(BFM Bourse) - Après trois baisses consécutives, le marché parisien redresse la tête jeudi, avec une hausse de 0,65% à 4.871 points, dans des volumes d'échanges encore faibles, alors que Mario Draghi a reconnu que les risques pesant sur l'économie européenne ont augmenté et que les dernières nouvelles liées aux négociations sino-américaines alimentent l'incertitude.
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Hésitant à l'ouverture, puis en hausse de 0,85% à la mi-séance, l'indice vedette du marché parisien a légèrement reculé dans l'après-midi pour boucler la séance sur une progression de 0,65% à 4.871,96 points, tout proche de son plus haut annuel atteint le 18 janvier à 4.875 points. Les volumes d'échanges , une nouvelle fois assez faibles, de l'ordre de 3 milliards d'euros, témoignent cependant d'une faible conviction des opérateurs. Ces derniers ont d'ailleurs accueilli d'une manière relativement positive le discours pourtant plus pessimiste que prévu du président de la BCE Mario Draghi, y voyant le signe que l'institution poursuivra sa politique monétaire accommodante.
Affaiblissement des derniers indicateurs
Malgré une brusque détérioration en décembre, en particulier du côté des données relatives aux secteurs industriels en France et en Allemagne, la Banque centrale européenne devrait jouer la montre en attendant de nouvelles données avant d'infléchir significativement ses indications prospectives ("forward guidance"), estimait Robert Sierra, directeur de l'équipe macro-économique chez Fitch Ratings, dans sa note matinale. L'institution lui a donné raison, se contentant de prendre acte de l'affaiblissement des derniers indicateurs tout en soulignant que des facteurs ponctuels sont à l'oeuvre (effet de la norme WLTP dans l'automobile, manifestations des gilets jaunes...).
Dans un discours comme toujours très codifié, la BCE, par l'intermédiaire de son président Mario Draghi, a estimé que les risques pesant sur la conjoncture en zone euro avaient augmenté, signe sans équivoque d'un pessimisme accru de l'institution qui jugeait jusqu'à présent ces risques "équilibrés". "La persistance d'incertitudes géopolitiques", "la menace protectionniste, les fragilités sur les marchés émergents et la volatilité des marchés financiers" justifient, selon la BCE, son changement de discours. Cette dernière a par ailleurs déclaré qu'elle n'était "pas à court d'instruments" si l'économie se dégrade encore en zone euro, ce qui laisse imaginer un nouvel assouplissement monétaire en cas de coup dur. Enfin, Mario Draghi a également évoqué le programme de rachats d'actifs auxquels la BCE vient de mettre fin mais qui sont susceptibles d'être réactivés, tout comme les prêts géants aux banques.
Dans le reste de l'actualité économique internationale, le secrétaire d'Etat américain au Commerce, Wilbur Ross, a jeté un froid sur les spéculations autour de l'avancement des négociations sino-américaines, affirmant que les deux puissances économiques étaient très loin ("miles and miles away" dans le texte) de résoudre le conflit qui les oppose depuis des mois. Le membre du gouvernement américain a ajouté qu'il était "trop tôt pour prédire l'issue des discussions".
Wall Street hésite
La Bourse de New York évoluait en ordre dispersé jeudi, tiraillée entre les propos peu encourageants de Wilbur Ross et une série de résultats moins dégradés qu'anticipé dans le secteur des semi-conducteurs (Xilinx, Lam Research et Texas Instruments). Vers 18h, le Dow Jones évoluait à l'équilibre tandis que le S&P 500 avançait légèrement (+0,15%). Porté par le secteur des semi-conducteurs, le Nasdaq s'adjugeait pour sa part 0,7%.Bonne surprise pour STMicro
En attendant, la saison des publications se poursuit. Parmi les bonnes surprises, le fabricant franco-italien de semi-conducteurs STMicroelectronics grimpe de 10% après un bond de 60% de son bénéfice, au-delà des attentes du consensus. SEB a aussi fait état d'une belle dynamique en fin d'année, permettant au fabricant d'électro-ménager de confirmer son objectif de hausse du résultat opérationnel 2018 malgré des conditions de marché plus dures qu'attendu. Le titre gagne 5,1%. Publication bien accueillie aussi chez Elior (+3,4%), avec un chiffre d'affaires en hausse de 3,5% au premier trimestre de son exercice décalé 2018-2019.
Le secteur biotech est par ailleurs en verve ce jeudi, avec un gain de 5,5% de Pharnext -à un nouveau pic historique après une levée de fonds de 15 millions d'euros- et de 6,1% d'Inventiva après le relèvement de l'objectif de KBC Securities.
Après la confirmation par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire de la démission de Carlos Ghosn, l'action Renault reprend 1,55%. Le secteur automobile est d'ailleurs bien orienté puisque Valeo prend 5,6% quand Peugeot progresse de 2,7%, Plastic Omnium de 3,4% et Michelin de 1,4%.
Le pétrole toujours en baisse
Toutes les publications du jour ne sont pas pour autant saluées, puisqu'on note quelques dégâts, surtout chez des petites capitalisations. L'équipementier automobile Le Bélier (-7,3%), la société de services informatiques Infotel (-7,2%) ou l'équipementier médical Supersonic Imagine (-7,9%) en font notamment les frais.
Du côté du pétrole jeudi à la mi-séance, le Brent de la Mer du Nord gagne 0,5% à 61,32 dollars, tandis que le WTI texan perd 1,4% à 53,22 dollars.
Sur le marché des changes, l'euro perd 0,57% à 1,1315 dollar en réaction au discours de Mario Draghi.