(BFM Bourse) - La saison des publications des pensionnaires de l'indice parisien s'est achevée cette semaine avec les résultats d'Engie et de Bouygues. Alors que l'on pouvait craindre beaucoup, au vu de l'incertitude provoquée par les droits de douane, les publications et les indications livrées par les groupes du CAC 40 n'ont pas été si mal reçues que cela par les marchés.
La saison des résultats s'annonçait à grand risque pour le CAC 40. Cette vague de publications est survenue juste après les annonces de Donald Trump sur les droits de douane réciproques. LVMH, premier groupe à rendre sa copie, avait publié le 14 avril, soit à peine douze jours plus tard.
Barclays, redoutait que, à l'échelle européenne, de nombreux abaissements d'objectifs surviennent, avec la menace de lourdes sanctions de la part des marchés.
In fine, cette saison sur le CAC 40 mais aussi en Europe et à Wall Street n'a pas été si mauvaise, sans pour autant s'avérer éclatante. "Les marchés d'actions ont bien réagi aux publications trimestrielles malgré le manque de visibilité des entreprises", constate globalement Ostrum AM.
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Les droits de douane en toile de fond
Les différents groupes ont, certes, eu du mal à donner de la visibilité à leurs actionnaires. Pour beaucoup d'entre eux, formuler des perspectives à l'épreuve des droits de douane était impossible.Tout simplement parce que cet épineux dossier évolue presque tous les jours.
Le directeur général de Safran, Olivier Andriès, l'avait finalement assez bien expliqué aux analystes, lors de la conférence suivant la publication de sa société. "Vous voyez que les éléments changent toutes les semaines voire parfois tous les jours, c'est pourquoi nous préférons ne pas communiquer sur la quantification d'un impact, car cela repose sur des hypothèses sans cesse changeantes", leur avait-il indiqué.
D'autres sont parvenus à rassurer sur ce sujet, sans trop se mouiller. C'est le cas d'Airbus qui, sans donner de chiffres précis, a indiqué que les impacts directs à date "étaient gérables" et ne remettaient pas en cause ses objectifs. Ce qui avait été très bien perçus par les analystes. Stellantis, de son côté n'a pas eu d'autres choix que de suspendre ses objectifs, comme l'a également fait son rival américain Ford.
Pour revenir au CAC 40 dans sa globalité, nous avons cherché à déterminer quels groupes ont le mieux réussi l'épreuve de la première publication de l'exercice 2025 ainsi que ceux qui, au contraire, sont le plus passé à travers.
Rappelons au passage que certaines sociétés ont livré des comptes complets, comme les banques, d'autres seulement des chiffres d'affaires, comme les sociétés de luxe.
Eurofins en tête devant L'Oréal
Pour prendre la température, nous nous sommes basés sur la réaction boursière suivant l'annonce de l'entreprise. Soit le jour même pour les entreprises publiant le matin soit le lendemain pour celles dévoilant des comptes ou des revenus le soir après la clôture du marché.
In fine, le bilan est relativement encourageant. Plus de 20 groupes (23 exactement) ont vu leur action progresser dans la foulée de leurs publications quand 17 ont accusé une baisse. La variation moyenne sur le CAC 40 tombe de justesse dans le vert (+0,04%). Pas de quoi pavoiser, certes, mais rien de catastrophique.
La meilleure performance est signée par Eurofins qui a vu son titre progresser de 12% dans la foulée de son activité du premier trimestre. Plutôt décevant ces dernières années, avec une action qui a fait partie des plus fortes baisses du CAC 40 en 2022,2023 et 2024, le laboratoire d'analyses a dégagé une croissance un peu supérieure aux attentes au premier trimestre.
Le bureau d'études indépendant Alphavalue note surtout que la confirmation des objectifs 2025, nettement plus élevés que le consensus, a impressionné les investisseurs. Autre point positif: la société a assuré que les droits de douane n'auront pas d'impact direct sensible sur sa structure de coûts.
La performance de L'Oréal, une action moins volatile qu'Eurofins et donc moins susceptible de s'envoler, est à distinguer. Le groupe de cosmétiques prend la deuxième place, avec une hausse de 6,3% lors de la séance suivant l'annonce de son chiffre d'affaires.
L'entreprise dirigée par Nicolas Hieronimus a nettement battu les anticipations, avec une croissance de 3,5% en données comparables ou 2,6% en excluant des effets exceptionnels, quand le consensus tablait sur une progression de 1,1%. Aucun groupe de luxe n'a battu les attentes, ce qui souligne la performance de la société. "Un bon début d'année", résume Royal Bank of Canada.
Le podium est complété par Accor, deuxième ex-aequo, avec une hausse de 6,3%. Le groupe hôtelier n'a pas l'habitude de connaître de grosses variations après ses publications. Mais la croissance de 9,2% de ses revenus avec de surcroît des tendances assez encourageantes dans sa division "luxe et lifestyle" a emballé les investisseurs. "Il n'y a rien de très nouveau mais la publication présente plein de petits éléments positifs qui rassurent", résumait un analyste.
Notons que certains grands noms du CAC 40 n'ont pas failli à leur réputation. C'est le cas de Safran (+4,26%), toujours soutenu par la croissance de ses services d'après-vente dans l'aéronautique, de Saint-Gobain (+4,65%), qui a livré des volumes meilleurs qu'attendu, ou de Publicis (+3,9%), qui n'en finit plus de battre les attentes sur sa croissance.
LVMH dans le dur
Capgemini (+5,7%) a aussi dégagé une activité plus solide qu'anticipé, ce qui a rassuré le marché, alors que le secteur des services numériques a été particulièrement mis à l'épreuve lors de cette saison de résultats.
Airbus (+5,3%) a livré des résultats largement meilleurs qu'attendu et a rassuré sur les droits de douane.
Société Générale (+3,75%) a signé d'assez loin les meilleurs résultats chez les banques françaises, tandis que Renault (+4,38%) a démontré qu'il était peut-être le groupe automobile européen le mieux armé pour cette année 2025.
Du côté des baisses, il est frappant de voir LVMH terminer à la dernière place. Le groupe de luxe a accusé un repli de ses ventes de 3% en données comparables au premier trimestre quand les analystes espéraient une croissance de 1%, selon Stifel. Un tel écart s'avère rarissime chez un groupe habitué à figurer au tableau d'honneur et non pas sur le banc des "mauvais élèves".
Quelques jours après la publication, HSBC a abandonné son conseil à l'achat sur le groupe, LVMH s'étant avéré moins résilient que l'espérait la banque. Si l'établissement se dit confiant pour la division phare du groupe, à savoir la mode et maroquinerie, il n'attend pas de croissance avant 2026…
In fine, LVMH a vu son action chuter de 7,8% dans la foulée de la publication de son activité du premier trimestre. Ce qui l'a d'ailleurs amené à abandonner sa couronne de première capitalisation de la Bourse de Paris à Hermès. Ce dernier a un peu moins souffert (-3,2%) mais le sellier-maroquinier a aussi déçu avec une croissance de seulement 7% en données comparables quand les investisseurs attendaient 8%-9% pour le premier trimestre, selon Deutsche Bank.
Deuxième plus forte baisse, Teleperformance (-7,3%) a payé cher un raté sur l'activité de sa division de services spécialisés. Thierry Gautier, président de GSD gestion, jugeait sur BFM Bourse que la sanction du marché avait été exagérée, alors que la croissance "était convenable" au premier trimestre.
Schneider Electric (-6,4%) termine sur le "podium" des plus fortes baisses après avoir livré une croissance trop juste, de 7,4% en données comparables, contre des attentes bien plus hautes, à 8,9%. Or cela faisait "de nombreux trimestres" que Schneider n'avait pas déçu, soulignait Oddo BHF.