(BFM Bourse) - La banque allemande a relevé son conseil à l'achat sur le groupe hôtelier en raison de plusieurs catalyseurs, comme la prochaine cession de 30% du capital dans son ex-filiale d'immobilier d'hôtellerie, Essendi. L'établissement est également séduit par son exposition au Moyen-Orient et l'Asie-Pacifique.
Accor a connu une année en dents de scie à la Bourse de Paris. La publication de comptes semestriels marqués par des perspectives décevantes, fin juillet, avait notamment plombé le titre. L'action avait perdu 9,6% dans la foulée de l'annonce de ces comptes puis 5,3% lors de la séance suivante.
In fine, Accor s'apprête à terminer 2025 proche de l'équilibre (+0,36% depuis le 1er janvier).
L'action peut-elle se réveiller l'an prochain? Deutsche Bank semble en tout cas le penser. La banque allemande a relevé son opinion à l'achat contre "conserver" précédemment, tout en réhaussant son objectif de cours à 53 euros contre 48 euros auparavant.
Cette nouvelle cible accorde un potentiel de 15% à l'action Accor au cours de clôture de jeudi (46,2 euros).
À la Bourse de Paris, le titre réagit bien à ce changement d'opinion ce vendredi 12 décembre. L'action Accor prend 1,7% vers 11h40 et signe l'une des plus fortes hausses du CAC 40.
Deutsche Bank a également abaissé son opinion d'"acheter" à "conserver" sur le groupe de restauration collective Elior qui abandonne 3,5%.
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100% "asset light" en 2026?
Pour revenir à Accor, Deutsche Bank perçoit plusieurs catalyseurs de court terme pour le groupe hôtelier présidé et dirigé par Sébastien Bazin.
Le premier d'entre eux reste la sortie du capital d'Essendi (ex-AccorInvest) en 2026.
Petit rappel des fais. Début 2018, Accor a décidé de s'orienter vers un modèle "asset-light", c'est-à-dire sans détenir les murs de ses hôtels. Ce afin de se rapprocher du modèle (et des multiples boursiers) de ses concurrents anglo-saxons.
Accor avait alors ouvert le capital d'AccorInvest, sa filiale d'immobilier d'hôtellerie, avant de de se désengager progressivement. Depuis fin 2019, le groupe détient encore 30% du capital.
Accor avait pris un engagement de conservation de titres jusqu'en mai 2023.
Le groupe a ensuite attendu le moment opportun pour engager le processus de cession de ce solde. Selon plusieurs analystes, la direction d'Accor s'attendait, en octobre, à recevoir des offres le mois suivant, avant de réaliser une transaction au deuxième trimestre 2026.
Avec cette future vente, Accor "devrait achever sa transformation vers un modèle totalement 'asset light'", écrit Deutsche Bank.
Selon l'établissement allemand, l'entreprise valorise dans ses comptes à 850 millions d'euros cette participation.
La banque doute que la cession s'effectue à un tel prix et retient plutôt 700 millions d'euros, un montant suffisamment élevé pour éviter la moins-value comptable.
Deutsche Bank estime que 500 millions de ces 700 millions d'euros seront rendus aux actionnaires sous forme de rachats d'actions.
"Ce montant, inférieur à la valeur comptable, pourrait être décevant, mais nous considérons que la sortie de l'exposition immobilière doit être vue davantage comme un changement radical pour Accor (qui devient enfin une société entièrement 'asset light' après une longue transformation) plutôt que comme le prix lui-même", écrit la banque.
"À la suite de ce changement stratégique, nous pensons qu'Accor devrait être en mesure d'accélérer son développement (du parc hôtelier, NDLR) et d'afficher de solides performances opérationnelles", poursuit l'établissement.
Des rachats d'actions en plus?
Deutsche Bank pense que sur le produit de cession de 700 millions d'euros, 500 millions d'euros seront retournés aux actionnaires sous forme de rachats d'actionnaires. Plus largement, Accor devrait, selon la banque, rendre 1,2 milliard d'euros de cash à ses porteurs l'an prochain (en comptant les rachats d'actions et le versement de dividendes).
L'établissement allemand souligne également l'exposition d'Accor au Moyen-Orient et à la région Asie-Pacifique sud. Environ 30% des revenus de la société proviennent de ces deux zones, rappelle Deutsche Bank.
Le groupe est notamment leader du marché en Australie, Nouvelle-Zélande, Thaïlande, au Vietnam et en Indonésie. Plus largement, Accor demeure le premier groupe hôtelier dans la plupart des pays hors Chine et Amérique du Nord, rappelle l'établissement.
"Par conséquent, nous considérons qu'Accor offre une bonne exposition à la solide tendance opérationnelle du Moyen-Orient / ASPAC (Asie-Pacifique-Sud, NDLR)", poursuit la banque.
Deutsche Bank se montre, a contrario, assez sceptique quant à une potentielle introduction d'Ennismore, la filiale d'hôtellerie "lifestyle" de l'entreprise. En octobre, le groupe avait indiqué étudier une potentielle introduction en Bourse de cette société, de sorte à cristalliser de la valeur.
Ennismore a été fondée en 2011 par l'entrepreneur britannico-indien Sharan Pasricha, avant de devenir en 2021 une coentreprise dont Accor est l'actionnaire majoritaire. Ennismore compte 16 marques (comme Mondrian, Mama Shelter ou The Hoxton),184 hôtels et 500 restaurants et bars.
Selon la société, Ennismore a contribué en 2024 au résultat brut d'exploitation d'Accor à hauteur de 170 millions d'euros.
La cotation d'Ennismore, pas une panacée
Une éventuelle cotation en Bourse de cette filiale dédiée à l'hôtellerie "lifestyle", un segment à la croissance élevée, est citée depuis longtemps par les analystes comme un potentiel catalyseur. Barclays l'avait par exemple évoquée en mai 2024, lorsque la banque britannique était passée à "surpondérer", équivalent d'"acheter", sur le titre.
Deutsche Bank doute, elle, que cette opération permette à Accor de réduire sa décote boursière par rapport à ses concurrents américains. Ce pour plusieurs raisons. La banque cite "le profil spécifique" du groupe. "Ennismore n'est pas un groupe hôtelier totalement indépendant, étant donné que le marketing, la distribution, son programme de fidélité et une partie des coûts centraux seraient toujours gérés par Accor", explique l'établissement.
Il évoque également la probable "faible liquidité" en cas d'introduction en Bourse (à l'heure actuelle, Accor détient 62% du capital) et le risque de cessions partielles ou totales des actionnaires historiques de l'entreprise (Sharan Pasricha avec 27% du capital ou un consortium qatari avec 11%).
"De plus, une cotation indépendante d'Ennismore pourrait ajouter à la complexité d'Accor, qui pourrait encore bénéficier d'une plus grande simplification", poursuit Deutsche Bank.
"Une autre solution pourrait consister à utiliser le produit de la vente d'Essendi pour racheter les actionnaires minoritaires d'Ennismore si ceux-ci souhaitaient se retirer ou réduire leur participation, bien que cela puisse s'avérer difficile", suggère l'établissement.
Deutsche Bank estime qu'Ennismore pourrait être valorisée entre 3,5 et 4 milliards d'euros (dette incluse) en cas d'introduction en Bourse.
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