(BFM Bourse) - Au lendemain d'un recul de 1,3%, la Bourse de Paris a de nouveau fini dans le rouge mardi. Au deuxième jour de déconfinement, le score est de -0,39% pour un CAC 40, les investisseurs intégrant le risque d'une réaccélération de l'épidémie en France et dans les pays où elle semblait passée -en témoigne sa réapparition à Wuhan en Chine- alors que la coopération internationale fait toujours défaut.
Le déconfinement ne fait décidément pas recette sur les marchés, désormais obnubilés par la menace d'une deuxième vague de Covid-19. Après avoir lâché 1,31% lundi, le CAC 40 a perdu encore 0,39% mardi à 4.472,50 points, dans un volume très étroit puisque moins de 2,2 milliards d'euros ont changé de mains sur la séance.
Une éventuelle deuxième vague du coronavirus inquiète les marchés
"Le spectre qui commence à se confirmer d'une deuxième vague de la pandémie et les craintes liées aux nouvelles mesures de confinement qui pourraient être prises continuent d'alimenter la peur des investisseurs et souligne la fragilité" de la belle hausse qu'ont connu les indices depuis la mi-mars, corrobore Christopher Dembik, responsable économique chez Saxo Bank. De quoi inciter les opérateurs à prendre une partie des bénéfices réalisés pendant l'étonnant rebond des marchés qui s'est opéré à partir du plancher de la mi-mars.
"Tant qu'il n'y aura pas plus de visibilité sur les conséquences économiques à long terme de la crise et sur l'évolution de la situation sanitaire, le marché boursier n'est pas à l'abri d'une dégringolade", ajoute-t-il, estimant que la prudence doit rester le maître-mot pour les investisseurs. Selon lui, "la prochaine étape que devront affronter les opérateurs est celle des faillites d'entreprises qui devrait, en Europe et aux Etats-Unis, commencer en juin" quand "beaucoup d'entreprises vont se rendre compte que la demande ne repart pas", ou du moins pas comme avant la crise sanitaire, comme le prédisent de plus en plus d'économistes.
Les indices américains quant à eux enregistraient de modestes gains au moment de la clôture européenne, d'environ 0,25% pour le Dow Jones Industrial Average alors que le S&P 500 était juste à l'équilibre, et que le Nasdaq Composite prenait 0,3%, alors que la Réserve fédérale commençait à acheter directement des fonds de dette d'entreprise cotés (ETF), une première, afin de soutenir toujours et encore l'économie et le système financier.
Dégradation des relations sino-américaines
Les investisseurs gardent par ailleurs un regard prudent sur l'évolution des relations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine. Donald Trump a déclaré lundi qu'il s'opposait à une renégociation de l'accord commercial de phase 1 signé en janvier avec la Chine, après qu'un journal officiel chinois a rapporté que des conseillers à Pékin appelaient à de nouvelles discussions et une possible révision de l'accord. "Ces tensions ne font qu’augmenter la pression baissière sur les indices" souligne Vincent Boy, analyste chez le courtier IG.En France, l'activité économique en France a plongé de 27% au mois d'avril par rapport à la trajectoire attendue avant la crise. Et les deux mois d'arrêt ont coûté près de six points de produit intérieur brut à l'économie française, a estimé mardi le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.
Genfit s'écroule après l'échec d'une étude
Sur le terrain des valeurs, la biotech lilloise Genfit -qui fut l'une des plus médiatisée de son secteur- a fait part lundi soir des de l'échec de l'ultime phase des essais cliniques pour son traitement expérimental de la NASH, qui semble sonner le glas de cette indication ne laissant à la molécule qu'un espoir dans une maladie rare du foie représentant un marché beaucoup plus restreint. Incapable de coter pendant une partie de la matinée, le titre a clôturé sur une chute inédite de 65,71%.Au sein de l'indice phare, Airbus Group a de nouveau été vivement sanctionné -à force, sa capitalisation a diminué de plus de moitié en un an- alors que le principal actionnaire d'easyJet Stelios Haji-Ioannou, parti en campagne contre l'actuelle direction de la compagnie à bas coûts qu'il a fondée, a déclaré qu'il offrirait jusqu'à 5 millions de livres sterling à quiconque lui fournirait des arguments permettant l'annulation du solde de sa commande d'A320neo, soit la bagatelle de 107 appareils...
ArcelorMittal a continué à souffrir (-5,5% après -16% la veille) encore en réaction à l'annonce de son intention de procéder à une levée de fonds pour un montant total d'environ 2 milliards de dollars.
Engie a cédé 4,3% après avoir annoncé des résultats en léger recul au premier trimestre, le géant de l'énergie souffrant des premiers effets de la pandémie et une accélération de sa stratégie pour se concentrer sur certains pays et activités.
Le parapétrolier CGG a perdu plus de 12% après avoir fait état d'une perte nette de 98,4 millions de dollars (89,6 millions d'euros) au premier trimestre.
La résistance d'Alstom et d'Iliad saluée
Dans l'autre sens, Alstom a réussi à enregistrer 6,85% de gains en confirmant ses objectifs de rentabilité à horizon 2022-2023, le spécialiste des transports tablant sur un "rebond rapide" du marché en dépit d'un probable impact négatif à court terme. Iliad a avancé de 4%, le marché saluant la hausse du chiffre d'affaires trimestriel (+6,%, porté par les 525.000 nouveaux abonnés en Italie) de la maison-mère de l'opérateur Free et le maintien de ses objectifs trimestriels
Le pétrole repart de l'avant
Les cours pétroliers restaient bien orientés après l'annonce surprise par l'Arabie saoudite d'un effort supplémentaire pour réduire sa production, soit encore un million de barils de mois d'ici juin ce qui devrait ramener la production du royaume à 7,5 millions de barils par jour, au plus bas depuis 2002. Le baril de WTI s'échangeait à 25,49 dollars, en hausse de 5,59% par rapport à la veille, quand le Brent tournait autour du seuil de 30 dollars (+1,11% à 29,96 dollars).
Sur le marché des changes, un rebond s'affirmait d'heure en heure pour la monnaie unique européenne, à 1,0871 dollar (+0,57%) vers 17h30.