(BFM Bourse) - La Bourse de Paris évolue en léger repli mardi midi, les investisseurs optant pour la prudence face aux craintes d'une recrudescence des contaminations à l'occasion des déconfinements progressifs et des nouvelles tensions entre Pékin et Washington.
Le déconfinement ne fait décidément pas recette sur les marchés, désormais obnubilés par la menace d'une deuxième vague de Covid-19. Comme la veille (-1,31%), le CAC 40 évolue en territoire négatif à la mi-journée (-0,3% à 4.476,84 points), "dans le sillage des doutes concernant une potentielle nouvelle vague de coronavirus et les tensions entre Washington et Pékin" relève John Plassard dans sa note matinale.
Le directeur adjoint des investissements chez Mirabaud Securities ajoute que les investisseurs pourraient aussi "être tentés de se délester de quelques actions après une progression de près de 34% du Nasdaq depuis ses plus bas niveaux de mi-mars dans ce que d’aucuns considèrent comme le "rallye" dans un "bear market" le plus détesté des tous les temps..."
La deuxième vague se précise et inquiète les marchés
"Le spectre qui commence à se confirmer d'une deuxième vague de la pandémie et les craintes liées aux nouvelles mesures de confinement qui pourraient être prises continuent d'alimenter la peur des investisseurs et souligne la fragilité" de la belle hausse qu'ont connue les indices depuis la mi-mars, corrobore Christopher Dembik, responsable économique chez Saxo Bank."Tant qu'il n'y aura pas plus de visibilité sur les conséquences économiques à long terme de la crise et sur l'évolution de la situation sanitaire, le marché boursier n'est pas à l'abri d'une dégringolade", ajoute-t-il, estimant que la prudence doit rester le maître-mot pour les investisseurs. Selon lui, "la prochaine étape que devront affronter les opérateurs est celle des faillites d'entreprises qui devrait, en Europe et aux Etats-Unis, commencer en juin" quand "beaucoup d'entreprises vont se rendre compte que la demande ne repart pas", ou du moins pas comme avant la crise sanitaire, comme le prédisent de plus en plus d'économistes.
Des dizaines de millions de Français et d'Espagnols ont commencé lundi à retrouver une partie de leur liberté de mouvements, mais la crainte d'une deuxième vague reste donc entière, en Europe comme aux États-Unis, où le coronavirus touche désormais directement la Maison Blanche. Dans le pays désormais de loin le plus endeuillé avec plus de 80.000 décès liés au Covid-19 recensés, une proche collaboratrice du vice-président Mike Pence et un militaire au service de Donald Trump ont été testés positifs en fin de semaine.
En Corée du Sud, où l'épidémie avait été jugulée, la capitale Séoul, a de nouveau ordonné des fermetures de bars et discothèques après une résurgence de la maladie Covid-19. Lundi, 35 nouveaux cas ont été recensés.
Dégradation des relations sino-américaines
Les investisseurs sont par ailleurs attentifs à l'évolution des relations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine. Le président américain Donald Trump a déclaré lundi qu'il s'opposait à une renégociation de l'accord commercial de "phase 1" signé en janvier avec la Chine, après qu'un journal officiel chinois a rapporté que des conseillers à Pékin appelaient à de nouvelles discussions et une possible révision de l'accord. "Ces tensions ne font qu’augmenter la pression baissière sur les indices" souligne Vincent Boy, analyste chez le courtier IG.En France, l'activité économique en France a plongé de 27% au mois d'avril par rapport à la trajectoire attendue avant la crise. Et les deux mois d'arrêt ont coûté près de six points de produit intérieur brut à l'économie française, a estimé mardi le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.
Genfit s'écroule après l'échec d'une étude
Sur le terrain des valeurs, une société biotechnologique se distingue encore une fois sur la cote parisienne, mais pour de mauvaises raisons. La biotech lilloise Genfit -l'une des leaders du secteur en France- a en effet dévoilé lundi soir des résultats "très décevants" lors de l'ultime phase des essais cliniques pour son traitement expérimental de la NASH, ou maladie du foie gras humain. Après n'avoir pas pu coter avant 10h30 face à l'afflux d'ordres à la vente, le titre a finalement ouvert à -75%, et abandonne toujours 65% à 12h30.Au sein de l'indice phare, ArcelorMittal souffre encore (-3,7%) au lendemain d'un recul de 16% en réaction à l'annonce de son intention de procéder à une émission d'actions ordinaire, sans valeur nominale, et d'obligations impérativement convertibles pour un montant total d'environ 2 milliards de dollars.
Engie cède aussi 3,7% après avoir annoncé des résultats en léger recul au premier trimestre, le géant de l'énergie souffrant des premiers effets de la pandémie et une accélération de sa stratégie pour se concentrer sur certains pays et activités. Le parapétrolier CGG a fait état d'une perte nette de 98,4 millions de dollars (89,6 millions d'euros) au premier trimestre et recule de 7%.
Dans l'autre sens, Alstom profite (+5,9%) de la confirmation de ses objectifs de rentabilité à horizon 2022-2023, le spécialiste des transports tablant sur un "rebond rapide" du marché en dépit d'un probable impact négatif à court terme. Iliad avance de 5,4%, le marché saluant la hausse du chiffre d'affaires trimestriel (+6,%, porté par les 525.000 nouveaux abonnés en Italie) de la maison-mère de l'opérateur Free et le maintien de ses objectifs trimestriels
Le pétrole repart de l'avant
Les cours pétroliers restent bien orientés après l'annonce inattendue de l'Arabie saoudite de réduire sa production d'un million de barils supplémentaires en juin -faisant tomber la production du royaume à 7,5 mbj, un plancher depuis 2002- alors que le marché est confronté à la fois à une surabondance de l'offre et à une destruction inédite de la demande. À 12h40, le baril de WTI s'échange à 25,44 dollars, en hausse de 5,39% par rapport à la veille, quand le Brent franchit de nouveau le seuild es 30 dollars (+2,94% à 30,50 dollars).Sur le marché des changes, le dollar se stabilise contre un panier de devises internationales après avoir atteint en début d'échanges un pic de plus de deux semaines, profitant de sa qualité de valeur refuge. La monnaie unique grappille 0,18% à 1,0825 dollar peu avant 12h45.