(BFM Bourse) - Le fabricant de câbles électriques a annoncé la nomination de Julien Hueber au poste de directeur général, remplaçant ainsi Christopher Guérin qui occupait ce poste depuis 2018 et a largement transformé (et redressé) le groupe. La Bourse est clairement prise de court.
De tous les changements de direction annoncés ces dernières semaines, ce n'était clairement pas le plus évident à anticiper.
Le fabricant de câbles électriques Nexans a annoncé ce lundi 13 octobre qu'il se séparerait de son patron, Christopher Guérin, à la fin du mois. Le groupe a décidé de nommer Julien Hueber, auparavant président de la branche "PWR-Grid" (les câbles en aluminium pour les réseaux de distribution), au poste de directeur général, et ce avec effet immédiat.
Christopher Guérin sera ainsi "à la disposition de Julien (Hueber) jusqu'au 31 octobre", explique la société dans son communiqué.
Pour justifier ce changement managérial, Nexans invoque la volonté de son conseil d'administration de "créer une nouvelle dynamique afin d'optimiser davantage les performances tout en mettant en œuvre la feuille de route présentée lors du dernier 'Capital Market Day' (une journée dédiée aux investisseurs, NDLR)".
Cela reste probablement trop maigre comme explications aux yeux des investisseurs, qui ont clairement été pris de court. Vers 11h30, l'action Nexans dévisse de 8,4%, dans un marché pourtant en assez nette progression, le SBF 120 prenant 0,6% au même moment ce lundi.
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Remise sous tension
Christopher Guérin a été l'artisan d'un important redressement de Nexans, suivi d'une transformation ambitieuse en 'pure-player' de l'électrique.
Au moment de sa nomination, en juillet 2018, le précédent patron, Arnaud Poupart-Lafarge, a brusquement annoncé son départ au début de l'année, et l'entreprise a ensuite émis un avertissement sur résultats.
Christopher Guérin lance alors, dans le cadre de son premier plan stratégique, un projet de redressement qui vise à remettre d'équerre les activités destructrices de valeurs de Nexans (appelée "cash burners"). Ce en s'appuyant sur une méthode dite "shift", qui est inspirée des pratiques du capital-investissement.
Trois ans plus tard, en 2021, le dirigeant décide de transformer Nexans en "pure-player" de l'électrification, c'est-à-dire en recentrant les activités de la société sur la production, l'usage et les réseaux d'électricité. Dans cette optique, l'entreprise est passée par des rotations d'actifs, c'est-à-dire des cessions et surtout des acquisitions. Christopher Guérin avait alors évoqué à plusieurs reprises l'impératif de se concentrer sur un nombre restreint d'activités porteuses au risque de devenir, dans le cas contraire, le "Kodak du câble".
Il y a un peu plus d'un an, en novembre 2024, Christopher Guérin avait présenté au marché, son nouveau plan stratégique pour "amplifier" la croissance de la société, en accélérant dans ses activités liées à l'électrification via les solutions technologiques (comme des logiciels, des dispositifs de surveillance) et l'intelligence artificielle. Un grand oral plutôt réussi, puisque l'action avait pris plus de 4%.
Un cours multiplié par quatre
Les résultats de la société ont suivi. De 325 millions d'euros en 2018, le résultat brut d'exploitation (Ebitda) est passé à 804 millions en 2024, pour une marge correspondante de 11,4% (contre 7,4% en 2018). Nexans entend générer en 2028 1,15 milliard d'euros d'Ebitda (en milieu de fourchette de sa prévision de 1,075 à 1,225 milliard d'euros).
Le cours de Bourse, lui, a décollé. De moins de 30 euros en juillet 2018, l'action est passée à 126,4 euros à la clôture de vendredi. Ce qui traduit une hausse de plus de 320% sur une période d'un peu plus de sept ans.
"L'annonce (du départ de Christopher Guérin, NDLR) est clairement négative, d'autant que le directeur financier, Jean-Christophe Juillard (le directeur financier, NDLR) avait lui aussi annoncé son départ, il y a quelques mois", juge un analyste.
"Le bilan de Guérin était très bon, avec une transformation du groupe quasiment achevée. Le groupe avait connu des 'profits warnings' (des avertissements sur résultats, NDLR) avec ses prédécesseurs mais pas sous sa houlette. Ce départ survient par ailleurs alors que le groupe entre dans une phase clef d'exécution du carnet de commandes et de renouvellement des contrats, alors que précédemment l'objectif était de garnir le carnet de commandes, on est donc sur une phase potentiellement plus risquée du côté de l'exécution", ajoute ce spécialiste de marché.
Cet analyste juge que le marché risque de se poser des questions, se demandant lui-même si le départ de Christopher Guérin n'est pas lié au contrat "Great Sea Interconnector" (GSI).
Ce contrat de 1,4 milliard d'euros remporté en 2023 par Nexans porte sur la fourniture de câbles sous-marins pour une interconnexion électrique entre la Grèce et Chypre. Mais des risques politiques et géopolitiques ont jeté le doute sur l'exécution de ce contrat.
"Christopher Guérin a toujours eu un ton optimiste sur ce contrat et la direction mais cela fait quelques semaines que l'on n'a plus entendu parler de ce contrat", considère l'analyste.
La direction de Nexans tiendra une conférence téléphonique avec les investisseurs ce lundi à 18h. Le groupe publiera ensuite son activité du troisième trimestre le 23 octobre. UBS attend une croissance du chiffre d'affaires de 7% en données comparables pour la période, en accélération par rapport au 5% du trimestre précédent.
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