(BFM Bourse) - Le CAC 40 a signé une troisième baisse d'affilée en abandonnant 1,4% ce jeudi, les investisseurs peinant à digérer l'ampleur du durcissement monétaire auquel la Banque Centrale Européenne pourrait procéder ces prochains mois.
Pratiquement stable à la mi-séance dans l'attente de la conférence de presse de Christine Lagarde, le CAC 40 a opté pour la baisse en prenant connaissance des conclusions de la dernière réunion de politique monétaire de la BCE. L'indice de référence de la Bourse de Paris a cédé 1,4% à 6.358,46 points, signant ainsi une troisième séance d'affilée en baisse dans des volumes en nette augmentation à près de 3,5 milliards d'euros échangés. Sans surprise, la Banque centrale européenne a donc entériné la fin de son programme de rachat d'actifs sur les marchés. La présidente de l'institution a explicitement annoncé une augmentation de 25 points de base (0,25 point de pourcentage) de ses taux d'intérêt en juillet, ce qui marquera le premier relèvement de taux depuis mai 2011, mais également signalé qu'elle pourrait donner en septembre un nouveau tour de vis et s'il le faut encore plus fortement, a priori de 0,5 point.
Cette perspective soulève la menace d'une erreur de politique monétaire, explique Bill Papadakis, stratégiste de Lombard Odier. Au contraire de la Fed, qui bénéficie d'une économie américaine où la demande est en plein boom, la BCE fait face à une conjoncture moins robuste qu'avant la pandémie avec une croissance des salaires beaucoup moins sensible qu'aux Etats-Unis et une plus grande vulnérabilité face au conflit en Ukraine. En portant ses taux directeurs à plus de 2% à terme ( ce qui correspond aux attentes actuelles), la BCE pratiquerait une politique monétaire véritablement restrictive, que l'économie de la zone ne pourrait sans doute pas supporter, selon le spécialiste.
La fin de l'ère du crédit gratuit et le risque de voir le resserrement européen entraîner un ralentissement encore plus marqué de l'économie européenne (qui impacterait évidemment les résultats des grandes entreprises américaines vu le poids de la zone) freinait également Wall Street, de manière moins marquée toutefois avec un repli compris entre 0,5 et 0,6% des indices US au moment de la clôture européenne.
EDF et DBV brillent
Du côté des valeurs parisienne, DBV Technologies a non seulement poursuivi mais accentué le rebond occasionné mercredi par le succès d'une étude confirmant l'efficacité de son patch de désensibilisation aux arachides chez des jeunes enfants allergiques, engrangeant plus de 28% après les 14% de la veille.
EDF (+6%) a également brille, porté par des informations des Echos " Le retour d'EDF à 100% dans les mains de l'Etat figure parmi les chantiers prioritaires du nouveau gouvernement qui doivent être engagés après les élections législatives" explique le journal économique.
Le secteur automobile a fini en baisse après que les eurodéputés ont voté mercredi la fin des ventes de voitures neuves à essence, diesel et même hybrides en 2035. Stellantis a cédé 1,8% tandis que Renault a limité son repli à -0,55%.
Du côté des ETI, le spécialiste de l'impression 3D Prodways s'est adjugé 3,8% à l'annonce d'un partenariat avec le distributeur Dental Axess, qui ouvre à ses imprimantes MOVINGLight de nouveaux marchés dont l'Australie, entre autres.
Cybergun double ses revenus
Parmi les dossiers spéculatifs du moment sur la cote parisienne, Cybergun s'est offert une envolée de 19% à l'annonce d'un doublement de son chiffre d'affaires au 1er trimestre.
L'ascension des tarifs pétroliers ralentissait un peu avec les nouvelles mesures sanitaires en Chine, susceptibles de freiner la reprise de la demande dans le pays mais le baril d'or noir restait bien au-delà de 120 dollars. Le contrat à terme sur le Brent s'échangeait à 123,56 dollars en fin de journée, celui sur le WTI à 121,92 dollars. Le pétrole reste tiraillé entre les nouvelles mesures sanitaires en Chine, freinant la demande dans le pays et les anticipations d'une envolée des cours sur les 150 dollars par plusieurs observateurs dont le patron de de Trafigura, une grande entreprise de courtage pétrolier et d'affrètement maritime.
Conséquence pas forcément rassurante de l'intervention de la BCE, l'euro trébuchait de 0,53% à 1,0661 dollar, suggérant que les cambistes pensent que l'institution n'aura sans doute pas les moyens d'aller jusqu'au bout de sa politique de durcissement monétaire: "Lancer le processus de normalisation à ce stade du cycle est à nos yeux un véritable challenge", mentionne Nicolas Forest, responsable de la gestion obligataire de Candriam.