(BFM Bourse) - On peut désormais parler de véritable correction pour le marché parisien sur lequel la baisse dépasse désormais 10% depuis son dernier sommet. Avec son net repli ce mardi (-1,7% à 4.980 points), le CAC signe un nouveau plus bas depuis mars 2017.
Cinquième séance consécutive dans le rouge pour la Bourse de Paris qui abandonne mardi 1,69% à 4.967,69 points. Sur les 120 principales capitalisations, seules 9 terminent la séance en hausse. L'indice phare de la place parisienne creuse ainsi ses pertes, qui atteignent plus de 10% depuis son dernier sommet atteint le 27 septembre, pour revenir à un niveau qui prévalait avant l'élection d'Emmanuel Macron.
Les marchés évoluent toujours dans un contexte d'incertitudes liées au budget italien -refusé cet après-midi par la Commission européenne, une première dans son histoire-, aux négociations sur le Brexit qui s'éternisent, à la guerre commerciale sino-américaine ou encore aux tensions sur le marché du pétrole qui aggravent la volatilité du cours de l'or noir. À très court terme, la réunion de la Banque centrale européenne jeudi rend également les marchés fébriles. Tout comme les avertissements sur les résultats de plusieurs grands groupes cotés. Sur BFM Busines ce matin, Sarah Thirion de Louis Capital Markets estimait que "la situation actuelle [pouvait] être durable car on ne voit pas de solution réelle sur aucun des points qui inquiètent les marchés".
Le CAC assommé par une nouvelle vague d'avertissements
La semaine dernière, déjà, plusieurs grands groupes cotés tels que Sopra Steria, Bouygues ou Michelin avaient dû revoir leurs ambitions après révision des perspectives de leurs marchés. Cette semaine semble lancée sur les mêmes bases puisque, ce mardi, ce sont Renault et Atos qui ont sonné le glas des espérances des investisseurs.
Le constructeur automobile Renault a donc enregistré un recul de 6% de son chiffre d’affaires au troisième trimestre, nettement plus marqué que prévu, et reconnaît que des incertitudes planent sur le niveau de la demande pour le reste de l’année. L’actionne a toutefois plutôt bien résisté, le titre cédant seulement 1% à la clôture. Quant à Atos, le groupe dirigé par Thierry Breton a abaissé son objectif de chiffre d'affaires annuel, tout en estimant que sa marge opérationnelle serait plus proche du bas de la fourchette prévue, après un troisième trimestre mitigé et dans la crainte des incertitudes économiques à venir, et enregistre une chute historique de 22,22% à 70€.
Parmi les autres valeurs du CAC, on peut noter la belle performance d'EssilorLuxottica alors que les deux groupes Essilor et Luxottica ont dévoilé des informations financières de manière séparée pour la dernière fois de leur histoire. À +2,8% ce mardi, le titre, notamment porté par la publication de très bonnes ventes sur le troisième trimestre du côté d'Essilor, signe la plus forte hausse du CAC.
Dans l'autre sens, Cap Gemini (-5,85% à 96,74€), Dassault Systèemes (-5,57 à 108,6€) ou TechnipFMC (-4,37 à 24,07€) ont accusé de sérieuses pertes
La biotech Innate Pharma flambe
Parmi les rares hausses du jour, la biotech Innate Pharma s’envole de plus de 37%, propulsée par l’extension de son accord avec AstraZeneca. Le laboratoire britannique acquiert la totalité des droits commerciaux du monalizumab, tout en confiant à Innate les droits d’un produit moins prometteur mais déjà homologué ce qui permet de mettre le pied à l’étrier en matière de commercialisation. En outre, AstraZeneca a accepté de participer à une levée de fonds qui s’effectuera à 10 euros par action, encore bien au-delà du cours actuel de la biotech marseillaise.
Wall Street ouvre en net repli
Dans le sillage des places européennes, Wall Street a ouvert en nette baisse avec de nombreuses inquiétudes sur l'Italie, le Brexit ou l'Arabie saoudite alors que les publications de Caterpillar et de 3M déçoivent. Vers 18h00, l'indice Dow Jones abandonnait 1,43% à 24953,62 points après avoir lâché jusqu'à 2% peu après l'ouverture. L'indice élargi, le Standard & Poor's 500, reculait lui de 1,55% à 2.713,34 points tandis que le Nasdaq Composite cédait 1,62% à 7.347,08 points. Les trois indices repassent sous leur moyenne mobile à 200 jours, un important indicateur des tendances de long terme sur les marchés boursiers.
La Bourse de Francfort a également fini en nette baisse ce mardi, le Dax cédant 2,17%, dans le sillage de l'ouverture des marchés américains et plombée par Bayer. L'indice vedette a reculé de 250,06 points pour finir à 11.274,28 points tandis que le MDax des valeurs moyennes a, de son côté, cédé 2,61%%, à 23.410,66 points. L'indice technologique TecDax a cédé 3,42%, à 2.550,31 points.
Un marché obligataire en émoi
Sans surprise, le marché obligataire profite des inquiétudes macro-économiques, ce qui permet une détente du taux du 10 ans américain à 3,127%. En revanche, le rendement de l'obligation de référence à dix ans de l'Italie se tend après le rejet du projet de budget italien par la Commission européenne. Vers 16h23, le taux du BTP ("buoni del tesoro poliennale") à dix ans progressait de 3,13% par rapport à la dernière clôture, à 3,585%. L'écart de taux avec le Bund allemand, le "spread", se creuse aussi et atteint 318 points de base
Le baril de pétrole est également victime de l’incertitude actuelle, le baril de Brent est en très net recul, à 76,43$ (-4,44%) vers 18h20 à Londres. La raison de cette chute du cours de l'or noir est à chercher du côté de l'Arabie Saoudite. Le plus gros exportateur mondial de pétrole a annoncé vouloir porter sa production à 12 millions de baril par jour, contre 10,7 actuellement, ce qui constituerait un nouveau record.
L'eurodollar reste lui relativement stable dans ce marché très animé, à 1,1480$ (+0,13%) à 18h15.