(BFM Bourse) - Le groupe hôtelier a livré de nombreuses annonces jeudi soir après la clôture du marché, avec notamment un revenu par chambre disponible en ligne avec les attentes et une cible de résultat brut d'exploitation relevé. Accor va également étudier une potentielle introduction en Bourse d'Ennismore.

Comme beaucoup de pensionnaires du CAC 40, Accor avait subi les foudres du marché lors de la dernière saison des résultats, fin juillet. L'exploitant hôtelier avait livré des comptes inférieurs aux attentes et les perspectives avaient fait grincer des dents les investisseurs. Le titre avait perdu près de 10%.

Cette fois, Accor s'est présenté au marché avec un panier garni d'annonces positives. Le groupe hôtelier a "coché toutes les cases", apprécie Jefferies, dans sa note consacrée à la copie rendue par l'entreprise, jeudi soir. Oddo BHF évoque "une publication du troisième trimestre porteuse de bonnes surprises".

À la Bourse de Paris, le titre décolle et s'adjuge 5,6% en fin de matinée, signant la plus forte hausse du CAC 40.

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De bonnes tendances sur les revenus

Sur la période allant de juillet à fin août, Accor a dévoilé une activité proche des attentes. Les revenus de la société ont augmenté de 0,1% en données comparables à 1,37 milliard d'euros. La société explique qu'en excluant deux impacts exceptionnels sur la base de comparaison (notamment une rémunération de 26 millions d'euros liés aux Jeux olympiques de Paris 2024) la croissance monte à 3%.

"La performance au troisième trimestre a été soutenue par quasiment toutes les régions à l’exception de l’Europe, par une légère augmentation des prix (+0,4%) et des taux d’occupation (+0,3 point de pourcentage)", constate Oddo BHF.

Le RevPAR ("revenue per available room", le revenu par chambre disponible), un indicateur clef dans le secteur de l'hôtellerie, a progressé de 0,8% sur le trimestre en données comparables. Par ailleurs, la société a annoncé une croissance de son réseau de 77 hôtels pour 11.200 chambres, soit une progression de 2,5%.

L'ensemble de ces chiffres s'avère en ligne avec les attentes. D'après Barclays, le consensus (la prévision moyenne des analystes) tablait sur un RevAR en hausse de 0,9% et une croissance du réseau de 2,6. Barclays que cette performance à peu près en phase avec les attentes s'avère "rassurante".

Jefferies, pour sa part, rapporte que la directrice financière, Martine Gerow, a indiqué que le taux de croissance du RevPAR sur le mois de septembre avait atteint 3% et que l'activité d'octobre "avait l'air bonne".

Des progrès pour céder les 30% d'Essendi

À l'issue de ce trimestre, Accor a confirmé attendre une progression du RevPAR pour 2025, située entre 3% et 4% et une croissance de son réseau autour de 3,5%.

La société a surtout relevé son objectif d'excédent brut d'exploitation courant, tablant désormais sur une progression de 11% à 12%, contre 9% à 10% précédemment, hors effets de changes. Accor explique avoir mis en œuvre des mesures d'économies additionnelles de 20 millions d'euros pour compenser l'impact des effets de changes négatives, ce qui l'a amené à relever cette cible de rentabilité.

L'entreprise a aussi décidé de lancer une nouvelle tranche de rachats d'actions pour un montant de 100 millions d'euros au quatrième trimestre.

Les analystes rapportent par ailleurs que la direction de la société a assuré que la potentielle cession du solde de la participation de 30% d'Accor dans Essendi (ex-Accor Invest) "progress(ait)".

Pour rappel, Accor a ouvert en 2018 le capital de cette entreprise qui possède les murs de ses hôtels avant de progressivement se désengager. Cette décision a permis à Accor d'entrer dans une stratégie "asset-light", avec un parc immobilier réduit, à la manière de ses concurrents anglo-saxons.

D'après plusieurs notes d'analystes, Accor a indiqué s'attendre à recevoir des offres pour céder cette participation de 30% au cours du mois de novembre avant de réaliser une transaction d'ici à la fin du deuxième trimestre 2026.

Entre 2,5 milliards et 5 milliards d'euros pour Ennismore?

Enfin et non des moindres, l'exploitant hôtelier a annoncé que son conseil d'administration avait décidé d'engager des travaux afin d'évaluer "une possible cotation en bourse de Ennismore, l'entité regroupant les marques d'hôtellerie et de restauration lifestyle du groupe".

"Cette opération permettrait d'améliorer la liquidité et la flexibilité afin de soutenir la plateforme de croissance de Ennismore. Si elle se réalisait, Accor resterait l'actionnaire de contrôle de Ennismore", poursuit la société. Autrement dit, Accor ne coterait qu'une partie du capital.

Ennismore a été fondée en 2011 par l'entrepreneur britannico-indien Sharan Pasricha, avant de devenir en 2021 une coentreprise dont Accor est l'actionnaire majoritaire. Ennismore compte 16 marques (comme Mondrian, Mama Shelter ou The Hoxton),184 hôtels et 500 restaurants et bars.

Selon la société, Ennismore a contribué en 2024 au résultat brut d'exploitation d'Accor à hauteur de 170 millions d'euros.

Une éventuelle cotation en Bourse de cette filiale dédiée à l'hôtellerie "lifestyle", un segment à la croissance élevée, est citée depuis longtemps par les analystes comme un potentiel catalyseur. Barclays l'avait par exemple évoqué en mai 2024, lorsque la banque britannique était passée à "surpondérer", équivalent d'"acheter", sur le titre, écrivant qu'il existait "un potentiel pour une introduction en Bourse" de cette activité, qui permettrait une "cristallisation" de valeur.

D'après Oddo BHF, la valorisation d'Ennismore pourrait atteindre 2,5 milliards d'euros à 3 milliards d'euros sur la base d'un excédent brut d'exploitation (Ebitda) attendu à 215 millions d'euros en 2026 et d'un multiples d'Ebitda de 12 à 14, traduisant une décote de 10% à 25% par rapport à l'américain Marriott.

De son côté, Barclays estime que la valeur d'entreprise d'Ennismore pourrait s'échelonner entre 3,5 milliards et 5 milliards d'euros, suggérant que un potentiel de hausse de 11% pour Accor.

"La révision à la hausse des prévisions d'Ebitda pour l'exercice, le nouveau programme de rachat d'actions, une évaluation d'une éventuelle introduction en bourse d'Ennismore, et les commentaires rassurants sur le processus de cession d'Essendi devraient être bien accueillis", a tranché Jefferies dans sa note rédigée jeudi soir.