(BFM Bourse) - Limitées lundi, les prises de bénéfices se sont nettement accentuées mardi à Paris où l'indice phare a cédé 1,55% sur fond de statistiques macro-économiques peu engageantes. L'attention des opérateurs se tourne désormais vers la Réserve fédérale des Etats-Unis, qui entame sa réunion de politique monétaire. Verdict mercredi, après la clôture européenne.
Après avoir temporisé lundi (-0,43%) à la suite d'une semaine exceptionnelle (+10,7%), le CAC 40 a perdu 1,55% mardi à 5.095,11 points, les prises de bénéfices s'intensifiant sous l'effet d'une batterie de piteux indicateurs macro-économiques.
Sans égaler le dernier pic de 6,2 milliards d'euros dans l'euphorie de vendredi dernier, les volumes d'échanges ont été à nouveau très nourris, dépassant 5 milliards d'euros.
Rattrapé par les statistiques économiques
Si les prévisions de la Banque Mondiale avaient déjà fait office de rappel à l'ordre lundi, l’institution tablant sur la plus forte contraction de l'économie mondiale depuis l'après-guerre en 2020 (-5,2%), les statistiques du jour ont été ressenties comme une douche froide.
En Allemagne, l'excédent de la balance commercial s'est réduit beaucoup plus que prévu à 3,2 milliards d'euros en baril, contre 12,8 milliards en mars et environ 10 milliards attendus. La Banque de France table quant à elle sur une contraction de 10,3% de l'économie française cette année. Les taux de croissance du PIB projetés en 2021 (7%) et en 2022 (4%), bien qu'élevés, ne permettraient de retrouver le niveau d'activité de fin 2019 que vers mi-2022. L'institution prédit en outre une hausse historique (à environ 11,5%) du chômage dans le courant de l'année prochaine. Seule "bonne nouvelle" de la matinée, mais d'un intérêt rétrospectif donc limité, la contraction de l'économie de la zone euro a été révisée par Eurostat de 3,8% à 3,6% sur les trois premiers mois de l'année.
"Dans l'intérêt de la Fed de calmer l'euphorie boursière"
Les marchés sont désormais l'attente des conclusions du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine, dont la réunion débute aujourd'hui pour se terminer mercredi soir. "Si jamais le marché de l'emploi se rétablit rapidement, la Fed pourra difficilement justifier la mise en place de nouvelles mesures de soutien, mais pourrait aussi ralentir le rythme de ses injection hebdomadaires de liquidité", selon Tangi Le Liboux, stratégiste du courtier Aurel BGC. Il est donc "peut-être dans l'intérêt de la Fed de calmer l'euphorie boursière à court terme".
De fait, après six séances consécutives de gains, le Dow Jones reculait de près de 1% au moment de la clôture européenne et le S&P 500 de 0,84%. Le Nasdaq en revanche faisait mine d'améliorer son record historique (+0,1%).
Prises de bénéfices sur valeurs cycliques
Les investisseurs cherchaient donc à encaisser leurs plus-values sur les titres qui ont largement rebondi au cours des deux dernières semaines, à savoir les valeurs cycliques. Plusieurs compartiments étaient ainsi lourdement sanctionnés mardi, à commencer par celui des banques (-7,4% pour Société Générale, -6,4% pour Crédit Agricole, -3,3% pour BNP Paribas).
S'étant retourné en baisse peur après l'ouverture, Airbus a clôturé en repli de 7,6%. Safran a cédé 4,7% et Thales 3,6%, après la présentation par le gouvernement de son plan de soutien à la filière aéronautique. Le plan prévoit une enveloppe de 15 milliards d’euros, mais celle-ci intègre les 7 milliards d’aide déjà accordés à Air France-KLM, alors que le quotidien économique Les Échos évoquait hier un montant de 10 milliards hors Air France. Le plan prévoit également un soutien aux PME et aux entreprises de taille intermédiaire du secteur. Plus fragiles, ces équipementiers ont baissé encore plus fortement (-14,6% pour Figeac Aéro, -15,2 pour Aviation Latécoère, -7,9% pour Lisi).
Si l'actualité est restée morne du côté des poids lourds de la cote, les sociétés biotechnologiques ont continué d'animer le marché parisien mardi.
En pointe dans le développement d'un traitement contre la maladie de Lyme, Valneva (+5,8%) a confirmé qu'elle allait bien recevoir 130 millions d'euros de la part de Pfizer sous forme de paiement initial, après le feu vert de l'autorité de la concurrence américaine pour le développement du projet. Sensorion (+6,6%) a pour sa part dévoilé des premières données prometteuses, issues d'une étude sur des primates, en vue de développer des thérapies géniques pour les surdités infantiles d'ordre génétique. Enfin, Eurobio (+6,1%) a annoncé avoir obtenu la validation du CNR de deux nouveaux tests sérologiques Covid-19 qui viennent compléter son offre, tout en dévoilant un chiffre d'affaires de 26 millions d'euros uniquement sur les produits liés au nouveau coronavirus, un chiffre supérieur aux attentes des analystes.
Les cours pétroliers connaissaient une séance décidément hésitante, avec une matinée dans le vert suivie d'un plongeon en début d'après-midi. Vers 17h45, les principaux barils limitaient toutefois leur repli à seulement -0,24% pour le WTI texan à 38,10 dollars et -0,47% pour le Brent à 40,61 dollars.
Au chapitre des devises, l'euro poursuivait son ascension avec une nouvelle tentative en direction de 1,14 dollar (seuil plus vu depuis le 10 mars), avec un gain de 0,54% à 1,1357 dollar.