(BFM Bourse) - Parvenu à limiter son reflux lundi (-1,39%), l'indice phare du marché parisien accentue sa chute jusqu'à près de -3% à la mi-journée mardi alors que la Russie affirme poursuivre son offensive en Ukraine "jusqu'à ce que tous les objectifs" soient atteints.
Qu'importe les condamnations internationales et les douloureuses sanctions qui devraient plonger l'économie russe en profonde récession, Moscou ne compte visiblement pas faire machine arrière. Alors que l'armée ukrainienne fait face mardi à une nouvelle offensive des forces russes sur Kyiv, Kharkiv et plusieurs autres villes du pays, au lendemain de premiers pourparlers infructueux, la Russie a annoncé, par la voix de son ministre de la Défense Sergueï Choïgou, qu'elle "continuera son offensive jusqu'à ce que tous les objectifs soient atteints", à savoir la "démilitarisation" et la "dénazification" de l'Ukraine.
Cette nouvelle escalade des tensions, intervenant après une toute relative détente, provoque un nouveau reflux des marchés boursiers européens ce mardi. Vers 13h, le CAC 40 lâche ainsi 3,18% à 6.446,77 points, un plus bas depuis début octobre 2021, après avoir pourtant entamé la journée proche de l'équilibre.
"La rencontre entre les responsables ukrainiens et russes à la frontière biélorusse n'a pas été concluante lundi, mais ils ont convenu de se revoir. Cela a suffi pour que le marché tente de "pricer" un pic de tensions sur le front ukrainien" constate Jeffrey Halley, analyste chez Oanda, selon qui "les marchés pourraient bien avoir l'impression que le pire des mauvaises nouvelles est désormais derrière nous", notamment sur le front des sanctions. "Je n'en suis pas si sûr, mais le marché a toujours raison, et nous devons respecter le "momentum" dans une perspective à court terme" ajoute-t-il. Invité sur France Info ce mardi matin, le ministre français de l'économie Bruno Le Maire a donné raison à l'analyste, en affirmant que les sanctions avaient la capacité de provoquer "l'effondrement de l'économie russe". "Le rapport de force économique et financier est totalement en faveur de l'Union européenne qui est en train de découvrir sa puissance économique" a-t-il insisté.
"Les indices européens devraient ouvrir une nouvelle fois en baisse ce matin malgré les rachats à bon compte de dernière minute hier soir à Wall Street" anticipait pour sa part le directeur adjoint des investissements de Mirabaud John Plassard, soulignant que "la tendance est bien évidemment alimentée par les "nouvelles du front" en Ukraine". Et à cet égard, les dernières nouvelles sont tout sauf rassurantes. Au 6e jour de l'invasion russe, la place centrale de Kharkiv a été bombardée et une colonne de blindés russe longue de 60 kilomètres se rapproche de Kyiv.
TotalEnergies et Engie dans le viseur de l’Etat français
Interrogé sur les activités des géants français TotalEnergies et Engie en Russie, toujours sur France Info, Bruno Le Maire a également estimé qu’il y avait désormais un "problème de principe à travailler" avec toute personnalité proche du pouvoir russe, a estimé le ministre de l'Économie Bruno Le Maire. Partie prenante du programme de gazoduc Nord Stream 2, suspendu par l'Allemagne, Engie plonge de 7,3% à 11h25. Impliqué dans plusieurs projets de gaz naturel, notamment avec Novatek (dont il est actionnaire à hauteur de 18,9%), TotalEnergies cède 2,8% supplémentaires.Equilibré en début de séance, le palmarès du CAC a depuis nettement viré au rouge puisque seuls Orange (+0,3%) et, surtout, Thales (+5,6%) résistent à la baisse généralisée vers 11h40. De l'autre côté, les groupes exposés à la Russie subissent la nouvelle escalade, notamment Renault (-4,8%) et Alstom (-6,3%).
L'ensemble du compartiment automobile reflue violemment, alors que les ventes de voitures neuves ont enregistré en février un neuvième mois de baisse consécutif en France (-13,1% sur un an), toujours freinées par la pénurie de puces électroniques. Outre Renault, Faurecia (-6,2%), Plastic Omnium (-3;7%), Valeo (-4,2%) ou encore Michelin (-3,2%) sous-performent leur indice de référence.
Dans le reste de l'actualité, Atos a encore déçu les investisseurs avec des résultats inférieurs aux attentes, notamment en termes de marge opérationnelle, et dévisse de 13,6% à 11h45.
La biotech franco-autrichienne Valneva a par ailleurs annoncé avoir décroché sa toute première autorisation de la part d'une autorité de santé pour son vaccin anti-Covid, à Bahreïn, qui a déjà précommandé un million de doses. Son titre grappille 1,5%.
Le fournisseur d'équipements robotiques aux industriels de la céramique et du verre Cerinnov (+6,8%) a de son côté renoué avec une solide croissance en 2021.
Le baril de Brent à plus de 100 dollars
Suspendus à la guerre en Ukraine et aux sanctions qui pleuvent contre la Russie, deuxième exportateur mondial d'or noir, les cours du brut reprennent leur hausse ce mardi. À 11h55, le baril de Brent de mer du Nord pour livraison en mai se négocie en effet à 101,6 dollars, en hausse de 3,7% par rapport à la veille. De l'autre côté, le baril de WTI gagne 3,1% à 98,7 dollars.Sur le marché des devises, enfin, les cambistes se tournent encore vers le billet vert, qui renoue avec son statut de valeur refuge, et la monnaie unique lâche ainsi 0,37% à 1,1180 dollar.
