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CAC 40

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Cac 40 : Le nouveau record absolu du CAC 40, reflet très imparfait de la performance des actions françaises

samedi 6 novembre 2021 à 13h17
La Bourse de Paris

(BFM Bourse) - Pour la première fois de son histoire, l'indice phare parisien a atteint cette semaine les 7000 points, battant son précédent record historique, remontant au lundi 4 septembre... 2000. Mais le mode de calcul de l'indice n'en fait pas un bon étalon du rendement réel des actions françaises dans la durée. Explications.

Vraiment pas de quoi pavoiser : il a fallu plus de 21 ans au CAC 40 pour dépasser son précédent record, enregistré le 4 septembre 2000 à 6.922,33 points en clôture (6.944,77 points en séance). L'indice phare du marché parisien avait ensuite perdu plus de 60% de sa valeur en deux ans et demi, sous l'effet notamment de la purge des valeurs "techno-médias-télécoms" (dont beaucoup, à l'image de France Télécom-Orange, n'ont plus jamais retrouvé leur lustre d'alors).

Du point de vue d'un investisseur lambda, voir l'indice tricolore enfin battre ses précédentes références -dès mardi pour le record en clôture, mercredi pour le sommet en séance- ne change à vrai dire pas grand chose à l'affaire. La nature humaine est ainsi faite que le nouveau sommet du CAC 40 s'accompagne d'une couverture médiatique important, et de son lot de récupérations. En réalité, le retour à un niveau quelconque est presque un évènement fortuit, car le mode de calcul et la conception de l'indice n'en font pas un bon outil pour mesurer la création de valeur à long terme.

Successeur de l'indice de la Compagnie des agents de change (ces intermédiaires qui bénéficiaient du monopole de l'achat et la vente de titres à la Bourse de Paris jusqu'à la réforme Balladur de 1987), le CAC 40 a été lancé en 1988. Il est connu comme un baromètre donnant la tendance du marché parisien, à partir des cours d'un échantillon de 40 grandes sociétés. Lors de la réforme des années 1980, véritablement basculement d'époque (avec la suppression de la charge des agents de change, jusqu'alors héréditaire !), les opérateurs ont avant tout chercher à se doter d'un support permettant les opérations de couverture. Une fois l'indice institué, il devient possible de passer des contrats pariant sur son niveau futur, de manière à atténuer l'impact de fluctuations de marché sur la valeur de son propre portefeuille. Pour donner une base de référence, un niveau de 1000 points a été attribué à l'indice au 31 décembre 1987, reflétant les cours à cette date des sociétés composant son échantillon initial.

Le CAC 40 est donc d'abord un indice de prix, offrant aux professionnels une bonne approximation de la tendance du marché à l'instant t dans le but d'effectuer des opérations sophistiquées.

Ce n'est pas, au contraire du Dax allemand, un indice de rendement destiné à rendre compte de ce que rapportait un portefeuille de titres ! Raison pour laquelle les sociétés de gestion sont poliment invitées par l'AMF à ne pas le prendre pour référence, car ce bon vieux CAC 40 est en réalité... très facile à battre sur la durée puisqu'il n'intègre pas l'effet composé du réinvestissement des dividendes.

Le CAC GR, une version dividende réinvestis déjà plus fidèle

Conscient de cette lacune, l'opérateur du marché parisien, Euronext, a d'ailleurs développé une version "total return", ou "rendement total", appelée le CAC 40 Gross Return, qui simule un réinvestissement des dividendes au fur et à mesure des versements (et même une variante CAC 40 Net Return supposant un degré de taxation des dividendes perçus). Le CAC 40 GR, lui, a dépassé dès 2007 son pic de septembre 2000, et évolue aujourd'hui à un niveau -évidemment record- deux fois supérieur à celui de 2000.

On signalera aussi notre palmarès BFM Bourse du CAC 40, mis à jour chaque année, qui permet à un investisseur de se faire une idée des actions les plus rentables de l'indice au cours des 5 dernières années.

En pratique, le retour du CAC 40 à un niveau vu pour la dernière fois il y a plus de vingt et un ans ne signifie donc pas qu'un épargnant qui se serait positionné pile le 4 septembre 2000 viendrait seulement de récupérer sa mise. Tout indice n'est rien d'autre qu'une construction intellectuelle, sur la base de laquelle ont peut concevoir toutes sortes de produits financiers. Mais en aucun cas il n'est possible "d'acheter un indice". Aujourd'hui grâce aux ETF, on peut acquérir facilement un fonds d'actions reproduisant sa composition - mais les frais, aussi minimes soient-ils par rapport à un fonds classique, finiront par faire diverger sa performance de celle de l'indice sous-jacent. Et ces produits étaient virtuellement inconnus à l'époque.

Une composition de l'indice qui a évolué du tout au tout

En outre, le CAC 40 du 4 septembre 2000 et celui d'aujourd'hui n'ont plus grand chose à voir. À l'époque, l'indice comprenait les valeurs suivantes :

  • Accor
  • AGF (sorti de la cote après rachat par Allianz)
  • Air Liquide
  • EADS (Airbus)
  • Alcatel (absorbé dans Nokia)
  • Alstom
  • Aventis (absorbé dans Sanofi)
  • Axa
  • BNP
  • Bouygues
  • Canal + (absorbé dans Vivendi)
  • Cap Gemini (Capgemini)
  • Carrefour
  • Casino
  • Crédit Lyonnais (racheté par Crédit Agricole)
  • Danone
  • Dexia (disparu)
  • Equant (absorbé dans Orange)
  • PPR (Kering)
  • L'Oréal
  • Lafarge (racheté par Holcim)
  • Lagardère
  • LVMH
  • Michelin
  • France Télécom (Orange)
  • PSA (fusionné dans Stellantis)
  • Renault
  • Saint-Gobain
  • Sanofi
  • Schneider
  • Société Générale
  • Sodexho (Sodexo)
  • STMicroelectronics
  • Suez Lyonnaise des Eaux
  • TF1
  • Thomson CSF (Thales)
  • Thomson Multimédia (absorbé dans Technicolor)
  • Total (TotalEnergies)
  • Valeo
  • Vivendi

Si un investisseur s'était positionné sur l'ensemble de ces valeurs en suivant strictement leur pondération dans le CAC 40 de l'époque, il aurait vu certaines lignes rachetées (OPA d'Allianz sur les AGF, d'Orange sur Equant...), d'autres réduites à une infime fraction de leur valeur (Thomson Multimédia). Mais il aurait été amplement récompensé par des locomotives telles que Schneider (+260%, sans même compter les dividendes), Air Liquide (+380% sans dividendes ni actions gratuites) et bien sûr LVMH (plus de 750% toujours hors dividendes), désormais la première capitalisation tricolore.

Guillaume Bayre - ©2025 BFM Bourse
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