(BFM Bourse) - La publication d'un nouvel indicateur décevant outre-Atlantique témoigne de la dégradation de la conjoncture économique aux États-Unis et ravive les espoirs d'une baisse des taux de la Fed. La Bourse de Paris en profite pour boucler la séance sur une légère hausse de 0,3%.
Au lendemain de sa deuxième pire séance de 2019, la Bourse de Paris a connu une séance mouvementée jeudi, faisant le yo-yo dans l'après-midi pour finalement afficher un gain de 0,3% à 5.438,77 points en clôture, dans un volume d'échanges moyen de 3,6 milliards d'euros. Après une ouverture en hausse de 0,17% puis une matinée passée à consolider ses gains, le CAC 40 s'est brusquement retourné à 16h après la publication d'un nouvel indice ISM décevant outre-Atlantique, celui des services, deux jours après celle de l'ISM manufacturier au plus bas depuis dix ans. Après avoir cédé jusqu'à 0,4%dans les minutes suivant cette publication, le baromètre de la place parisienne s'est une nouvelle fois retourné en fin de séance, l'accumulation de mauvaises nouvelles relançant l'hypothèse d'une nouvelle baisse des taux de la Réserve fédérale américaine.
La croissance de l'activité dans le secteur non-manufacturier américain a en effet faibli en septembre à 52,6 points, en recul de 3,8 points par rapport au mois d'août et nettement inférieur au consensus qui tablait sur 55,4 points. Contrairement à l'ISM manufacturier tombé sous les 50 points -seuil qui sépare expansion et contraction de l'activité- le secteur des services reste certes en croissance pour le 116e mois consécutif mais à son rythme le plus faible depuis trois ans.
Dans la matinée, les investisseurs avaient été soulagés par la "légèreté" des sanctions douanières imposées par les États-Unis à l'Union européenne dans le cadre de l'interminable conflit Airbus-Boeing.
Rassurant pour les marchés, le taux retenu par l'administration Trump -10% pour les avions et équipements aéronautiques,, 25% pour le vin et le fromage- suggère que Washington ne veut pas d'une guerre commerciale totale avec l'Europe. De plus, bon nombre de spiritueux passent finalement au travers des mailles du filet, ce qui permet à Pernod Ricard (+4,25%) et Rémy Cointreau (+6,4%, plus forte hausse du SBF 120) de se distinguer, tout comme Airbus qui progresse également de 4,25%, partageant ainsi la meilleure performance de l'indice phare avec le n°2 mondial des spiritueux.
À noter que les marchés allemands étaient fermés pour marquer le 29e anniversaire de la Réunification, tout comme les marchés chinois, fermés toute la semaine pour le 70e anniversaire de la République populaire de Chine.
Sur l'autre front commercial, si les discussion entre la Chine et les Etats-Unis vont reprendre cette semaine, le différend s'éternise désormais depuis plus d'un an et "si l'on prend en considération les publications désastreuses du secteur manufacturier, il semble que les dégâts ont déjà été causés" estimait David Madden, analyste pour CMC Markets. Préalablement à ce nouveau round de négociations, Donald Trump n'a pu s'empêcher une nouvelle saillie verbale. Sur Twitter, le président américain a expliqué que la Chine ne faisait toujours pas ce que souhaitent les États-Unis, qui "disposent de beaucoup d'options si cette dernière ne satisfait pas leurs demandes".
Outre-Manche, le compromis du Premier ministre britannique Boris Johnson sur le Brexit s'est heurté jeudi à un scepticisme grandissant de l'Irlande et de ses alliés européens, renforçant les craintes d'un divorce sans accord dans quatre semaines. Également au Royaume-Uni, l'activité dans le secteur privé s'est par ailleurs de nouveau contractée le mois dernier en raison des craintes entourant le Brexit, ce qui pourrait faire tomber le pays en récession au troisième trimestre.
Sur le front des valeurs, outre les belles avancées des valeurs sus-citées, on peut également souligner les hausses des géants français du luxe, également exemptées de sanctions douanières. LVMH, Hermès et L'Oréal prenant chacun 0,8%, Kering limitant ses gains à 0,4%.
À l'autre extrémité du palmarès, la medtech lyonnaise Biom'Up spécialisée dans les produits hémostatiques poursuit sa descente aux enfers avec un nouveau plongeon de 44% (après des pertes de 23% mercredi et de 28% mardi). À court de trésorerie et faute de nouveaux financements, BiomUp n'a plus vraiment son destin entre ses mains.
Sur le marché pétrolier, les cours des barils de brut ont poursuivi leur repli mercredi et se rapprochent d'une zone de "bear market" depuis leur plus haut du 16 septembre dernier. À 18h25, le baril de Brent lâche encore 0,68% à 57,30 quand celui de WTI cède 1,18% à 52,02 dollars, sur fond de craintes de ralentissement de l'économie mondiale.
Enfin, sur le marché des changes, la monnaie unique rebondit légèrement à 1,0989 dollar (+0,25%).