(BFM Bourse) - Nouvelle séance de très forte volatilité pour le marché parisien hier, dont l'indice phare, le CAC 40 a fini en baisse de 1,31% à 5 982 points, avec des extremums très éloignés (point bas à 5 756 points et point haut à 6 115 points !) sur fond de poursuite des bombardements russes en Ukraine et d'explosion des cours de certaines matières premières. Au final le corps de la bougie tracée hier, même vert, est intégralement positionné en dessous de la clôture du marubozu de vendredi, laissant augurer à ce stade une poursuite de la baisse. L'heure du rebond technique, certes probablement proche, n'est pas encore sonné.
"Le monde n’est pas aujourd’hui en mesure de fonctionner à court terme sans les ressources fossiles russes, que l’on parle de pétrole, de gaz ou même de charbon", avertit clairement Benjamin LOUVET, Gérant Matières Premières chez OFI AM. "En cas de rupture, même partielle, d’approvisionnement, les prix devront monter jusqu’à un niveau suffisant pour commencer à détruire de la demande. Nous estimons ce niveau à 120 $ / 130 $ le baril pour le pétrole. Mais vu la quantité de demande à détruire, en particulier si les pays décidaient de faire front contre la Russie en bannissant d’eux-mêmes le gaz russe, la hausse pourrait être plus importante et l’or noir se diriger au-delà des 150 $ le baril."
Hier au chapitre statistique, l'indice de confiance des investisseurs en Zone Euro (Sentix), est ressorti en chute libre à -7.0, au plus bas depuis novembre 2020. Sentix est un cabinet d'analyse spécialisé en finance comportementale. L'indicateur produit est calculé après dépouillement d'un questionnaire passé auprès de 2 800 investisseurs et analystes sur leur prévisions économiques en Zone Euro dans les six mois.
Pour rappel vendredi, le rapport NFP (Non Farm Payrolls), rapport mensuel fédéral sur l'emploi a mis en évidence des créations de postes très supérieures aux attentes (+678 000 dans le secteur privé non agricole) ainsi qu’une contraction plus forte encore qu'anticipé du taux de chômage, à 3,8% de la population active. Les tensions sur le marché de l'emploi sont encore fortes, et ce sont l'une des sources d'inflation à venir.
Côté valeurs, schématiquement, seuls deux secteurs ont trouvé grâce aux yeux des investisseurs : d'un côté la défense (avec encore +6,6% pour Thales, qui gagne presque 50% depuis le début de l'année) et de l'autre les producteurs de matières premières, en particulier dans l'énergie et les métaux. Freiné par la menace de devoir à son tour tirer un trait sur ses actifs en Russie, TotalEnergies a grappillé tout de même 0,8%. Les parapétrolières en profitent beaucoup plus franchement avec 13,4% pour Schlumberger, 7,4% pour Vallourec ou 9,8% pour CGG. Eramet (+12,4%) et Maurel et Prom (+12,3%) ont profité également de la flambée des cours, respectivement des métaux et du pétrole. Particulièrement résistant depuis le début du conflit armé (+1,8% sur un mois), Dassault Systèmes avance aussi de 3%.
Inversement, le chemin de croix se poursuit pour Engie (-5,9%), Alstom (-5,3%), Renault (-5,3%) ou Société Générale (-4,2%). Crédit Agricole cède 2,4% alors que la banque a évalué à 0,6% de ses engagements commerciaux son exposition à la Russie et à l'Ukraine. Danone maintient "pour l'instant" son activité de production et de distribution de produits laitiers frais et de nutrition infantile en Russie, pour répondre aux besoins alimentaires essentiels des populations civiles, mais suspend tout nouvel investissement dans le pays.
De l'autre côté de l'Atlantique, pénalisés entre autres par la dynamique du brut, les principaux indices sur actions ont dévissé lundi, à l'image du Dow Jones (-2,37% à 32 817 points) et du Nasdaq Composite (-3,62% à 12 830 points). Le S&P 500, baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds, a perdu 2,95% à 4 201 points.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traitait à un niveau proche des 1,0860$. Le baril de WTI, l'un des baromètres de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 123,00$.
A suivre en priorité, à l'agenda ce mardi, l'indice NFIB des petites entreprises à 12h00 et la balance commerciale américaine à 14h30. Cible battue pour la production industrielle allemande, publiée à 08h00, en hausse de 2,7% pour janvier en rythme mensuel.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
Les 6 760 points, que nous identifiions jusqu'ici comme un plancher progressivement fragilisé, ont cédé, sur gap ample jeudi 24/02, ouvrant la voie à une nouvelle phase de marché. Rappelons que l'indice a tracé du 16 au 18 février une combinaison de bougies en trois corbeaux. Cette combinaison a dans la foulée été suivie d'une structure d'englobante baissière très significative, accompagnée de volumes loin d'être timides pour une séance rappelons-le, sans repères américains en raison d'un jour férié. La dernière phase de fragilisation du support précité aura donc été agressive. Le pullback de vendredi 25/02 aura été d'une précision chirurgicale. Une phase de haute volatilité s'est ainsi ouvert. Le marubozu d'école tracé mardi 01er/03 en est une première étape. Deuxième étape vendredi 04/03 avec une bougie de même type (ouverture sur les points hauts, clôture sur les points bas) dans des volumes encore plus nourris. Une nouvelle jambe baissière s'ouvre sous les 6 000 points, rompus lundi 07/03, avant la formation d'un rebond de contestation. D'ici là, un court moment de capitulation tous secteurs et styles de valeurs confondus n'est pas exclu.
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnées, notre avis est négatif sur l'indice CAC 40 à court terme.
Ce scénario baissier est valable tant que l'indice CAC 40 cote en dessous de la résistance à 6000.00 points.
Le conseil BFM Bourse
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