(BFM Bourse) - Tablant sur une nouvelle hausse des marchés européens pour l'an prochain, le courtier a sélectionné une trentaine de valeurs susceptibles de se distinguer. Parmi ces titres figurent Axa, Capgemini ou encore Engie.
Les actions européennes s'apprêtent à achever un millésime faste. Nombre de places du Vieux continent (Madrid avec 48%, Milan avec 30,5%, Francfort avec 23,3%) vont, sauf improbable retournement de situation, largement battre le S&P 500 (+17,5%)*, l'indice phare de Wall Street, cette année.
Cela ne sera toutefois pas le cas du CAC 40 qui prend pour l'heure 9,8% sur l'ensemble de 2025, à la traîne des grands indices mondiaux. Le baromètre phare de la place de Paris a évidemment été plombé par le retour du risque politique en France à compter de la fin de l'été.
Pour l'an prochain, Oddo BHF pense que les marchés européens en ont encore sous le pied. Les stratégistes du bureau d'études privilégient, certes, les États-Unis, car ils attendent une croissance des bénéfices par action plus forte sur le S&P 500 que sur le Stoxx Europe 600, le grand indice paneuropéen (+14% contre +8% en 2026).
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Mais ils considèrent que l'indice européen grimpera de 6% d'ici fin 2026 (pour atteindre 626 points) voire 10% en cas de paix en Ukraine.
Quelles actions faut-il privilégier, dans ce contexte ? Oddo BHF a établi sa liste "European Large Caps 2026", regroupant une trentaine de grandes capitalisations européennes qu'elle favorise pour l'année à venir.
Dans cette sélection figure par exemple le transporteur aérien Ryanair, le courtier jugeant que l'environnement de marché lui sera favorable. Ou encore ASML, groupe néerlandais qui possède 80% de parts de marché dans la lithographie, une technologie clef dans le processus de fabrication des semi-conducteurs.
La liste complète figure à la fin de cet article. Nous nous sommes concentrés sur les valeurs françaises qui constituent déjà un contingent de 12 valeurs.
>Plusieurs catalyseurs pour Accor
Comme Deutsche Bank, récemment passée à l'achat sur le titre, Oddo retient le groupe hôtelier Accor dans sa sélection. Le courtier estime que la société tirera partie de son exposition à des zones dynamiques du marché, à savoir le Moyen-Orient (7% des revenus) et l'Asie Sud-Pacifique (20%).
En outre, Accor devrait céder les 30% qu'il détient encore dans Essendi, son ex-filiale d'immobilier d'hôtellerie, ce qui parachèvera sa transformation vers un modèle "asset -light", c'est-à-dire sans détenir les murs de ses hôtels. Oddo BHF pense que le groupe dégagera entre 800 et 900 millions d'euros de cette cession, dont le produit sera redistribué à 75% aux actionnaires sous forme de rachats d'actions.
>Airbus bien parti pour hausser la cadence
Pour Airbus, la thèse du courtier est simple. Le principal enjeu pour l'avionneur reste d'assurer au mieux la montée en cadence de sa production, notamment celle autour de l'A320 neo, sa famille de monocouloirs phare, et sa "cash machine". Ce qui doit permettre de livrer davantage d'avions et de dégager ainsi plus de cash.
"Pour 2026, nous anticipons une plus grande fluidité de la 'supply chain' (chaîne d'approvisionnement, NDLR) qui crédibilisera la montée en cadence des livraisons", écrit le bureau d'études. Oddo BHF note que le consensus (la prévision moyenne des analystes) Visible Alpha anticipe l’atteinte d'un rythme de 75 avions A320 produits chaque mois en 2030. Or, Airbus compte atteindre cette cible en 2027.
"Le travail réalisé en interne sur l’agilité de la base industrielle et la préparation des effectifs à la montée en cadence permet de générer un effet de levier opérationnel qui facilitera l’expansion des marges (+3,6 points de pourcentage d’ici à 2030)", écrit Oddo BHF.
>Une année faste pour Axa
Pour Axa, le courtier estime que le groupe devrait être en mesure de dégager un bénéfice par action en 2026 dans le haut de sa fourchette de moyen terme (6 à 8% chaque année entre 2023 et 2026).
L'assureur devrait bénéficier de tendances opérationnelles favorables, avec une croissance dans ses métiers privilégiés (assurance dommages d’entreprises, assurance santé, prévoyance) d’environ 5% par an, anticipe Oddo BHF. La perspective de la présentation du nouveau plan stratégique du groupe, attendue pour fin 2026-début 2027, devrait soutenir l'action au second semestre 2026, considère par ailleurs le courtier.
>BNP Paribas prête pour rebondir, malgré le Soudan?
En Bourse, BNP Paribas a souffert sur la fin d'année du litige lié au Soudan. Le groupe a été condamné à verser des indemnisations à trois réfugiés soudanais aux États-Unis et a été reconnue coupable d'exactions par un jury populaire de New York. Le marché a craint que le dossier coûte des milliards de dollars à la banque, car le nombre de plaignants potentiels s'élèverait autour de 23.000. L'établissement conteste fermement ce jugement et a prévenu qu'extrapoler le verdict du jury de New York n'avait pas de sens.
"Le groupe va faire appel de la première décision de justice sur le Soudan, avec une décision attendue d’ici fin 2026. Le risque associé à ce litige nous semble avoir été déjà pricé (digéré dans les cours, NDLR) et intégré par le marché", écrit Oddo BHF.
Le courtier estime que le titre bénéficiera en 2026 d'une amélioration de la visibilité sur ce litige ainsi que de la hausse progressive de la rentabilité et du ratio CET 1 (qui rapporte les fonds propres à l'encours pondéré des risques) de la banque. Ce alors que l'action est l'une des moins chères du secteur, s'échangeant, 6,7 fois le bénéfice par action attendu en 2026, contre 9,1 fois pour son secteur.
Au-delà de BNP Paribas, Oddo BHF voit encore les banques battre le marché l'an prochain en Europe. L'un des moteurs de leur progression serait, notamment, la poursuite de la hausse des taux longs, une tendance qui porte les banques car celles-ci "prêtent à long terme et empruntent à court terme", a rappelé Thomas Zlowodzki, responsable de la stratégie actions du courtier, sur BFM Bourse début décembre. Le secteur sera aussi porté par une économie européenne "qui ira un tout petit mieux l'an prochain" et par son absence aux "risques américains" (droits de douane, risques de changes), a ajouté le spécialiste de marché.
>Capgemini vers une accélération en 2026?
À l'instar de la banque Citi, Oddo BHF table sur une accélération de l'activité de Capgemini pour l'an prochain. L'entreprise de services numériques a renoué avec la croissance en données comparables au troisième trimestre 2025. Le courtier pense que l'amélioration de la dynamique devrait "se poursuivre au cours des prochains trimestres car le groupe est parvenu à améliorer sa compétitivité commerciale, notamment aux États-Unis, et les effet mix défavorables (l'exposition à des segments moins porteurs, NDLR) s’estompent".
"Avec la finalisation de l’acquisition de WNS Holdings au troisième trimestre 2025 Capgemini va pouvoir mettre en place une offre d’outsourcing (externalisation, NDLR) bout en bout, incluant conseil, intégration d’Agent IA, maintenance des plateformes logicielles et exécution de plus en plus automatisée des process métiers", fait par ailleurs valoir le bureau d'études.
> Engie tirera les fruits de sa transformation
Dans le cas d'Engie, le courtier pense que le groupe énergétique bénéficiera encore en 2026 des fruits de son recentrage, tant sur le plan stratégique que géographique. Ce qui a renforcé la visibilité de résultats, le groupe étant sorti des activités les plus volatiles pour réinvestir dans les renouvelables et les métiers régulés.
"Le déploiement des actifs de flexibilité et des batteries, la croissance sur le marché états-unien, une hausse des volumes hydroélectriques et la multiplication des opportunités commerciales sont autant de vecteurs de performance pour le groupe à court terme", explique encore le bureau d'études.
>LVMH propulsé par le renouvellement créatif
Dans le luxe, LVMH et Richemont (Cartier, Van Cleef & Arpels) sont les deux valeurs favorites d'Oddo, comme d'autres analystes (HSBC, notamment).
Pour la société française, le courtier écrit que "le groupe nous paraît en mesure de recoller à la croissance du secteur en 2026 porté par une performance 'top line' (les revenus, NDLR) en amélioration chez 'Mode et Maroquinerie' (effet des nouvelles créations au sein des marques de mode, retour à la croissance de Louis Vuitton en Chine) et 'Montres et Joaillerie' (poursuite de la montée en puissance de Tiffany)".
"Cette amélioration de la trajectoire court terme devrait permettre de valider la remontée attendue plus franche dans notre modèle de la croissance de l’activité et des marges sur 2027 et 2028", ajoute-t-il.
Parmi les moteurs de l'accélération de la croissance, le courtier évoque le "renouvellement créatif" - un nouveau directeur artistique en la personne de Jonathan Anderson a fait ses débuts chez Dior - et la "mise en jeu plus systématique de la force de frappe du groupe en matière de 'retail' (les ventes dans les magasins, NDLR)".
>Nexans toujours sous haute tension
Pour le fabricant de câbles Nexans, Oddo BHF s'attend à ce que la société poursuive la bonne dynamique de résultats initiée en 2018 par l'ancien directeur général, Christopher Guérin, remplacé en novembre dernier par Julien Hueber. Le dirigeant avait dans un premier temps redresser le câblier avant de réorienter le groupe pour qu'il devienne un "pure player de l'électrification". Ce qui a permis d'améliorer sa marge brute d'exploitation, attendue à 11,9% en 2025 par le courtier, contre 5,3% en 2018.
L'année "2026 devrait confirmer la poursuite de la croissance dans des proportions modérées comme cela a été le cas en 2025 (évolution du périmètre avec des désengagements confirmés) alors que la réalisation des grands projets HV (haute tension, NDLR) et les pleines retombées du plan SHIFT (un programme qui a permis de remettre d'équerre les activités en sous-performance de la société et d'améliorer les performances des autres, NDLR) favoriseront une accélération de la croissance en 2027/2028", fait valoir Oddo BHF.
>Une revanche pour Schneider Electric ?
Considéré comme "une valeur IA", grâce à ses nombreux produits d'efficacité énergétique pour les centres de données, Schneider Electric aura déçu en 2025 en sous-performant le CAC 40. La société a toutefois rassuré le marché lors d'une récente journée dédiée aux investisseurs durant laquelle le groupe a étendu ses perspectives de croissance (7 à 10% par an en données comparables) jusqu'en 2030.
Si l'entreprise a donc déçu, "l’histoire sur Schneider Electric reste inchangée (l’une des croissances top-line les plus dynamiques du secteur, poursuite de l’amélioration de marge, forte génération de flux de trésorerie) et le groupe dispose d’un positionnement attractif (datacenters, logiciels, réseaux, etc…)", juge Oddo BHF.
"Nous ne pensons pas que la demande en datacenters (plus de 20% du chiffre d'affaires) s'inversera d'ici 2030 et notre modèle suggère que les datacenters ne représenteront pas plus de 35% de la croissance organique du chiffre d'affaires du groupe dans les trois prochaines années", poursuit le bureau d'études.
>Totalenergies a-t-il apaisé le marché?
Autre groupe qui aura sous-performé le CAC 40 en 2025: Totalenergies. La société a été pénalisée par la baisse des cours du brut et par des craintes autour de la montée de son endettement et de sa politique de retour aux actionnaires (que le groupe a changé en septembre en diminuant ses rachats d'actions).
Oddo BHF pense que la dynamique s'inversera en 2026 "avec un endettement sous contrôle, un apaisement du risque politique en France, une remise à zéro de la politique de de rachats d'actions qui permettra à l’avenir de surprendre favorablement". À plus long terme, Totalenergies "offre la meilleure croissance de production de 4% par an d’ici 2030 grâce à deux piliers que sont le gaz naturel liquéfié et les renouvelables", avance le bureau d'études.
"Sa stratégie de transition est la plus avancée et la plus ambitieuse avec un objectif de doublement de sa production d’électricité d’ici 2030 à 100-120 TWh (térawattheures)", explique encore Oddo BHF.
>Vinci face à l'incertitude politique
Vinci souffre depuis plus de deux ans du risque politique en France, qui s'est notamment concrétisé via une taxation alourdie des grands gérants d'infrastructures (opérateurs d'autoroutes, d'aéroports). Ce alors que les concessions autoroutières se taillent la part du lion dans sa rentabilité (un peu moins de 40% du résultat brut d'exploitation).
Oddo BHF juge toutefois que les mauvaises surprises n'ont plus de quoi malmener l'action. Les grandes lignes du projet de loi de finances pour 2026 "sont connues (hausse de la fiscalité et de la taxe sur les infrastructures de transport longue distance) et les mauvaises surprises nous semblent désormais derrière nous", fait valoir le courtier.
Le bureau d'études s'attend à ce que le "nouveau tandem managérial" constitué du nouveau directeur général, Pierre Anjolras, et du futur directeur financier (il prendra la fonction courant de l'année 2026), Thierry Mirville, livre "une feuille de route sérieuse et attractive" courant 2026.
La liste complète
*Pour des questions pratiques, les cours et les variations ont été arrêtés mercredi 24 décembre, peu après la clôture européenne
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