(BFM Bourse) - Alors que la Fed a délivré, comme prévu, sa première baisse de taux en 10 ans, mercredi, le CAC 40 s'est adjugé 0,7% jeudi, bien aidé par un secteur bancaire stimulé par les comptes trimestriels de Société Générale.
Le marché parisien clôt la séance de jeudi sur un gain de 0,70% à 5.557,41 points, dans un volume d'échanges relativement nourris en cette période estivale de 3,5 milliards d'euros, au lendemain d'une séance bouclée proche de l'équilibre (+0,14%). Déjà en hausse à la mi-journée, le CAC 40 a conforté ses gains dans l'après-midi, porté par de nouvelles publications trimestrielles ainsi que par l'ouverture en nette hausse à Wall Street, qui fait fi de statistiques américaines dégradées et tente de rattraper ses pertes de la veille.
L'abaissement (de 25 points de base, ce qui est trop timoré aux yeux de Donald Trump) du taux directeur de la Réserve fédérale des Etats-Unis, mercredi, a eu pour conséquence, plutôt contre-intuitive, de faire grimper le billet vert, aplatir la courbe des taux et déprécier les indices actions. Avec une baisse allant de -1,09% pour le S&P 500 à -1,23% pour le Dow, Wall Street a subi mercredi sa plus forte baisse journalière depuis la fin mai. En effet, si Jerome Powell a, comme l'anticipait le marché, cédé à la pression en réduisant le principal taux directeur de l'institution -malgré un PIB en expansion, et même à un rythme de +2,1% encore plus dynamique qu'attendu au deuxième trimestre, et un faible taux de chômage- le président de la Fed a tenu à préciser que cette baisse ne marquait pas forcément le début d'un cycle prolongé de détente monétaire, mais constituait plutôt "un ajustement de milieu de cycle". De quoi ramener à la réalité les espoirs d'une, deux ou trois nouvelles baisses dans les prochains mois... "Comme d'habitude, Powell nous laisse tomber!" a pesté le président des Etats-Unis.
Au rayon des indicateurs, la croissance de l'activité du secteur manufacturier aux Etats-Unis a toutefois encore ralenti en juillet pour atteindre son plus bas niveau depuis l'été 2016, selon l'indice des directeurs d'achats publié jeudi par l'association professionnelle ISM. L'indice ISM manufacturier a ainsi perdu 0,5 point de pourcentage, à 51,2% en juillet contre 51,7% en juin. En France aussi, l'activité du secteur manufacturier français s'est contractée en juillet, la production enregistrant son plus fort repli depuis trois mois avec une baisse parallèle du volume des nouvelles commandes et des prix d'achat, selon l'indice PMI publié jeudi par la société IHS Markit. Celui-ci a atteint 49,7 points en juillet, contre 51,9 points le mois précédent. Pour rappel, un niveau inférieur à 50 signale un repli de l'activité, tandis qu'une valeur supérieure à cette limite traduit une expansion. Le chef économique de IHS Markit indique que les autres fois où l'activité manufacturière s'était aussi brutalement contractée (dans tous les grands pays), c'était lors de la crise financière asiatique (1998), celle de la bulle internet (2000), la crise des subprimes (2007) et celle de la dette de la zone euro (2012)...
Dans le reste de l'actualité, les opérateurs ont appris que le marché automobile français avait baissé de 1,8% sur un an en juillet, malgré un jour ouvré de plus que l'an dernier, et s'inscrit aussi en recul de 1,8% sur les sept premiers mois de l'année, selon les données du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA). Enfin, la Banque d'Angleterre (BoE) a estimé jeudi qu'un Brexit sans accord se traduirait par une baisse de la livre et une croissance ralentie au Royaume-Uni, au moment où ce scénario se précise avec l'arrivée au pouvoir de Boris Johnson
Wall Street au rebond
La Bourse de New York efface ses pertes de la veille déclenchée par les commentaires des responsables de la Banque centrale américaine (Fed), avec des gains compris entre 0,96% pour le S&P 500 et 1,46% pour le Nasdaq.La Société Générale rassure sur ses fonds propres
Aussi le dollar a-t-il fortement grimpé, tandis que les marchés d'actions ont marqué leur déception. Jeudi matin, l'euro cède encore 0,11% à 1,1060 dollar, après avoir touché en séance un plus bas depuis 2017, ce qui tend mécaniquement à profiter aux valeurs exportatrices européennes.
Plus forte hausse du CAC 40, la banque Société Générale a impressionné ce matin les investisseurs en annonçant avoir, malgré des résultats semestriels en repli, atteint d'ores et déjà son objectif d'un ratio de fonds propres "durs" de 12% du montant total de ses actifs. Le titre de la "Générale" domine le palmarès avec un bond de 5,8% en clôture. La publication profite à l'ensemble du compartiment comme en témoignent les hausses de Crédit Agricole (+0,8%) et de BNP Paribas (+1,6%), cette dernière ayant par ailleurs fait part, mercredi, d'un bénéfice net trimestriel en hausse de 3,1% à près de 2,5 milliards d'euros.
24 heures après la publication initiale de ses comptes et l'annonce du rachat de GrandVision, EssilorLuxottica gagne 4,4% supplémentaire, au lendemain d'un gain de 3,4%.
Veolia victime de prises de bénéfices
Au sein de l'indice élargi SBF 120, les comptes d'Arkema sont particulièrement bien accueillis (+5,2%) alors que le chimiste confirme son objectif de dégager cette année un Ebitda comparable à celui, record, de 2018, malgré un petit repli au trimestre écoulé. Les comptes du spécialiste du crédit automobile ALD (+7,8%), de la biotech DBV (+0,3%), de l'opérateur de maisons de retraite Korian (+2,3%), et de l'opérateur boursier Euronext (+3,7%) sont aussi plébiscités. Également à souligner, l'envol du titre Voluntis (+124%) après que le pionner français des logiciels thérapeutiques a reçu l'aval de la FDA pour son application Oleena destinée à améliorer la prise en charge des symptômes dont souffrent fréquemment les patients atteints de cancer.
En revanche, Veolia (-2,5%) subit des prises de bénéfices malgré un onzième trimestre consécutif de croissance et une nouvelle amélioration de son résultat net à fin juin. Le groupe dont le cours de Bourse vient d'atteindre en début de semaine un nouveau plus haut depuis 2011 a révélé qu'il envisageait réinvestir le produit de la vente de ses réseaux de chaleur et de froid aux Etats-Unis dans des acquisitions de taille potentiellement plus importantes. Le leader européen de l'hôtellerie Accor recule aussi après ses semestriels, soit -0,7%, avec des signaux de prudence vis-à-vis du marché chinois.
Enfin sur le marché énergétique, le cours du pétrole brut léger américain WTI recule de 1,69% à 56,85 dollars vers 18h10, tandis que le Brent européen cède 2,76% à 63,38 dollars, ce qui pèse sur les valeurs du secteur comme Total (-1%), TechnipFMC (-2,6%) ou Vallourec (-0,3%).