(BFM Bourse) - Si les inquiétudes concernant la propagation du coronavirus chinois ne sont pas dissipées, la publication d'indicateurs américains meilleurs que prévu ont redonné du baume au cœur aux investisseurs et le CAC a terminé sur un rebond de 1,07% au lendemain de sa plus grosse chute depuis octobre 2019.

Attendu dans la matinée, le rebond s'est finalement matérialisé dans l'après-midi à la Bourse de Paris, notamment grâce à des statistiques américaines meilleures que prévu, pour boucler la séance sur une hausse de 1,07% à 5.925,82 points, dans un volume d'échanges moyen de 3,3 milliards d'euros. La veille, le principal baromètre du marché parisien avait cédé 2,68%, sa plus lourde chute depuis octobre 2019, provoquée par l'expansion du coronavirus 2019-nCov, dont le bilan s'est alourdi à plus de 100 victimes en Chine.

Les mesures prises par le gouvernement chinois, avec une prolongation de trois jours des congés du Nouvel an lunaire et les restrictions aux déplacements, couplées aux préoccupations du grand public, vont probablement freiner la demande des ménages en Chine et réduire le tourisme. Combiné au retard potentiel du retour des entreprises à une production normale (la plupart des usines auraient été fermées de toute façon en cette semaine de congés), le risque que la croissance de la Chine tombe en dessous de 6% en glissement annuel au premier trimestre augmente, notent Azad Zangana et Piya Sachdeva, économistes chez Schroders.

Pour le reste du monde, compte tenu du rythme déjà modéré de la croissance, les perturbations potentielles dans les prochains mois pourraient avoir un effet généralisé, la part de la Chine dans l'économie mondiale étant plus importante que jamais. Au moment de l'épidémie de SRAS en 2002, la Chine représentait 4,2% de l'économie mondiale et contribuait à 18% à la croissance du PIB mondial. En 2018, sa part du PIB mondial était passée à 15,8%, avec 35% de la croissance mondiale provenant de la Chine...

Malgré les craintes qui entourent toujours sa propagation -le secrétaire américain à la Santé, Alex Azar, a appelé mardi le gouvernement chinois à plus de transparence dans la gestion de l'épidémie- le marché parisien a fait fi du virus pour se concentrer sur des nouvelles plus positives, à commencer par des indicateurs américains. L'indice de confiance du consommateur du Conference Board a ainsi augmenté plus fortement qu'attendu en janvier à 131,6 après 128,2 en décembre et alors que le consensus Reuters le donnait à 128,0. Les commandes de biens durables aux États-Unis ont également dépassé les attentes des analystes, en progressant de 1,4% quand les analystes misaient sur une légère hausse de 0,5%, selon les données publiées mardi par le département du Commerce.

Wall Street repart aussi de l'avant

À noter que les publications du jour ont réservé des bonnes surprises outre-Atlantique, notamment en ce qui concerne le fabricant d'armes Lockheed Martin, le conglomérat industriel United Technologies ou encore Xerox et Whirlpool. Au contraire de Pfizer et Harley Davidson, qui ont déçu le marché. Les investisseurs américains ont désormais les yeux rivés vers Apple, qui fera part de son bilan de santé trimestriel après la clôture de Wall Street, avant d'autres poids lourds de la cote attendus mercredi (Microsoft, Boeing, Facebook, etc.)

Le luxe et l'automobile au rebond

Conséquence déjà très concrète de l'annulation (du report jusqu'à plus ample information) de salons qui devaient se tenir à Pékin, l'organisateur d'événements GL Events perd 2,2%.

Au sein du CAC, les secteurs délaissés lors des derniers jours sont de nouveau recherchés, à l'image du luxe (+2,7% pour LVMH, +1,6% pour Kering, +1,2% pour Hermès), de l'automobile (+2,1% pour Peugeot, +1,9% pour Michelin, +1,3% pour Renault) ou les matières premières (+2,7% pour ArcelorMittal). Après Bourse, LVMH a d'ailleurs publié des résultats battant de nouveaux records en 2019.

Des notes d'analystes portent Carrefour et Edenred

Le distributeur Carrefour déjà bien placé vendredi dernier après la publication de son chiffre d'affaires annuel enregistre la deuxième meilleure performance du jour au sein du CAC avec un gain de 3% (derrière STMicro, +3,5%). Dans le sillage de la récente publication du groupe, MainFirst a confirmé son conseil d'achat, assorti d'un objectif de 20 euros. Edenred bondit de 3,5% également après une note d'analyste, celle d'Oddo BHF qui relève son conseil à l'achat.

Airbus Group s'adjuge 1%, les investisseurs se montrant soulagés par l'accord de principe conclu par l'avionneur -visant à clore les poursuites des autorités françaises, britanniques et américaines sur des allégations de corruption, pour un montant global qui devrait tout de même atteindre 3 milliards d'euros selon le Financial Times.

Sur le compartiment des medtechs et biotechs, Mauna Kea remonte de 7,9% grâce à un nouveau sésame de la FDA américaine, permettant l'utilisation de son Cellvizio avec un marqueur permettant de visualiser le flux sanguin et les spécialistes de la vision GenSight (par la thérapie génique) et Pixium (via un implant) progressent à nouveau de conserve: +5,8% pour le premier et +10,7% pour le second. Valneva, qui développe des vaccins contre des agents infectieux réaccélère de 3,8%. Inversement, Genfit semble abonné à la baisse, reculant à nouveau de 2,3%, l'approche de résultats clinique décisifs suscitant la méfiance des investisseurs, alors que les données d'un essai précédent en 2015 avaient provoqué une monumentale correction.

L'or noir également au rebond

Sur le marché des changes, la monnaie unique accentue son repli face au billet vert, qui atteint 1,84% depuis le 1er janvier, avec un nouveau recul de 0,10% à 1,1007 dollar vers 18h20.