(BFM Bourse) - Quelques prises de bénéfices sont venues freiner le marché parisien lundi (-0,41%), au sortir d'une semaine exceptionnelle au cours de laquelle le CAC 40 a repris plus de 10%. La réouverture de l'économie américaine, notamment à New York, continue d'alimenter le rebond à Wall Street.
Après avoir signé sa meilleure performance depuis décembre 2011 au cours de la semaine écoulée (+10,7%) portée par le soutien quasi-illimité de la BCE, le CAC 40 temporise légèrement et rétrocède 0,41% à la clôture de lundi. Passé une incursion au-delà des 5.200 points en début d'après-midi, le baromètre du marché parisien termine donc un peu moins haut à 5.175,52 points. Mais dans un volume d'échanges toujours fourni (5,5 milliards d'euros), signe que l'appétit pour le risque est bel et bien de retour.
"Les conséquences économiques (de la crise sanitaire) seront encore présentes dans les semestres à venir mais les marchés agissent comme si ce n’était pas le cas", pointe Alexandre Baradez, jugeant que les investisseurs font ainsi preuve d'une certaine "complaisance". "Qu’il y ait un rebond par rapport à une phase de stress aiguë est une chose, que plusieurs indices boursiers reviennent flirter ou dépassent leurs sommets d’avant crise en est une autre" ajoute le responsable de la recherche marchés chez IG.
En cause, des chiffres qui donnent le tournis. Rien que sur la semaine dernière, la BCE a porté à 1.350 milliards d’euros son programme d'urgence d'achats d'actifs, par ailleurs étendu jusqu'en 2021. 2,5 millions de créations nettes d'emplois, le bilan du marché de l'emploi américain en mai - malgré un gros bémol du Bureau of Labour Statistics sur la catégorisation incorrecte de près de ... 5 millions d'actifs. Et au final, s'agissant du CAC 40, une nouvelle semaine canon où l'indice a signé sa quatrième meilleure performance hebdomadaire depuis au moins depuis 1990.
Statu quo de la Fed ?
Le potentiel de surprises n'est en principe pas aussi important cette semaine. L'attention des investisseurs va rester absorbée par la politique monétaire et économique. C'est la banque centrale des Etats-Unis, la Fed, qui doit cette fois communiquer (mercredi, après la clôture européenne) en direction des marchés. Le consensus n'anticipe pas de nouvelles mesures, mais s'attend à ce que la Réserve fédérale rappelle son engagement à agir si nécessaire. Quatre points d'attention, selon le stratégiste de La Banque Postale AM Hervé Goulletquer: 1) les perspectives économiques dressées (un prudent optimisme devrait dominer). 2) les indications prospectives, ou forward guidance ; seront-elles précisées avec soit des éléments de calendrier, soit des cibles en matière de chômage et d'inflation ? 3) Les prévisions, qui ne devraient pas être très différentes du consensus. 4) Et enfin la trajectoire attendue du taux des fonds fédéraux avec sans doute l'assurance qu'il n'y aura pas de hausse d'ici à fin 2022.
Un nouveau plan budgétaire de soutien à l'activité reste aussi du domaine du possible, selon Hervé Goulletquer. Début avril une première initiative, d'un montant un peu inférieur à 3.000 milliards de dollars (!) avait été votée par le Congrès et ratifié par la Maison Blanche. Plus récemment, la Chambre des représentants, à majorité démocrate, proposait une deuxième tranche d'une ampleur comparable. Les Républicains du Congrès n'étaient toutefois pas très enclins à soutenir la majorité. Le Président Trump a suggéré la semaine dernière (avant l'annonce des chiffres de l'emploi) de nouvelles mesures à hauteur de 1.000 milliards de dollars. "Si tant est qu'il reste sur la même ligne, on pourrait imaginer qu'un compromis apparaisse autour de ce calibrage et avec un contenu qui privilégierait le soutien aux collectivités territoriales, aux PMEs et à l'emploi", avance le stratégiste.
L'activité redémarre à New York, Wall Street dans le vert
À l'entame d'une semaine qui sera donc ponctuée par la réunion de la Fed, les principaux indices de la Bourse de New York restent sur leur lancée de vendredi dernier et affichent tous des gains en fin de matinée. Peu avant 18h, le Dow avance encore de 1%, le S&P prend 0,5% et le Nasdaq grignote 0,25%, ce qui suffit à l'indice technologique pour atteindre un nouveau sommet historique.Après avoir été vivement stimulés en fin de semaine dernière par l'annonce d'une baisse surprise du taux du chômage au mois de mai, les indices sont désormais portés par les nouveaux signes de reprise économique, comme à New York qui entre cette semaine dans la phase 1 de son plan de réouverture. Cette dernière autorise les entreprises du bâtiment et les usines de la capitale économique américaine à reprendre le travail. Les commerces de détail seront aussi autorisés à rouvrir sous une forme restreinte.
Figeac et Latécoère flambent
Pour le moment sur le marché parisien, la configuration n'évoluait pas vraiment puisqu'on retrouve parmi les valeurs les plus recherchées les secteurs les plus rejetés pendant la phase d'inquiétude comme les banques, l'automobile, et de façon plus circonstancielle dans la perspective d'un plan d'aide au secteur aéronautique comme Figeac (+27%) ou Latécoère (+13%).
À la suite de l'accord au niveau de l'Opep+ en vue d'un prolongation des réductions de production, CGG gagnait 7,9%, Vallourec 12,1% et TechnipFMC 5,6%, même si finalement les principales références mondiales de brut reculaient dans l'après-midi, après des informations selon lesquelles plusieurs producteurs parmi lesquelles l'Arabie Saoudite, le Koweit et les Émirats Arabes Unis ne souhaitaient pas prolonger au-delà du mois de juillet. À 18h25, le baril de WTI lâchait 3,57% à 38,14 dollars quand le Brent cédait 3,19% à 40,95 dollars.
La perspective d'un plein déconfinement et d'une reprise des déplacements pour les congés estivaux permettait à Europcar Mobility d'amplifier son rebond de la semaine dernière (encore +21%).
Parmi les valeurs délaissées on trouveait surtout des actions du secteur de la santé, comme Sartorius Stedim Biotech (-4,7%), Genomic Vision (-5,5%) ou Rémy Cointreau qui reperd 3,6% après avoir été salué la semaine dernière pour le relèvement de ses objectifs trimestriels.
Enfin du coté des devises, l'euro grappillait encore 0,08% à 1,1295 dollar.