(BFM Bourse) - Le marché parisien poursuit sa glissade jeudi au lendemain d'un repli de 1,2%. Le vent d’optimisme du début de semaine a tourné en une violente tempête à Wall Street, sous le coup d'indications préoccupantes des grands groupes de distribution quant à l'évolution de la consommation des ménages face à la spirale de l'inflation.
Le stade du "bear market" s'approche pour le marché américain. Wall Street a connu mercredi sa pire séance depuis juin 2020 dans le sillage notamment de résultats particulièrement décevants du secteur de la vente au détail faisant craindre un ralentissement de la consommation outre-Atlantique. Le Dow Jones a plongé de 3,57%, au plus bas depuis mars 2021, tandis que le Nasdaq a chuté 4,73%, portant son repli à 27% depuis le début de l'année. Et la tendance ne devrait pas s'améliorer dans l'après-midi, les contrats à terme signalant un nouveau recul à l'ouverture (15h30 heure de Paris).
L'indice vedette parisien ne fait que suivre l'orientation négative des places américaines mercredi soir. La Bourse de Paris déjà en baisse de 1,20% à la clôture mercredi, accélère sa chute, cédant 2,2% à 6.212,94 points vers 12h40. Le CAC 40 a même de nouveau fait une brève incursion sous les 6200 points un peu plus tôt en séance.
Les investisseurs n'en ont décidément pas fini avec la question de l'inflation. Le distributeur Target a essuyé en effet une chute de 24,9% - pour afficher sa pire performance depuis le crash d'octobre... 1987- en témoignant de ses difficultés à maintenir ses profits face à l'envolée des coûts et l'affaiblissement de la demande. Le leader du secteur Walmart a de son côté encore perdu 6,9% après une baisse de 11% mardi, là aussi en raison de l'impact de la hausse des coûts, y compris alimentaires.
Avec un certain retard, les banquiers centraux ont d'ailleurs fait de la lutte contre l'inflation leur nouveau cheval de bataille. Le président de la Fed Jerome Powell a déclaré mardi soir être déterminé à intervenir sur les taux pour contenir la hausse des prix dans le pays, tout en étant attentif à ne pas pénaliser la croissance américaine.
Le compartiment technologique chinois montre également des signes de faiblesse alors que Tencent a lâché près de 7% ce matin, après avoir affiché sa plus faible croissance de chiffre d'affaires depuis 2004.
Du côté des valeurs, EDF s'inscrit en légère baisse (-0,76%) après une troisième réduction de ses prévisions de production d'énergie nucléaire cette année. L'énergéticien évalue l'impact de la baisse de la production nucléaire en France sur l'Ebitda à environ 18,5 milliards d'euros cette année.
Hors indice phare, Valneva rebondit de près de 10% alors que le laboratoire franco-autrichien vient de franchir une nouvelle étape vers l'autorisation en Europe de son vaccin Covid.
Vallourec cède plus de 4% après avoir annoncé la suppression de 2.950 postes dans le monde en raison d'une réorganisation qui entrainera la fermeture de certains sites.
Derichebourg plonge de 13%, la montée au capital du groupe de services à l'environnement spécialisé dans Elior est fraîchement accueillie en Bourse. Le titre du groupe de restauration collective ne profite pas de l'annonce et cède de son côté 4,2%. Le groupe avait déçu la veille sur ses comptes semestriels pour son exercice clos à fin septembre.
La série noire continue pour Orpea (-9,71%), la cellule investigation de Radio France rapporte de nouveaux faits sur les pratiques commerciales et les rémunérations de la centrale d'achats suisse du groupe. Un scandale de plus alors que la veille, Mediapart et Investigate Europe ont soulevé de nouveaux soupçons sur de possibles malversations au sein d'une entité financière liée à un ancien dirigeant, la holding Lipany.
Sur le marché des changes, l'euro fait son retour sur les 1,05 dollar, évoluant au gré des inquiétudes des investisseurs au sujet de l'inflation. Les cours du pétrole repartent à la baisse avec un repli de 1%, plombés par les craintes d'un ralentissement économique. Le Brent est à 108,55 dollars, et le WTI se négocie à 107,10 dollars.
Sabrina Sadgui