(BFM Bourse) - Le marché parisien a viré au rouge sous l'effet conjugué d'indicateurs préoccupants et de propos de responsables de la BCE sur l'évolution du rythme de rachats d'actifs, mais limite finalement son repli à -0,11% au terme d'une nouvelle morne séance.
Vert ou rouge, rien ne bouge vraiment sur le marché parisien qui vient de boucler sa sixième séance consécutive sur une variation inférieure à trois dixièmes de points de pourcentage. Si la réaction des marchés new-yorkais post-discours de Jerome Powell à Jackson Hole (records pour le S&P et le Nasdaq, baisses du dollar et des taux) a clairement montré que les investisseurs américains s'attendaient à une intervention moins accommodante du patron de la Fed, les marchés européens font la fine bouche et s'immobilisent en cette fin d'été.
Après une ouverture en légère hausse, le CAC a viré au rouge en réaction à la publication de nombreux indicateurs, et n'a pas non plus été aidé par l'interview de Robert Holzmann, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, à Bloomberg, le responsable s'étant déclaré favorable à une réduction des achats d'actifs dans le cadre du programme d'urgence de l'institution dès le trimestre prochain. L'indice vedette du marché parisien a néanmoins effacé la majeure partie de ses pertes au "fixing" pour n'afficher qu'un repli de 0,11% à 6.680 points en clôture. Il gagne ainsi 1,02% sur le mois d'août, traditionnellement peu porteur pour les marchés actions.
Plusieurs statistiques ont pesé sur le moral des opérateurs, puisqu'elles témoignent à la fois d'un ralentissement de la reprise économique aux Etats-Unis et d'une accélération de l'inflation en Europe. La hausse des prix à la consommation s'est de fait fortement accéléré en France au mois d'août à 1,9% sur un an, contre 1,2% en juillet, selon l'estimation provisoire publiée mardi par l'Insee, et surtout en Europe où elle a atteint 3%, un niveau inédit depuis près de 10 ans et nettement au-dessus de l'objectif de 2% fixé par la BCE. Outre-Atlantique, l'économie canadienne s'est contractée au deuxième trimestre, contrairement aux attentes des analystes (-1,1% en rythme annuel, contre +2% anticipé). La croissance de l'activité manufacturière a également fortement ralenti en août dans la région de Chicago, alors que la confiance des consommateurs américains est tombée en août à son plus bas niveau depuis février, plombée par le variant Delta, selon l'indice du Conference Board.
Ces mauvais indicateurs incitent les opérateurs américains à calmer leurs ardeurs au lendemain d'énièmes records annuels pour le S&P et le Nasdaq. Les principaux indices de Wall Street évoluent ainsi proche de l'équilibre à la mi-journée mardi (+0,1% pour le Dow Jones, -0,1% pour le Nasdaq).
Dans ce contexte de nouveau attentiste, la publication vendredi du rapport mensuel sur l’emploi pour août pourrait commencer à faire réagir les marchés : un bilan du marché du travail américain positif malgré la progression du variant Delta renforcerait le sentiment que la tonalité de Jerome Powell était complaisante et que l’annonce d’un tapering est plus proche qu’il ne le laisse entendre, explique l'analyste.
Acquisition stratégique pour Arkema
Parmi les rares actualités du jour en Bourse de Paris, le chimiste de spécialités Arkema (+4,2%) profite de l'annonce du projet de rachat de l'activité "adhésifs de performance" d’Ashland pour 1,6 milliard de dollars. Une opération qualifiée par le groupe d'étape-clé dans le développement de sa filiale Bostik, et saluée par un nouveau record historique en Bourse.
Du côté de la santé, Valneva enchaîne aussi les records, mis sur orbite depuis l'annonce lundi dernier du début des démarches visant à faire homologuer son vaccin contre le coronavirus auprès de l'agence de santé britannique. Au lendemain d'une hausse de 16%, le titre prend encore plus de 10% actuellement. L'élan est tel que le titre entraîne dans son sillage d'autres biotechs telles Genfit (+10%), Adoxia (+0,8%), DBV Technologies, Lysogène, Transgene (+7% chacun), revalorisant ainsi l'ensemble du secteur. Il faut dire qu'à près de 2,3 milliards d'euros de capitalisation, Valneva atteint un poids presque inédit pour le secteur français des biotechnologies.
Fait rare, Atos domine le palmarès du CAC (+2,4%) alors qu'il lance une nouvelle offre de souscription en direction de ses propres salariés avec une décote de 25% à la clef. Vivendi occupe en revanche l'une des dernières places (-1,9%) après l'annonce de l'acquisition, par les fonds d'investissements du financier Bill Ackman, de 2,9% du capital d'UMG.
Sur le marché des changes l'euro réduit ses gains, mais se maintient au-dessus du seuil des 1,18 vers 18h10 (+0,06% à 1,1805 dollar). Les cours pétroliers connaissent une légère détente à 71,9 dollars le baril de Brent (-0,5%) à la veille d'un nouveau sommet de l'Opep+.