(BFM Bourse) - Ignorant la situation sanitaire et les incertitudes du scrutin, les indices boursiers ont vivement progressé lundi.
Au sortir d'une semaine chahutée au cours de laquelle il a lâché 6,4% (pire semaine en Bourse depuis mi-juin) le CAC 40 s'est repris lundi à la faveur d'indicateurs d'activité rassurants et à la veille du scrutin présidentiel aux Etats-Unis. L'indice phare a ainsi fini en trombe, grimpant de 2,11% à 4.691,14 points. Soit davantage encore qu'au cours du lundi (+1,91%) qui précédait le vote du 8 novembre 2016, aboutissant à la surprise de beaucoup d'observateurs à l'élection de Donald Trump.
En recul en début de matinée dans le sillage des mesures de reconfinement qui s’intensifient en peu partout en Europe, la Bourse de Paris a progressivement repris de la hauteur après la publication à 10h00, d'indicateurs d'activité très suivis. Au mois d'octobre, l'activité manufacturière en zone euro a en effet connu un rebond très marqué, essentiellement tiré par l'Allemagne. L'indice PMI calculé par IHS Markit auprès des directeurs d'achats du secteur manufacturier a ainsi grimpé à 54,8 le mois dernier, ce qui correspond à son plus haut niveau depuis juillet 2018, après 53,7 en septembre et 54,4 lors de l'estimation "flash". Ces chiffres font écho aux statistiques parues simultanément en Chine, où l'activité manufacturière a atteint un plus haut depuis... janvier 2011 selon Caixin, à 53,6 quand le consensus misait sur 53,0.
Malgré une demande internationale en berne du fait du Covid-19, l'économie chinoise se remet très rapidement de la pandémie, près d'un an après que les premiers cas de Covid-19 ont été enregistrés sur son sol. De quoi faire pâlir d'envie d'autres parties du monde qui voient leurs indicateurs évoluer en dents-de-scie, à l'instar des Etats-Unis, qui tiennent dans ce contexte fragile une élection présidentielle de tous les dangers.
"Ces élections devraient laisser les marchés sous pression, du fait des nombreux cas de figure possibles à l'issue du décompte et des risques d'une remise en cause des résultats", souligne Vincent Boy, analyste pour IG France. À quelques heures du scrutin, Donald Trump a déjà affirmé que "nos avocats seront prêts", laissant entrevoir la possibilité d'une longue bataille judiciaire face à son adversaire Joe Biden.
"Les sondages suggèrent une avance pour Joe Biden au niveau national et dans les Etats clés. (...) Toutefois les écarts sont serrés, y compris en Pennsylvanie, en Floride, dans l'Arizona et le Wisconsin", rappelle Stephen Innes, stratégiste en chef pour Axi. Pour ajouter de l'incertitude monétaire aux craintes politiques, les dirigeants de la Banque centrale américaine (Fed) auront sans doute peu dormi mercredi matin lorsqu'ils se retrouveront pour leur réunion. Le président de l'autorité monétaire Jerome Powell n'en sera pas moins attendu par les investisseurs, notamment sur les outils que l'institution peut encore déployer pour aider la première économie du monde à traverser la crise inédite provoquée par le Covid-19. "La concomitance de la réunion avec l'élection américaine et la détérioration de la situation sanitaire joueront en faveur d'une approche attentiste", estime toutefois Gregory Daco, d'Oxford Economics.
À la veille du jour J pour une partie des électeurs (étant donné les spécificités du scrutin américain, beaucoup ont en fait déjà pu voter par correspondance) les indices américains accumulaient de leur côté les gains, aidés malgré la hausse du nombre de cas de Covid par un indicateur très positif là aussi puisque l'indice manufacturier de l'Institute for Supply Management a atteint un plus haut en treize mois à 59,3 le mois dernier. Après une performance exécrable en octobre et singulièrement au cours de la semaine écoulée, le S&P 500 reprenait 1,2% et le Dow Jones 1,6%, tandis que le Nasdaq Composite se contentait de 0,3%.
Sur le front des valeurs tricolores, l'actualité était encore dominée par quelques publications ce lundi, à l'image de celle du géant des centres commerciaux URW qui a dévoilé des résultats en nette baisse sur neuf mois, et prévenu s'attendre à de nouveaux allègements de ses loyers en fin d'année. En queue de peloton, le titre a perdu 2,2%. Alstom et Dassault constituaient les seules autres valeurs du CAC dans le rouge.
De l'autre côté du palmarès de l'indice phare, Total a ouvert la marche, sur une avance de 4,9%, profitant du retournement à la hausse des cours du brut. Saint-Gobain a cru de 4,3% après un relèvement de recommandations (la liste est à retrouver ici). Le secteur financier a également été recherché (+4,25% pour BNP, +4,2% pour Société Générale et +4% pour l'assureur Axa).
Sanofi s'est adjugé 2,6% après avoir lancé une offre d'achat sur la société néerlandaise de biotechnologie Kiadis Pharma pour un montant d'environ 308 millions d'euros, afin de renforcer son portefeuille dans l'immunothérapie.
Au sein du SBF 120, le blanchisseur Elis a pris 5,5% avec l'acquisition d'un spécialiste de la location-entretien auprès des établissements de santé au Brésil. Le groupe de minéraux industriels Imerys a signé un accord en vue de la vente de ses activités nord-américaines de talc, conséquence d'un litige dans ce pays, ce qui lui a permis de remonter de 5,6%.
Sur le reste de la cote, DBV Technologies -ancien pensionnaire du SBF- a annoncé que l'Agence européenne du médicament avait accepté d'examiner le dossier de mise sur le marché du patch contre l'allergie aux arachides Viaskin Peanut (récemment retoqué par la FDA). Le titre a flambé de 52%, contre près de 100% de hausse en matinée.
Les tarifs pétroliers renouaient avec une légère progression, soit 0,61% de gains à 38,17 dollars le baril de Brent et 0,87% pour le WTI, à 36,10 dollars.
Enfin, sur le Forex, la monnaie unique rétrocède 0,15% à 1,1629 dollar peu avant 17h40.