(BFM Bourse) - Le sellier est brièvement passé devant le propriétaire de Louis Vuitton, Céline et Dior ce mardi 15 avril, en termes de capitalisation boursière, selon Bloomberg.

C'est une révolution en Bourse, même si elle a été furtive. D'un cheveu et brièvement, Hermès s'est coiffé de la couronne de la plus importante société française en Bourse.

Selon Bloomberg, le sellier a affiché une capitalisation boursière (la valeur de la totalité de ses actions) de 243,65 milliards d'euros dans la matinée de mardi 15 avril, dépassant très légèrement le géant du luxe LVMH et ses 243,44 milliards d'euros de capitalisation.

Le propriétaire de Louis Vuitton, Céline et Dior est assez vite repassé devant. Vers 10h20, la capitalisation boursière de LVMH se situait autour de 244,24 milliards d'euros contre 243,64 milliards d'euros pour Hermès.

Ce changement dans la hiérarchie boursière à Paris a été précipité par la chute de LVMH en Bourse, dans le sillage de ventes du premier trimestre décevantes. L'activité du géant du luxe français a pâti du ralentissement de la demande en Chine et aux États-Unis.

Or, Hermès était depuis plusieurs semaines en embuscade pour ravir la précieuse couronne à LVMH, qui occupait cette place depuis le printemps 2017. A l'époque, c'était le géant pétrolier qui avait cédé sa première place de plus importante société cotée à la Bourse de Paris, en raison du repli des cours du pétrole.

Des dynamiques divergentes

Ce changement significatif, aussi bref soit-il illustre la bonne santé du sellier Hermès en Bourse. Selon un décompte de BFM Bourse arrêté à fin févier, le sellier-maroquinier signait la deuxième meilleure performance du CAC 40 sur trois ans, ainsi que la plus forte sur cinq ans et 10 ans.

Encore en 2024, millésime terrible pour le luxe, marqué par un ralentissement violent de la demande, le titre a pris 21%, alors que les autres groupes ont reculé nettement. HSBC notait en décembre qu'Hermès parvenait à surperformer ses concurrents dans les temps difficiles, grâce à ses listes d'attente pour ses produits et sa clientèle "économiquement stable", mais aussi dans les temps plus favorables, grâce à ses produits non liés à la maroquinerie.

Hermès possède peut-être le plus important "pricing power" du secteur du luxe, avec une demande excédant l'offre qui place la société dans une situation assez comparable à Ferrari. HSBC pense que le groupe affichera encore la plus forte croissance cette année dans le luxe, avec une hausse de 11,1% en 2025.

Le sellier a même identifié par les analystes comme étant le groupe du secteur le mieux positionné pour surnager cette année, dans un contexte d’incertitudes macroéconomiques et géopolitiques.

"Hermès est largement reconnue comme la société de produits de luxe cotée en Bourse la plus qualitative, la plus différenciée et la plus défensive", avait même loué Deutsche Bank la semaine dernière.

"La demande soutenue pour les sacs phares Birkin et Kelly contribue à soutenir les ventes des autres catégories et Hermès propose des prix plus accessibles dans des domaines tels que la soie et les parfums", rappelle l'établissement. "Il y a peu de domaine dans lequel où Hermès n'est pas le meilleur élève de la classe", assurait aussi la banque.

LVMH fortement exposé au ralentissement de la demande chinoise

De son côté, LVMH a chuté 13,4% en 2024 et cède encore près de 23% depuis le début de l'année. Le groupe reste très exposé au ralentissement du secteur du luxe et aux dépenses moins fortes des consommateurs chinois. Les ventes publiées lundi soir sont la parfaite illustration des difficultés rencontrées par le propriétaire de Louis Vuitton, Céline et Dior

"LVMH a connu un début d'année moins bon, toutes les divisions affichant des ventes inférieures aux attentes. Les performances ont notamment été affectées par un ralentissement des achats des Chinois au Japon, des tendances de consommation inégales en Chine continentale (fort Nouvel An chinois, suivi d'un ralentissement), et une demande plus faible aux États-Unis pour le cognac et les produits de beauté", résumait lundi soir Jie Zhang du bureau d'études indépendant AlphaValue.