(BFM Bourse) - Dans l'attente de connaître la tournure que vont prendre les discussions parlementaires sur le Brexit outre-Manche et toujours inquiet de l'impasse commerciale dans laquelle se trouve les États-Unis et la Chine, les opérateurs parisiens font preuve de prudence et le CAC boucle la séance sur un repli de 0,49%.
Après avoir repris 2,3% à la faveur d'une séquence de trois séances consécutives de hausse (mais dans des volumes restreints), l'indice phare parisien rétrocède 0,49% à 5.466,07 points en clôture mardi, dans un volume d'échanges toujours réduit de 2,6 milliards d'euros. Le baromètre parisien affichait déjà une baisse de 0,49% à la mi-journée, il a ensuite effacé une partie de ces pertes avant que l'ouverture en net repli des indices américains (-1,56% pour le Dow, -1,16% pour le Nasdaq) à Wall Street, au lendemain d'un week-end prolongé pour cause de "Labor Day", ne provoque un nouveau reflux. À noter qu'outre-Atlantique, la croissance de l'activité manufacturière s'est contractée en août pour la première fois depuis 2016, l'indice ISM étant ressorti à 49,1 le mois dernier contre 51,2 en juillet et alors économistes interrogés par Reuters attendaient un léger rebond à 51,1 points.
Les Etats-Unis et la Chine s'appliquant réciproquement de nouveaux droits de douane depuis dimanche, les opérateurs observent une grande prudence, d'autant que la Chine a fait savoir lundi qu'elle avait porté l'affaire devant l'Organisation mondiale du commerce.
Le marché est peut-être en train de changer son regard sur l’évolution du dossier sino-américain, observe Hervé Goulletquer, stratégiste à La Banque Postale Asset Management . Vis-à-vis des déclarations du président Trump, les investisseurs tendent maintenant à faire preuve de "scepticisme quand les propos font preuve d’optimisme et inquiétude quand ils participent d’une montée des tensions".
"Il faut dire qu’hier [lundi] le décalage entre la perspective dressée par chacun des deux camps était patent. Le locataire de la Maison Blanche parle de progrès dans les discussions, tandis qu’il apparaît que les officiels chinois ne font preuve que de peu d’empressement à fixer la date pour une rencontre physique au cours du mois qui commence", souligne le stratégiste. Encore mardi, le président américain s'est de nouveau fendu d'un tweet affirmant que "les négociations avancent bien avec la Chine", avant de mettre en garde Pékin contre la tentation de jouer la montre dans les négociations commerciales dans l'espoir qu'il ne soit pas réélu en 2020.
Bras de fer au Parlement britannique
En Europe, alors que le délai du 31 octobre se rapproche, la question du Brexit continue d'empoisonner le débat politique britannique. Certains parlementaires travaillistes, mais aussi des conservateurs mécontents, tentent de reprendre la main pour éviter à tout prix une sortie sans accord. "L’initiative paraît suffisamment crédible pour que Boris Johnson agite la perspective d’une élection générale le 14 octobre prochain. Celle-ci est une sorte de menace lancée aux députés conservateurs hostiles à la politique du gouvernement et qui ambitionnent de se faire réélire : ils ne seraient pas adoubés par le parti. Mais, dans ce cas, que valent les sondages qui disent que les Conservateurs font la course en tête dans les intentions de vote ? "Une partie non-négligeable des électeurs "tories" n’est pas pour une sortie sèche de l’UE" détaille encore Hervé Goulletquer. "La situation, là aussi, reste confuse.Ce feuilleton a d'ailleurs connu un nouveau rebondissement cet après-midi. En effet, au moment où Boris Johnson prenait la parole et tentait d'imposer sa stratégie au Parlement, l'un de ses députés s'est levé et a traversé la Chambre pour rejoindre les centristes des "LibDems", un parti europhile appartenant à l'opposition. Une défection qui fait perdre la majorité absolue à Boris Johnson.
Une fois encore, le signal pour l’économie et les marchés n’est pas bon." La livre sterling est la première à en faire les frais, tombant à un plus bas depuis octobre 2016 face au billet vert. Mais l'euro n'est guère en forme non plus, reculant de 0,07% à 1,0963 dollar, tandis que se profile la prochaine réunion de la Banque centrale européenne, le 12 septembre.
L'aversion au risque s'étend également au marché pétrolier, avec un recul de 3,03% du cours du WTI à 53,43 dollars tandis que le Brent, le pétrole de la Mer du Nord, cède 1,59% à 57,73 dollars le baril vers 18h15.
Le luxe dévisse
Au sein du palmarès de la Bourse de Paris, le contexte pénalise notamment les poids lourds de la cote que sont les valeurs du luxe Kering (-1,7%) et LVMH (-2%, plus forte chute du CAC). Airbus, meilleure performance de l'indice depuis le début de l'année, cède également 1,1%.En dehors de l'indice phare, l'opérateur télécoms Iliad, maison-mère de Free, chute de 6,3% à l'annonce de comptes semestriels inférieurs aux attentes, affectés par la concurrence toujours vive sur le marché français et par les coûts liés au déploiement de son offre en Italie.
La biotech lilloise Genfit perd 1,6% alors que le PDG a annoncé vouloir prendre du recul, en se consacrant au poste de président du conseil d'administration et confiant les commandes opérationnelles à Pascal Prigent, qui deviendra directeur général dès le 16 septembre, tandis que chez l'opérateur satellite SES c'est le départ du directeur financier qui est mal accueilli (-5%).
Le secteur des dispositifs médicaux est par ailleurs fortement attaqué, avec plus de 10% de baisse pour MedianTechnologies, -7,8% sur Spineguard ou -5,8% pour Amplitude Surgical et -3,8% pour Intrasense.
Parmi les rares progressions du jour, Sanofi (+1,9%) poursuit son avance au lendemain de l'arrivée au pouvoir de Paul Hudson en remplacement d'Olivier Brandicourt, tandis que Renault prend 0,8% dans la perspective du départ du directeur de l'Alliance, relançant les spéculations quant à une évolution stratégique du groupe, le lien avec Nissan ayant fortement joué dans l'abandon du projet de fusions avec Fiat Chrysler.