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Marché : Après plus de 10 ans sans hausse de taux, le marché craint que la BCE aille trop loin, trop vite

jeudi 9 juin 2022 à 16h41
Les marchés baissent avec la hausse des taux de la BCE

(BFM Bourse) - La Banque centrale européenne a livré jeudi un diagnostic au fond sans surprise, confirmant qu'en matière de prix le risque était maintenant de voir leur envolée devenir hors de contrôle - alors que pendant des années l'inflation annuelle était jugée trop basse en regard de l'objectif proche de 2%. L'institut entrera le mois prochain dans un cycle de hausse des taux dont l'ampleur inquiète les marchés.

Pratiquement stable à la mi-séance jeudi dans l'attente de la conférence de presse de Christine Lagarde, le CAC 40 a pris le chemin de la baisse dans le sillage des conclusions de la dernière réunion de politique monétaire de la BCE. Vers 16h00, l'indice phare du marché parisien perdait 1,1%, tandis que le Dax allemand cédait 1,6%, le BEL 20 1,4% et le FTSE MIB italien carrément plus de 2%.

Comme attendu, la Banque centrale européenne a entériné le prochain arrêt des mesures de soutien monétaire, sous la forme d'achats d'actifs financiers tels que les obligations des Etats membres éligibles directement sur le marché, et explicitement annoncé une augmentation de 25 points de base (0,25 point de pourcentage) de ses taux d'intérêt en juillet, ce qui marquera le premier relèvement de taux depuis mai 2011.

Mais face l'accélération attendue de l'inflation, la BCE prévoit d'ores et déjà de procéder à "une autre hausse en septembre". Sans en préciser l'ampleur, elle indique que "le calibrage dépendra des perspectives actualisées d’inflation à moyen terme. Si ces perspectives d’inflation à moyen terme se maintiennent ou se détériorent, une hausse plus importante sera appropriée lors de la réunion de septembre", laissant entendre que cette deuxième hausse pourrait être de 0,5 point.

Au-delà de septembre, le conseil des gouverneurs de la banque centrale de la zone euro anticipe "une séquence progressive mais durable de hausses supplémentaires des taux d’intérêt".

Une erreur de politique monétaire?

Pour Bill Papadakis, de Lombard Odier, l'éventualité d'un relèvement encore plus marqué des taux en septembre fait naître le risque d'une erreur de politique monétaire, alors qu'au contraire de la Fed, qui bénéficie d'une économie locale où la demande est en plein boom, la BCE fait face à une conjoncture moins robuste qu'avant la pandémie avec une croissance des salaires beaucoup moins sensible qu'aux Etats-Unis et une plus grande vulnérabilité face au conflit en Ukraine. En portant ses taux directeurs à plus de 2%, ce qui correspond aux attentes actuelles, la BCE pratiquerait une politique monétaire véritablement restrictive, que l'économie de la zone ne pourrait sans doute pas supporter.

L'élargissement rapide du différentiel de taux par rapport à la Fed présente des défis pour la BCE, avec la revalorisation du dollar, note sa consœur Anna Stupnytska chez Fidelity. "Mais en faire trop et trop tôt serait sans doute une stratégie plus risquée pour la BCE compte tenu d'un contexte d'affaiblissement de la croissance ainsi que du risque de fragmentation des spreads périphériques", autrement dit de l'écartement des taux d'emprunt entre les Etats jugés plus fragiles et les "bons" élèves tels que l'Allemagne.

Si le rendement à 10 ans du Bund allemand est à 1,45%, l'écart tend effectivement à s'accroître fortement par rapport à l'Italie (déjà 3,55% sur les Bot italiens à même échéance). Le rendement de l'OAT française approche 2% au même moment, du jamais-vu depuis 2014.

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