(BFM Bourse) - La major pétrolière a livré une série d'annonces ce mercredi 24 septembre, abaissant le rythme de ses rachats d'actions à 1,5 milliard de dollars au quatrième trimestre, contre 2 milliards sur les précédentes trimestres. Son conseil d'administration a par ailleurs approuvé le projet de transformation de son ADR en actions ordinaires à New York.

C'est un coup de canif qui avait été anticipé par les analystes. Ce mercredi 24 septembre, la major pétrolière Totalenergies a livré plusieurs annonces en amont de sa journée dédiée aux investisseurs, lundi prochain.

La plus importante et la plus scrutée par le marché concerne le retour à l'actionnaire, c'est-à-dire les dividendes et rachats d'actions.

Depuis plusieurs années, le groupe pétrolier rachète pour environ 2 milliards de dollars de ses propres titres chaque trimestre, montant qui monte donc à 8 milliards de dollars par exercice.

Rappelons que le retour à l'actionnaire demeure, chez les groupes pétroliers, un facteur d'attractivité déterminant auprès des investisseurs (les banques sont également dans ce cas de figure).

Or, ce mercredi soir, le groupe de La Défense a annoncé qu'il allait lever le pied sur les rachats d'actions, en raison de la baisse des prix de marché des hydrocarbures et des marges de raffinage et pétrochimique, ainsi que de l'évolution défavorable du dollar face à l'euro.

"Compte tenu de l’environnement actuel, le conseil d’administration a décidé que le niveau des rachats d’actions au cours du quatrième trimestre sera de 1,5 milliard de dollars pour un montant de 7,5 milliards de dollars sur l’année 2025", a indiqué la société.

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Les analystes avaient anticipé l'annonce

Pour 2026, Totalenergies a indiqué que les rachats d'actions se situeraient entre 750 millions de dollars et 1,5 milliard de dollars par trimestre, pour un prix du Brent situé entre 60 dollars et 70 dollars le baril et un taux de change autour de 1,20 dollar pour un euro.

Le Brent évolue actuellement à environ 69 dollars le baril, et son prix a varié (à peu près) entre 58 et 79 dollars depuis le début de l'année. L'euro se situe, lui, autour de 1,17 dollar.

Les analystes avaient, donc, vu venir ce coup de rabot sur les rachats d'actions. Ce en raison de la hausse de la dette du groupe.

Le ratio d'endettement de Totalenergies, c'est-à-dire la dette nette rapportée au passif total de la société, est passé de 10,2% à fin juin 2024 à 14,3% à fin mars 2025 puis 17,9% à fin juin dernier.

Plusieurs analystes ont expliqué que Totalenergies ne dégageait actuellement pas suffisamment de cash pour financer sans s'endetter ses investissements, son dividende et ses rachats d'actions.

Cet alourdissement de l'endettement de Totalenergies avait conduit ces mêmes analystes à tabler sur un abaissement des rachats d'actions.

Dans une note publiée mardi, UBS estimait que le groupe pétrolier se devait de mettre à jour sa politique en la matière en raison "de l'écart croissant entre la génération de trésorerie et le retour à l'actionnaire".

La banque suisse s'attendait ainsi à ce que Totalenergies abaisse à 7,5 milliards de dollars ses rachats d'actions pour 2025 (ce qui sera donc finalement le cas) et 6 milliards de dollars en 2026.

HSBC, pour sa part, tablait lundi sur des rachats d'actions de 6 milliards de dollars par an pour un cours du Brent à 65 dollars le baril.

Bientôt des actions ordinaires à New York

Reste à savoir comment la Bourse réagira jeudi à cette annonce, qui, de l'avis des analystes, avaient déjà été intégrée par les investisseurs.

"Nous pensons que la récente faiblesse du titre reflète déjà une réduction potentielle des rachats d'actions, et nous prévoyons que Totalenergies passera à un rythme de rachat annuel de 4 milliards de dollars au quatrième trimestre", écrivait Royal Bank of Canada dans une récente note.

"Une baisse du retour à l'actionnaire n'est généralement pas une annonce favorable (à l'action, NDLR), mais les attentes ont diminué et nous pensons qu'un réajustement sain des niveaux de retour à l'actionnaire pourrait in fine rassurer" le marché, expliquait mardi UBS. La banque suisse estimait qu'une remise à plat pourrait in fine donner du "confort" aux actionnaires dans un contexte de cours bas du pétrole.

Autre annonce: le conseil d'administration de Totalenergies a approuvé mercredi soir le projet de transformation de son ADR – des certificats de dépôts qui permettent à des investisseurs américains de spéculer sur des groupes étrangers – en actions ordinaires.

"Cette opération n'aura aucun impact sur les détenteurs d'actions ordinaires cotées sur Euronext Paris, qui demeurera le marché d’introduction des actions Totalenergies", a précisé le groupe dans un communiqué.

La société planche sur ce projet depuis le printemps 2024. Le PDG, Patrick Pouyanné, expliquait alors vouloir se rapprocher de la base actionnariale du groupe puisque plus de 50% de son capital est détenu par des investisseurs nord-américains.

L'annonce avait provoqué des réactions vives, y compris au sein de la classe politique. "Je sais que le sujet a créé une certaine émotion l'année dernière", avait d'ailleurs convenu Patrick Pouyanné, lors de la dernière assemblée générale de la société, le 23 mai dernier.

In fine, Totalenergies verra donc son action être cotée à la fois à New York et à Paris. Pour autant le groupe assure qu'il ne s'agit pas d'une double cotation au sens purement technique. Ce parce que le projet de transformation des ADR en actions ordinaires, techniquement, ne crée pas deux classes distinctes d'actions comme cela est le cas avec une double cotation, explique la société.

"Il n'y a pas de projet de double cotation, Paris restera le marché d'introduction de Totalenergies et il n'est évidemment pas question de quitter la France à laquelle votre compagnie et moi-même sommes particulièrement attachés", avait affirmé, en mai, Patrick Pouyanné.

"De façon concrète, il s'agit simplement de proposer des actions ordinaires aux investisseurs américains sur le marché américain et pas seulement des certificats de dépôts, les ADR. C'est une question technique mais de nature à améliorer la liquidité de l'action Totalenergies, dans l'intérêt de l'ensemble des actionnaires", assurait Patrick Pouyanné.