(BFM Bourse) - Le regain d'intérêt des Français pour les marchés actions s'essouffle après deux années marqués par une hausse des investissements boursiers, selon le baromètre de l'AMF. Seul un Français sur quatre se dit intéressé par la Bourse contre 29% en 2021.
Entre une inflation élevée, la guerre en Ukraine et une récession imminente, les marchés boursiers ont particulièrement souffert en 2022. Un contexte qui n'a pas manqué de refroidir les investisseurs, qui ont plutôt opté pour la prudence et c'est logique.
Entre juillet et septembre, le nombre d'investisseurs particuliers actifs en Bourse a chuté à son plus bas niveau depuis l'été 2020 à 600.000, avait alors rapporté l'Autorité des marchés financiers dans sa dernière enquête trimestrielle. C'est un tiers de moins qu'au second trimestre.
Dans ce contexte incertain marqué par une volatilité des marchés actions, seul un Français sur quatre se dit donc intéressé par la Bourse contre 29% en 2021, selon la sixième édition du baromètre de l’épargne et de l’investissement de l’Autorité des marchés financiers (AMF). L’intérêt pour les placements sur les marchés financiers reste en revanche élevé chez les détenteurs d’actions cotées en direct, à 69%. Sept Français sur dix estiment que les placements en actions sont réservés "à des gens qui s’y connaissent suffisamment".
Cette complexité des investissements boursiers avait déjà été abordée dans une autre enquête d'opinion. Quasiment 70% (69%) des Français indiquaient ne s’être jamais intéressés à l’investissement en Bourse parce que cela leur semble trop compliqué, selon un sondage Opinionway pour Scalable Capital.
"Pas le bon moment d'investir en actions"
La pandémie de Covid-19 et la crise boursière qui en a découlé constituait une excellente occasion d'investir pour des Français, qui avaient largement vu gonfler leur épargne, sous l'effet des confinements successifs et des restrictions sanitaires associées. Mais avec une inflation galopante, la remontée des taux d’intérêt, des tensions sur les chaînes d’approvisionnement, la politique zéro-Covid-19 en Chine et le conflit en Ukraine, les remous sont nombreux cette année sur les marchés. Un contexte qui en a refroidi plus d'un épargnant de passer à l'action.
C'est le constat partagé par 34% des sondés qui estiment que "ce n'est pas le bon moment d'investir en actions" contre 26% il y a un an. Et ce pessimisme est loin d'être épisodique. Après une nette augmentation en 2021, les intentions d’investir en actions dans les 12 prochains mois diminuent de six points et retombent au niveau de 2019, à 19%.
Ce fléchissement se vérifie surtout chez les plus de 55 ans, plus frileux (12%), mais aussi chez les jeunes de moins de 25 ans, pourtant actifs pendant la crise du Covid-19, aidés par l’offre des " néobrokers ", des courtiers en ligne qui ciblent une clientèle plus jeune via des frais de courtage minimes.
Leur intention d'investir en Bourse dans les 12 mois est ainsi passée de 37% à 30% en un an. Les moins de 25 ans restent toutefois toutefois la catégorie d’âge "la plus enthousiaste" (30%) avec les 25-34 ans qui sont 29% à maintenir leurs intentions d’investir à un niveau élevé. Ceux détenant des actions restent en revanche "plus optimistes" selon le baromètre, 31% d’entre eux estimant que "c’est un bon moment pour le faire".
Un moindre appétit des Français
Signe de cette frilosité des boursicoteurs, peu d'épargnants sont prêts à prendre des risques pour avoir des rendements plus élevés. Malgré la rémunération jugée faible des produits d'épargne garantis, 58% des Français ne sont pas prêts à accepter un peu plus de risque sur une partie de leurs placements, contre 49% un an plus tôt.
"Le moindre appétit des Français pour l’investissement en actions peut s’expliquer, dans une conjoncture plus incertaine qui renforce l’aversion au risque. Ces évolutions, mais aussi l’importance des propositions frauduleuses, soulignent l’importance pour l’AMF de poursuivre ses efforts de pédagogie afin d’accompagner les épargnants et leur donner les clés pour investir et diversifier leur épargne dans un horizon de long terme" a commenté Marie-Anne Barbat-Layani, la présidente de l’AMF.