(BFM Bourse) - Cette année touchant à sa fin, le recul est assez suffisant pour recenser les séances les plus éprouvantes pour les nerfs des investisseurs parisiens...
Auteur en 2021 de sa meilleure performance annuelle depuis 1999, l'indice phare du marché parisien avait commencé l'année 2022 sur les chapeaux de roue. Pour sa première séance de 2022, le CAC 40 avait franchi un nouveau pic historique en séance (tombé depuis) à 7.245,66 points. Les espoirs étaient donc permis pour voir le CAC 40 enchaîner un nouvel exercice exceptionnel.
Sur les premiers jours de janvier, le CAC 40 continuait d'explorer des niveaux inédits, aidé en ce sens par l'optimisme des opérateurs quant à l'évolution de la situation sanitaire, synonyme d'un redressement économique rapide. Mais dès la fin de ce premier mois de l'année, la géopolitique s'est rapidement invitée dans les débats boursiers tout comme les craintes des investisseurs quant à l’évolution de la politique monétaire de la Fed. Retour sur les plus fortes chutes du baromètre parisien de l'année 2022 dans l'ordre chronologique.
Lundi 24 janvier (-3,97%): Le marché parisien capitule, pris en étau entre la Fed et l'Ukraine
Les bruits de bottes aux portes de l'Europe ont commencé à monter aux oreilles des investisseurs. Les forces armées des pays de l'Otan avaient alors alerté sur une possible intervention militaire russe en Ukraine dans les jours suivants. L'escalade des risques géopolitiques était alors intervenue à un moment où les marchés se focalisaient avec une certaine tension vers la réunion du comité de politique monétaire de la Fed, qui pourrait confirmer le scénario d'un premier durcissement monétaire dès le mois de mars. L’ambiance sur le marché parisien, déjà très nerveuse en matinée (-1,90% à 12h), avait progressivement tourné à la panique voire à la capitulation. Le CAC 40 avait alors terminé sur une chute de 3,97% à 6.787,79 points, soit un creux depuis le 2 décembre 2021 (-1,25%).
Jeudi 24 février (-3,83%): La Russie part en guerre contre l'Ukraine
Un mois jour pour jour plus tard, la Bourse de Paris allait connaître l'une des séances les plus éprouvantes de l'année. Redouté par les occidentaux, mais visiblement pas bien intégré jusqu'ici par les marchés, le déclenchement par la Russie d'une guerre en Ukraine a fait trembler les Bourses mondiales. La loi martiale a été décrétée en Ukraine après des tirs d'artillerie et de missiles à proximité des principales villes du pays, y compris la capitale Kiev. Dans une allocution télévisée, le président russe Vladimir Poutine avait alors justifié l'opération par la nécessité de protéger les civils dans l'est de l'Ukraine, en démilitarisant le pays.
L'offensive russe visant à décapiter le gouvernement ukrainien a fait trembler les marchés financiers, le CAC 40 clôturant sur une chute de 3,83% à 6.521,05 points, son plus bas niveau depuis le 12 octobre 2021. L'indice vedette parisien avait alors enchainé une septième séance de baisse, une série qui ne s'était plus produite depuis 2018.
Mardi 1er mars (-3,94%): La détermination du régime russe affole les marchés
La détermination affichée par le régime russe à poursuivre l'offensive en Ukraine, quelles que soient les sanctions brandies par la communauté internationale, a entraîné de nouvelles ventes massives le mardi 1er mars. Le CAC 40 tricolore a flanché de 3,94% à 6.396,49 points, manquant de peu d'égaler la plus forte baisse de l'année à ce stade.
Vendredi 4 mars (-4.97%): Le CAC 40 capitule face à l'intensification de la guerre en Ukraine
Le CAC 40, ainsi que l'ensemble des places boursières européennes (-4,4% pour le Dax à Francfort et -3,2% pour le "Footsie" à Londres) et dans une moindre mesure les indices new-yorkais, ont subi la détermination de fer affichée par Vladimir Poutine. Le CAC 40 avait dévissé de 4,97% à 6.061,77 points, un niveau inédit depuis le 29 mars 2021. Le Kremlin était déterminé à accélérer la prise de contrôle de l'Ukraine, sans considération pour le coût humain et économique. Les tensions d'un tel conflit sur les matières premières ont commencé à alimenter les craintes d’un affaiblissement plus important que ce qui était anticipé de l’économie mondiale.
Les opérateurs commençaient à prendre acte des répercussions de ce conflit avec les premières révisions en baisse des projections de croissance. Sur l'ensemble de cette semaine noire, le baromètre de la Bourse de Paris avait alors plongé 10,23%, sa plus mauvaise performance hebdomadaire depuis mars 2020 - période d'apparition des premières restrictions liées au Covid.
Jeudi 10 mars (-2,83%): La BCE joue les trouble-fêtes
La baisse accusée ce jour là de 2,83% à 6.207,20 points peut paraître anecdotique. Mais ce repli de plus de 2,8% du CAC 40 est intervenu au lendemain d'un rebond exceptionnel de 7,13%, soit la 10e plus forte hausse de son histoire. L'optimisme était redevenue tendance sur fond de premiers signaux encourageants vers une paix entre la Russie et l'Ukraine. Cet enthousiasme a été de courte durée. Les pourparlers entre l'Ukraine et la Russie se sont soldés par un échec, les deux camps réunis dans le sud de la Turquie n'ayant pas réussi à s'accorder sur un cessez-le-feu en Ukraine.
La décision de la BCE d'accélérer le rythme de diminution de ses rachats d'actifs avait également pesé sur la tendance. Dans un contexte d'incertitudes et d'inflation, la Banque centrale européenne a donc pris les marchés de court en posant les premières bases d'une politique monétaire plus restrictive.
"À la surprise quasi-générale, la BCE a décidé d’accélérer la sortie de son programme d’achats d’actifs. Une hausse des taux en fin d’année est donc redevenue possible. Et il s’agit là d’un compromis. On n’imagine pas ce qu’aurait été sa décision si le risque géopolitique n’était pas aussi élevé" avait commenté Ronan Blanc, gérant chez Financière Arbevel.
Lundi 9 mai (-2,75%): Un vent de panique alimenté par l'évolution des politiques monétaires
Les investisseurs voient se dégrader rapidement les perspectives de croissance, à une période où l'impératif de lutte contre l'inflation ne permettra plus aux banques centrales de soutenir généreusement l'économie. Et un vent de panique s'était propagé en Bourse. Le CAC 40 a clôturé cette séance en baisse de -2,75% à 6.086,02 points dans un volume de 3,7 milliards d'euros échangés. L'indice vedette parisien n'avait pas connu pareille chute depuis le 10 mars dernier (-2,83%).
Jeudi 15 décembre (-3,09%): Les banquiers centraux ne font pas de cadeaux aux marchés
Si la Banque centrale européenne (BCE) a, comme anticipé par le marché, relevé ses taux directeurs de 0,5 point de pourcentage, ce sont les annonces de l'institution qui ont refroidi les marchés. Par la voix de sa présidente, Christine Lagarde, la BCE a indiqué que les anticipations du marché sur les futurs relèvements de taux de la banque centrale n’étaient pas assez conséquentes. Une annonce qui n'a pas manqué de crisper les marchés déjà refroidis par les intentions futures de la Réserve fédérale américaine en matière de taux. Jerome Powell, son président, a une nouvelle fois insisté sur la volonté de la Fed de lutter contre l’inflation.
Depuis sa création en 1988, le CAC 40 a subi des baisses plus fortes que celles citées dans cet article. La dernière chute d'envergure remonte au lundi 12 mars 2020.Le baromètre de la Bourse de Paris s'était littéralement effondré, abandonnant 12,28% en clôture, plombé par la propagation du coronavirus et la guerre des prix sur le marché du pétrole.