(BFM Bourse) - Le groupe de cosmétiques a livré une croissance nettement supérieure aux attentes au premier trimestre, de 3,5% en données comparables. La société est, par ailleurs, relativement bien placée pour faire face aux droits de douane américains, selon Stifel.
Avec le long week-end pascal pour la Bourse de Paris - qui était fermée de vendredi à lundi inclus - le marché ne réagit que ce mardi 22 avril à la publication de L'Oréal. Le groupe de cosmétiques avait, en effet, livré son chiffre d'affaires du premier trimestre jeudi soir après la clôture de la place parisienne.
In fine, les investisseurs sont rassurés par la copie rendue par le groupe. L'action prend 3,5% vers 12h10, ce mardi, signant la plus forte hausse du CAC 40.
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Sur les trois premiers mois de l'année, L'Oréal a dégagé des revenus de 11,73 milliards d'euros, en hausse de 4,4%. En données comparables, c'est-à-dire hors variations de changes et de périmètre, les revenus de la société ont augmenté de 3,5%, soit très nettement au-dessus des attentes des analystes, logées à 1,1%, selon un consensus cité par Royal Bank of Canada.
La croissance du premier trimestre a bénéficié d'un élément exceptionnel lié à la mise en place de nouveaux systèmes informatiques en Chine continentale. Ce qui s'est traduit par un effet de "phasage" (en gros le calendrier des expéditions) positif de 100 millions d'euros.
Mais même en soustrayant cet impact exceptionnel, évalué à 0,9 point de pourcentage de revenus par Royal Bank of Canada, la croissance demeure supérieure aux attentes.
Les États-Unis, point noir de la publication
L'Oréal a surtout bénéficié d'une dynamique nettement meilleure qu'attendu en "Asie du Nord", région qui intègre la Chine, avec une croissance de 6,9% en données comparables, quand les analystes attendaient une baisse de 2,9%.
Précisons que l'effet de "phasage" précédemment évoqué a eu un impact de 8,5 points de pourcentage sur la croissance dans la région. Mais, encore une fois, même en retraitant cet effet, l'activité a dépassé les attentes. Jie Zhang, analyste chez le bureau d'études indépendant Alphavalue, constate une "reprise plus rapide qu'anticipé" dans cette zone.
L'Europe a continué d'afficher une croissance robuste, avec une progression de 4,3% en données comparables contre une hausse de 2,7% attendue par les analystes.
Le bémol de la publication de la société se situe au niveau de l'Amérique du Nord. Cette région a vu ses ventes chuter de 3,8% en données comparables, contre un repli de 1,9% anticipé par les analystes. Cette zone a, elle, pâti d'un effet de phasage négatif. En retraitant cet impact, la croissance s'inscrit à 0,5%, en net ralentissement par rapport à la hausse de 1,4% du quatrième trimestre 2024, et surtout par rapport à celle de l'ensemble de 2024 (+5,5%).
"Les États-Unis sont plus difficiles que prévu", a reconnu Nicolas Hieronimus, le directeur général de L'Oréal.
Jie Zhang évoque des difficultés dans le segment maquillage. "La faiblesse persistante du maquillage aux États-Unis et la popularité croissante de jeunes marques" populaires sur les réseaux sociaux "telles que Kosas, Westman Atelier et Merit Beauty ont pesé sur les performances du groupe dans cette catégorie", souligne-t-elle.
Un "stimulus beauté" qui fonctionne
Mais, au global, L'Oréal a "livré un début d'année vigoureux", conclut Jie Zhang. "La croissance supérieure aux attentes au premier trimestre (…) et la bonne tenue de la division "luxe" (qui regroupe notamment les parfums haut de gamme et a progressé de 5,8% au premier trimestre, NDLR) devraient soulager les inquiétudes du marché quant à la croissance de la catégorie beauté", estime de son côté Royal Bank of Canada.
La banque canadienne juge également "encourageants" les premiers impacts du "beauty stimulus" de L'Oréal.
Ce plan de dynamisation de la croissance comprend notamment des lancements de nouveaux produits importants. Nicolas Hieronimus a cité, par exemple, le "Gloss Absolu" de Kérastase ou le blush "Make Me Blush" d'Yves Saint Laurent.
Le dirigeant a expliqué que l'impact de ce plan "ira grandissant à mesure que nous déploierons ces innovations dans de nouveaux marchés et que nous continuerons à lancer plus de nouveautés". Nicolas Hieronimus a également indiqué que la société tablait sur "une accélération progressive de (sa) croissance".
Lors d'une conférence téléphonique avec des analystes, le directeur général de la société n'a en revanche pas confirmé viser une croissance de 5% en Chine en 2025, une cible qui avait été précédemment évoquée par le directeur de la région "Asie du Nord" de L'Oréal. "Nous n'avons jamais donné un chiffre aussi précis, mais je m'attends à ce que mes équipes livrent une croissance positive en Chine cette année", a-t-il déclaré.
Des leviers face aux droits de douane
Nicolas Hieronimus a aussi et sans surprise été interrogé sur l'impact des droits de douanes envisagés par l'administration américaine. Le dirigeant a confirmé une estimation d'un analyste qui évaluait à 50% la part des articles du groupe vendus aux États-Unis qui sont produits localement. Environ 30% proviennent d'Europe et les 20% restants du Mexique et du Canada.
Le dirigeant a évoqué plusieurs leviers pour compenser l'impact des droits de douane sur ses comptes. Le groupe peut notamment relever ses prix, constituer des stocks en amont de l'application des droits ou encore "prendre des mesures de relocalisation" de la production. "Mais nous ne voulons pas prendre des mesures à partir de quelque chose qui pourrait être temporaire", a-t-il prévenu.
"Le segment le plus touché est celui du luxe, où le groupe dispose d'une marge de manœuvre pour augmenter les prix et d'une option pour relocaliser la production afin de compenser l'impact", décortique Jie Zhang." Nous pensons que l'empreinte mondiale de la production du groupe renforce son profil défensif dans un contexte d'impacts douaniers potentiels et d'incertitudes macro/géopolitiques", ajoute-t-elle.
"L'Oréal est relativement bien placé pour compenser les vents défavorables sur ses marges liés aux droits de douane", déduit de son côté Stifel. Le bureau d'études réitère sa recommandation à l'achat en raison de sa valorisation attrayante, inférieure à sa moyenne sur dix ans.
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