellantis pourrait avoir l'occasion de rétablir sa crédibilité en tant que proposition globale, diversifiée et défensive en matière de coûts et d'efficacité", juge la banque. "Mais nous reconnaissons également que l'ampleur de l'avertissement en si peu de temps a matériellement compromis le bilan de Stellantis, la réputation de sa direction, la crédibilité de son seuil de rentabilité bas et son statut" de société capable de supporter toutes les intempéries, conclut Barclays.

En dehors de Barclays, Bernstein a abaissé ce jeudi son objectif de cours sur l'action, à 11 euros contre 18 euros précédemment tout en confirmant son conseil à "performance de marché" (équivalent de "neutre"). "Sans plus de clarté sur la manière dont Stellantis peut se redresser et remodeler ses objectifs stratégiques, les niveaux actuels (de l'action, NDLR) ne sont pas suffisamment attractifs", explique le bureau d'études.