(BFM Bourse) - Le marché parisien résiste bien mieux que Wall Street au regain d'aversion pour le risque des opérateurs, notamment induit par la situation sur le front ukrainien. Malgré le net recul d'Hermès après ses résultats annuels, le CAC s'affiche même dans le vert ce vendredi midi.
Aidé par ses fleurons (Kering, Schneider Electric ou Carrefour), le CAC 40 est parvenu à contenir son repli à -0,26% jeudi en clôture, faisant fi de la menace d'une possible imminente invasion russe en Ukraine. Et l'indice vedette de la cote tricolore repart légèrement à la hausse ce vendredi, enregistrant un rebond de 0,31% à 6.968 points vers 12h50, dans un volume d'échanges déjà fourni de plus de 1,3 milliard d'euros. Il se dirige néanmoins vers une performance hebdomadaire négative, de l'ordre de -0,6% à ce stade, ce qui constituerait sa 5e semaine de baisse lors des 6 dernières.
Si l'humeur n'est pas vraiment à la fête à Paris, l'ambiance est encore plus maussade outre-Atlantique. "Les actions américaines n'avaient pas la moindre chance [jeudi, NDLR]" constate Craig Erlam, analyste chez Oanda. "Wall Street se sent très nerveux car il regarde à gauche et voit les risques géopolitiques s'intensifier avec la situation en Ukraine, puis il regarde à droite et voit le potentiel d'un resserrement agressif de la Fed" poursuit-il, évoquant les résultats de Walmart qui prouvent que les consommateurs ont continué à dépenser allègrement sur les trois derniers mois de l'année. Le Nasdaq a ainsi lâché 2,9%, et le S&P 2,1%.
Le marché parisien profite par ailleurs possiblement de la très légère désescalade des tensions autour de l'Ukraine ce vendredi matin, la Russie ayant annoncé retirer des tanks déployés près de la frontière et encore démenti tout projet d'attaque. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken doit par ailleurs rencontrer son homologue russe Sergueï Lavrov la semaine prochaine. Néanmoins, la situation reste confuse avec des bombardements signalés sur le front est et les Etats-Unis qui affirment voir toujours "davantage de forces se déplacer" à la frontière.
Hermès dégringole, Teleperformance redécolle
La cote parisienne demeure aussi animée par les résultats annuels, dont ceux de Renault, Hermès et Teleperformance qui reçoivent des accueils très différents. Ceux du n°3 mondial du luxe (n°2 en termes de valorisation boursière) Hermès sont sanctionnés (-6% vers 13h10) en raison du ralentissement de sa croissance au dernier trimestre car... ses capacités de production peinent à suivre la flambée de la demande. Le maroquinier a autrement fait part de résultats supérieurs aux attentes avec un taux de marge opérationnelle inédit de près de 40%.
Le géant des centres d'appels Teleperformance a assumé son statut de champion de la croissance, faisant part d'une progression record de son chiffre d'affaires organique en 2021 (+25,7%), qui dépasse ainsi les 7 milliards d'euros avec un an d'avance sur l'objectif énoncé en 2018. Le bénéfice net part du groupe bondit de son côté de 72% à 557 millions, tandis que la marge opérationnelle atteint un niveau inédit. Le groupe a en outre fait part d'objectifs jugés ambitieux par les analystes à horizon 2025. Le titre grimpe de 5,7%.
Renault gagne également 1,8% après avoir renoué avec les bénéfices en 2021 (888 millions d'euros) après deux années dans le rouge, le constructeur ayant de surcroît fait état d'une marge opérationnelle de 3,6%, bien supérieure à son objectif de 2,8% et en avance sur les 3% visés en 2023.
Ubisoft au rebond
L'éditeur de jeux vidéo français Ubisoft a de son côté confirmé ses objectifs annuels après un 3e trimestre (de son exercice décalé) en ligne avec les attentes, ce que l'analyste Florent Thy-Tine de Midcap juge encourageant sachant qu'il s'agissait de la "dernière publication à risque en raison des effets de base favorables à venir ainsi que de l'extraordinaire pipeline de jeux à lancer". Le titre rebondit de 5% après avoir lâché près de 13% sur les 3 dernières séances.
EDF reflue encore de 3,2% à l'annonce d'une augmentation de capital de 2,5 milliards d'euros, souscrite à hauteur de 84% par l'Etat - soit la part que ce dernier détient au capital de l'énergéticien qui a par ailleurs publié un bénéfice net de plus de 5 milliards en 2021, multiplié par 8 sur un an.
Le spécialiste franc-comtois des éléments de liaison et d'assemblage Lisi cède pour sa part près de 9% vers 13h20, ses comptes ayant été pénalisés par la reprise trop tardive de son premier marché, l'aéronautique
Au chapitre pétrolier, les cours refluent alors que les investisseurs s'accrochent à des signes de détente dans la crise ukrainienne et à un retour de l'Iran sur le marché. Le baril de Brent reflue de 1,9% à 91,2 dollars. Sur le Forex, enfin, la parité eurodollar évolue peu à la mi-journée (-0,01% à 1,1361).