(BFM Bourse) - A l'équilibre peu après l'annonce de la BCE sur ses taux, la place parisienne a brusquement accéléré à la baisse avant de reprendre un peu d'air en fin de séance. Les opérateurs affichent leur prudence alors que l’institution européenne vient de relever ses prévisions d'inflation pour l'année en cours.
Il était difficile de suivre l'évolution de la Bourse de Paris ce jeudi tant l'indice vedette était ballotté au gré de la réaction des marchés après le verdict de la BCE en début d'après-midi, qui constituait alors le point fort de cette semaine pour les marchés.
Le CAC 40 clôture ainsi cette journée éprouvante en hausse de 0,33% et parvient à préserver les 6.100 points à 6.125,790 points, aidé par un bon début de séance à Wall Street. Mais ce scénario à la clôture était loin d'être acquis il y a encore quelques heures.
La Bourse de Paris n'avait pas sourcillé après l'annonce de la Banque centrale européenne sur un relèvement de 75 points de base (0,75 point de pourcentage) de l’ensemble de ses taux directeurs. L'ampleur de la hausse, certes inédite en deux décennies, était d'ores et déjà intégrée par les marchés. Elle sonnait comme une réponse logique de la BCE face à une inflation record dans la zone.
Puis l'indice parisien a brusquement accéléré à la baisse pour perdre jusqu'à 1% sous les 6.100 points vers 15h15. Le marché a été quelque peu échaudé par les projections économiques des gardiens de l'euro, notamment sur le front de la hausse des prix. La BCE a en effet également revu à la hausse ses prévisions d’inflation. L’indice des prix à la consommation harmonisé devrait ainsi progresser de 8,1% en 2022 puis 5,5% en 2023 et 2,3% en 2024, soit toujours au-dessus de son objectif d’une inflation proche de 2%. Des anticipations qui risquent de compliquer la tâche de la BCE de contenir une inflation au plus haut, les prix ayant grimpé en août à un niveau record de 9,1% sur un an dans la zone.
De nouvelles hausses à prévoir
Les hausses suivantes qui "dépendront des données" économiques "doivent être d'une amplitude qui nous rapproche plus rapidement" de cet objectif, a annoncé Christine Lagarde à l'issue d'une réunion du conseil des gouverneurs, assurant que institution allait "continuer à augmenter les taux."
Après la Banque centrale européenne, les regards sont désormais tournés vers la Réserve fédérale dont le verdict sur ses taux est attendu lors de sa prochaine réunion des 21 et 22 septembre. Les marchés prennent le pari que la Fed prendra la même direction que son homologue européenne avec une hausse des taux d'une ampleur identique pour casser la spirale inflationniste outre-Atlantique. A ce sujet, l’institution américaine a une nouvelle fois réitéré son engagement à lutter contre la hausse des prix, sans pour autant que ce combat entraîne "un coût social élevé" comme dans les années 1980, a déclaré jeudi son président, Jerome Powell.
Du côté du marché obligataire, la réaction ne s'est pas fait attendre. Le taux à 10 ans du Bund allemand se tend à 1,7105% tandis que celui de l’obligation assimilable du Trésor (OAT) à 10 ans grimpe à 2,255%. Le BTP italien à 10 ans se tend à 3,95%.
Malgré l'action de la BCE sur ses taux, l'euro restait en baisse face au billet vert à 0,9960 dollar. L'évolution de la monnaie unique reste tributaire de la météo économique dans la zone. Et pour l'instant les prévisions sont à l'orage, Christine Lagarde ayant prévenu d'un risque de "récession" en 2023 en cas de "coupure totale" des livraisons de gaz russe. Le dollar se renforce de son côté après les déclarations de Jerome Powell.
Atos pénalisé par Goldman Sachs
Du côté des valeurs, Carrefour grappille 0,6% à la clôture soutenu par Barclays qui maintient son avis à surpondérer assorti d'un objectif de cours de 22 euros sur le distributeur français.
En revanche, l’entreprise de services numériques Atos a subi de plein fouet une note de Goldman Sachs qui dégrade son avis à vendre sur le dossier. Le titre accuse la plus forte baisse du SRD parisien avec un repli de plus de 15% ce jeudi soir.
Somfy limite ses pertes à 4,1%, plombé par des résultats semestriels en nette contraction et des perspectives peu engageantes.
Chargeurs de son côté a chuté de 12,75% après des résultats semestriels en baisse, pénalisés par la faiblesse des ventes des activités de protection sanitaire ainsi que l’absence d’objectifs chiffrés pour l’exercice 2022.