(BFM Bourse) - 400.000 nouveaux actionnaires ont débarqué sur les marchés depuis le début de la crise sanitaire. De (jeunes) investisseurs qui réclament plus d’échanges et d’informations de la part des entreprises cotées dans lesquels ils investissent.
Sous l'effet des confinements successifs et des restrictions sanitaires associées, les Français ont largement vu gonfler leur épargne et massivement investi les marchés depuis le début de la crise sanitaire, en mars de l'année dernière. Aidés par l’offre des " néobrokers ", des courtiers en ligne qui ciblent une clientèle plus jeune via des frais de courtage minimes, 400.000 nouveaux actionnaires individuels ont fait leur premiers pas en Bourse en 2020, selon l'Autorité des marchés financiers (AMF).
Ces actionnaires individuels en France sont des hommes (72%) actifs (55%) de catégorie socioprofessionnelle supérieure (41% CSP+), selon un sondage réalisé par OpinionWay pour les sociétés de conseil JIN, Kaïros Consulting et LeaderXXchange. Parties du constat que "la voix et le poids des actionnaires individuels et salariés sont plus importants que jamais dans la vie des entreprises", compte tenu notamment du regain d'activisme actionnariat sur des thématiques sociales ou environnementales, ces agences de communication souhaitent aider les entreprises à mieux comprendre ces actionnaires, "pour qu'elles puissent ensuite communiquer au mieux" explique Augustin Leclerc, directeur général de Jin invité de Good Morning Business ce mercredi matin.
Car l'enseignement majeur du sondage est que ces actionnaires s'estiment délaissés et demandent un engagement plus fort aux entreprises.
Réalisé auprès de 533 actionnaires individuels, ce sondage révèle en effet que ces derniers souhaitent que les entreprises échangent beaucoup plus avec eux, et en utilisant des outils dédiés. 76% d’entre eux considèrent ainsi qu’une communication digitale qui leur serait adaptée en dehors de la période des assemblées générales -auxquelles seulement 9% d'entre eux assistent- devrait être une priorité pour les entreprises. Ils sont par ailleurs 70% à réclamer des interlocuteurs dédiés pour répondre à leurs questions et 67% à souhaiter un espace digital dédié.
"L’actionnaire se digitalise à grande vitesse et cela change la donne. La crise du Covid, et notamment l’épisode Gamestop, ont mis en lumière la place de plus en plus grande prise par le numérique dans les décisions d’investissement des actionnaires individuels. Cette étude confirme la place croissante des forums, réseaux sociaux et médias en ligne dans leur prise de décision, en particulier chez les plus jeunes" constate Augustin Leclerc.
Les médias financiers comme première source d'informations
Les médias financiers en ligne représentent effectivement la principale source d'informations pour la majorité des actionnaires individuels (51%), devant les sites des entreprise (42%) et les forums en ligne (23%). 25% des actionnaires utilisent ces mêmes forums pour leurs décisions d'investissement, et 13% des moins de 35 ans se tournent vers les réseaux sociaux (Twitter, Facebook) pour faire leurs choix, détaille l'étude. Pour 48% de ces jeunes investisseurs, la présence et la visibilité d’un dirigeant sur les réseaux sociaux -pour y communiquer la vision, la stratégie, les valeurs et les résultats de l'entreprise- constitue même leur principale attente, contre 13% pour la moyenne des actionnaires sondés tous âges confondus. "Les sociétés cotées doivent donc innover dans leur communication pour resserrer les liens avec leurs actionnaires individuels et salariés qui sont des investisseurs informés, prêts à les écouter et à les accompagner dans la durée" juge Anne-Sophie Gentil, présidente de Kaïros Consulting.
Et si les actionnaires sont de plus en plus attentifs aux critères extra-financiers dans leurs décisions d'investissement, la première motivation reste de faire fructifier leur patrimoine. Pour 57% d'entre eux, l'objectif est de générer une plus-value dans plus de 3 ans, quand 23% ambitionnent d'en dégager une entre un et trois ans après leur investissement. 28% des actionnaires investisseurs sont là pour percevoir des dividendes réguliers, un élément jugé important pour compléter ses revenus par près d'un homme sur deux (48%) issu d'une catégorie populaire.
Les résultats financiers sont donc, de loin, le critère le plus important pour les actionnaires au moment d’acheter ou vendre des actions : 91% le considèrent important et 50% comme très important. Parmi les éléments extra-financiers intégrés au processus de décision, la réputation d’une société revêt de l'importance pour 88% des actionnaires (très important pour 34% d'entre eux), tout comme sa raison d’être et sa politique en matière développement durable, respectivement importants pour 75% et 62% d'actionnaires. Les femmes sont plus attentives à ces derniers critères (85% d'entre elles considèrent la raison d’être d’une entreprise comme importante, et 75% pour le développement durable).