(BFM Bourse) - La résurgence de foyers épidémiques à travers le globe au premier jour du déconfinement en France provoque la circonspection des investisseurs.
Un déconfinement contrarié. Après avoir terminé la semaine dernière sur deux nettes hausses (+1,54% jeudi, +1,07% vendredi), le marché parisien a tenté de poursuivre sur sa lancée à l'ouverture mais faute de nouveau catalyseur, la tendance s'est modifiée peu de temps après. À la clôture, le CAC 40 cède 1,31% à 4.490,22 points.
Pourtant, plusieurs pays allègent progressivement leurs mesures de confinement, à commencer par la France qui a entamé ce lundi la sortie progressive de près de huit semaines de quasi-paralysie avec l'espoir de remettre en marche l'économie. Exercice périlleux que celui de relancer l'activité tout en continuant de limiter la diffusion du virus.
Car si les statistiques montrent une nette baisse de l'intensité de la pandémie au sein des principaux foyers de contamination en Europe (Espagne, France et Italie), beaucoup d'incertitudes s'opposent à cela. Les infections reprennent de l'ampleur en Allemagne avec 357 cas supplémentaires sur les dernières 24 heures, alors que de nouveaux cas ont été recensés en Chine dont cinq à Wuhan. La Corée du Sud craint également une deuxième vague après que l'augmentation quotidienne des contaminations a atteint un pic de plus d'un mois. Sans compter la situation inquiétante en Russie, au Brésil, en Inde ou en Afrique.
"Si nous avons une deuxième vague et des fermetures de sociétés, c'est presque le pire scénario possible d'un point de vue économique", a déclaré Guy Miller chez Zurich Insurance Company. L'atmosphère se voulait donc très circonspecte sur le marché parisien, alors que les marchés d'actions avaient poursuivi en avril le rebond entamé depuis la mi-mars, faisant fi des mauvaises données économiques. L'actualité étant par ailleurs particulièrement clairsemée, que ce soit du côté des entreprises ou des indicateurs macro-économiques, l'activité est restée très calme sur le marché parisien, avec seulement 1,9 milliard d'euros échangés.
Wall Street en ordre dispersé, le Nasdaq insubmersible
Après avoir solidement progressé la semaine dernière (+6% pour le Nasdaq, +3,5% pour le S&P, +2,6% pour le Dow) en dépit de statistiques de mauvais augure dont un rapport calamiteux sur l'emploi, les indices américains ont ouvert dans le rouge lundi, reprenant leur souffle à l'entame d'une nouvelle semaine riche en indicateurs, qui devraient confirmer les répercussions économiques de la pandémie.Les investisseurs "tentent de digérer la montée continue des indices depuis le plancher atteint le 23 mars", remarquent les analystes de Charles Schwab, les trois grands indices de Wall Street ayant en effet tous pris plus de 30% depuis cette date. À 18h toutefois, le Nasdaq est déjà revenu dans le vert (+0,4%). Le S&P (-0,2%) et le Dow (-0,6%) ont quant à eux réduit leurs pertes initiales.
ArcelorMittal s'effondre
Au sein de la cote parisienne, le n°1 mondial de l'acier dévisse de 16,2% en clôture après que l'agence de notation financière S&P Global Ratings a confirmé la note à long terme "BBB-" de la note crédit du groupe (ce qui correspond à la catégorie "spéculative") mais revu en baisse sa perspective à "négative", reflétant une "pression continue en lien avec des faibles conditions de marché". Le groupe a également été sanctionné après l'annonce d'un appel au marché pour environ 2 milliards de dollars. Le groupe va émettre des actions ordinaires, sans valeur nominale, et des obligations obligatoirement convertibles. ArcelorMittal évoque "une mesure proactive visant à accélérer la réalisation de l'objectif de la société en matière de désendettement".Au sein de l'indice phare, Atos (-4,7%) et Unibail (-4,2%) ont également souffert lundi, ce dernier étant affecté par la décision du gouvernement de ne pas rouvrir toute de suite certains grands centres commerciaux de plus de 40.000 m², décision que regrette le Conseil national des centres commerciaux au motif que les centres les plus vastes sont aussi les mieux équipés humainement et techniquement pour mettre en œuvre les mesures barrières.
Dans l'autre sens, EssilorLuxottica se distingue par une hausse de 2,6%, quand Renault grappille finalement 0,7% alors que le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, s'est dit sur BFM Business prêt lundi à aider les acteurs de la filière automobile française (en contrepartie d'efforts de relocalisations).
L'aéronautique fait toujours face à un contexte compliqué, avec par exemple l'annonce par la compagnie Qantas qu'elle ne prendrait plus livraisons de nouveaux appareils cette année, entraînant un recul de 2,8% d'Airbus et de 3,2% pour Safran. De son côté Air France-KLM retombe de 3,3%.
Divergences dans la zone euro
Après un léger mieux en fin de semaine dernière, l'euro retombe lourdement lundi à 1,0809 dollar (-1;31%) à 18h10. Même si, comme l'ensemble des actifs considérés plus à risque, la devise européenne a repris un peu de terrain depuis la mi-mars, elle perd encore près de 3,5% depuis le début de l'année face au billet vert alors que les membres de l'union monétaire font une fois de plus étalage de leurs divergences au moment où tous devraient s'atteler à faire face à la plus grave récession depuis l'institution de la zone euro.
"Les inquiétudes autour des répercussions politiques et monétaires de la décision la semaine dernière d'une Cour de justice allemande de remettre en cause la politique d'un organisme européen restent persistantes", souligne Guillaume Dejean, analyste chez Western Union Business Solutions.
Du côté du Bitcoin, à quelques heures du "halving", la crypto-devise grappille 2,18% à 8.921 dollars.
Au chapitre pétrolier, le contrat à terme sur le brut texan WTI repart à la baisse (-1,33%) à 24,41 dollars à 18h10, quand le Brent européen lâche 3,52% et retombe sous les 30 dollars, à 39,88 dollars le baril. Même si un certain redressement s'est opéré depuis quinze jours, dans l'hypothèse d'un retour de la demande alors que l'activité reprend graduellement dans plusieurs pays, les cours sont encore à moins de la moitié de leur niveau fin 2019, vu l'importance des stocks accumulés à ce jour.
"Il y a des raisons de penser que le pire est déjà passé pour le pétrole et que la situation va s’améliorer au fil du temps. Les prix bas vont créer de la demande, et historiquement, les faibles niveaux de prix ont toujours ouvert la voie à la reprise économique, à mesure que les entreprises très énergivores en profitent", observe Peter van der Welle, stratégiste au sein de l’équipe Multi-actifs de Robeco. "Mais cela prend du temps, en moyenne 18 mois".