(BFM Bourse) - Le rendement de l'obligation de référence à dix ans de l'Italie se tend après le rejet du projet de budget italien par la Commission européenne.
Alors que la Commission européenne a retoqué mardi le projet de budget italien, le taux des obligations à 10 ans de l’Italie, les BTP ("buoni del tesoro poliennale") se durcit à nouveau. Vers 16h23, le taux du BTP à dix ans progressait de 3,13% par rapport à la dernière clôture, à 3,585%.
L'écart de taux avec le Bund allemand, le "spread", se creuse aussi et atteint 318 points de base. Autrement dit, alors que l'Allemagne emprunte sur les marchés à 0,403% sur dix ans, l'Italie doit le faire à 3,585%.
La Commission européenne a rejeté le projet de budget 2019 présenté par la coalition au pouvoir, une première dans l'histoire de l'Union, a-t-on appris auprès d'une source européenne. Lors d'une conférence de presse mardi après-midi à Strasbourg, le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, va demander à l'Italie "de réviser son budget", qui sort largement des clous, a déclaré cette source à l'AFP.
Selon les règles européennes, l'Italie dispose maintenant de trois semaines pour présenter un budget révisé. Dans le cas contraire, elle se heurte à l'ouverture d'une procédure pour déficit excessif, susceptible d'aboutir à des sanctions financières correspondant, en théorie, à 0,2% de son PIB (soit 3,4 milliards d'euros en prenant les chiffres de 2017). Cette procédure a déjà été appliquée à des pays de la périphérie comme la Grèce et le Portugal, mais également à la France, qui n’en est sortie que cette année.
Eviter un choc frontal
La marge de manoeuvre de la Commission est étroite, entre recherche de fermeté, afin d'assurer sa crédibilité, et volonté de dédramatiser, pour éviter un choc frontal avec Rome qui affolerait les marchés.
Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) l'un des deux partis de la coalition italienne avec la Ligue (extrême droite), vice-premier ministre, a assuré être prêt à dialoguer avec l’Europe et les marchés. Mais Matteo Salvini, le patron de la Ligue, a pour sa part prévenu qu’il n’était pas question de revenir en arrière sur le budget.
Alors que le précédent gouvernement de centre gauche avait promis un déficit public de 0,8% du PIB en 2019, Rome prévoit désormais d'atteindre 2,4% l'an prochain, puis 2,1% en 2020 et 1,8% en 2021.
Quant à la dette publique, actuellement à quelque 131% du PIB, soit le ratio le plus élevé de la zone euro après la Grèce, Rome a promis de la ramener à 126,5% en 2021.
(Avec AFP)