(BFM Bourse) - Si l'indice parisien a repris 0,88% vendredi, la semaine se solde par une note clairement négative, les opérateurs craignant les répercussions de la crise sanitaire -qui va notamment fortement perturber la semaine du Nouvel an lunaire- sur l'économie chinoise.
Le CAC 40 qui avait clôturé jeudi sous le seuil des 6.000 points pour la première fois de 2020 a mis un terme vendredi à une série de quatre séance consécutives de repli. Le baromètre de la cote parisienne a repris jusqu'à plus de 1,5% en séance, avant de clôturer sur un gain de 0,88% à 6.024,26 points. Les échanges ont représenté 3,3 milliards d'euros, soit une séance plutôt moyenne en termes de volumes. La performance hebdomadaire est négative de -1,25%, la plus mauvaise semaine depuis le début de 2020.
Après avoir bouclé les quatre premières séances de la semaine en repli sur fond de craintes d'épidémie du coronavirus chinois, le marché parisien a marqué un certain soulagement alors que le Comité d'urgence de l'OMS a jugé prématuré de considérer l'épidémie de coronavirus (26 morts et plus de 800 malades selon le dernier bilan) comme une urgence de santé publique de portée internationale.
Si cela amène les investisseurs à nuancer la gravité de la situation, ils continueront à suivre l'évolution de la propagation du virus dans les prochains jours. En outre, "les restrictions de voyage et la réduction des célébrations du Nouvel an lunaire freineront quelque peu la croissance chinoise", prévient Jasper Lawler, analyste pour London Capital Group. Les places de Chine continentale, Shanghai et Shenzhen, étaient d'ailleurs fermées vendredi en raison du long congé du Nouvel An chinois.
En dehors des informations en provenance de Chine, les investisseurs attendaient également avec impatience la publication des premiers résultats des enquêtes mensuelles d'IHS Markit auprès des directeurs d'achats (PMI), notamment en zone euro et aux États-Unis. Et ceux-ci montrent des signes encourageants, suggérant que le pire pourrait être derrière nous. De fait, si la croissance de l'activité du secteur privé de la zone euro est restée ralentie en janvier, l'indice PMI "flash" composite (manufacturier et services), considéré comme un bon baromètre de l'activité économique globale, est stable par rapport à décembre à 50,9 alors que les économistes interrogés par Reuters l'attendaient en hausse à 51,2. Si le PMI "flash" ressort légèrement en-deçà des attentes, l'enquête menée par IHS Markit montre toutefois une montée de l'optimisme pour l'année à venir : l'indice composite de la production future a atteint 61,2 après 59,4, au plus haut depuis septembre 2018
Enfin, au sommet de Davos, Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont annoncé leur volonté de conclure dans les prochaines semaines un accord commercial, une déclaration surprise qui semble destinée à calmer le jeu des deux côtés de l'Atlantique.
Wall Street de son côté s'affaiblissait toutefois en matinée après un début de séance en territoire positif. À la mi-séance, vers 18h15 en Europe, le Dow Jones cédait 0,48%, le S&P 500 0,6% et le Nasdaq pratiquement autant, alors qu'un second cas de coronavirus a été confirmé sur le territoire américain. Le tableau des publications apparaissait contrasté, avec une envolée de plus de 8% d'Intel et une hausse de 2,3% d'America Express après leurs résultats, alors que Dow Chemicals et Walgreens Boots étaient sanctionnés.
Ipsen massacré, Carrefour domine le CAC
Rarement classé en première position de l'indice phare ces derniers temps, Carrefour s'est pour une fois distingué en gagnant 4,6% après avoir dévoilé un chiffre d'affaires 2019 supérieur aux attentes des analystes, à 80,7 milliards d'euros, notamment grâce à la bonne dynamique commerciale au Brésil et dans le bio. Le distributeur a par ailleurs confirmé l'ensemble des objectifs de son plan Carrefour 2022. Airbus a pris 2,5%, continuant à bénéficier de notes élogieuses des analystes, un peu à l'inverse de son concurrent américain Boeing aux prises avec maints problèmes sur des programmes phares actuellement.Au sein du secteur du luxe, LVMH et Hermès ont rebondi de 1%, tandis que Kering est resté quasi-stable.
Inversement, Renault a lâché 1,9% au lendemain d'un repli de plus de 5% en réaction à une note de Citigroup qui estime que le constructeur, à court de liquidités, pourrait bientôt n'avoir d'autre choix que de vendre sa part dans Nissan.
Plus forte baisse du SBF 120, Ipsen a plongé de 23,4% vendredi après une autre mauvaise nouvelle sur le palovarotène, une molécule destinée à traiter des maladies osseuses rares rachetée à la biotech Clementia en février 2019 pour plus d'un milliard d'euros.
Autre recul d'envergure, celui de Rémy Cointreau (-11,6%), le groupe de spiritueux ayant enregistré un recul plus prononcé qu'attendu de son chiffre d'affaires au troisième trimestre de son exercice décalé.
Au rayon des biotechs, le spécialistes des maladies infectieuses Valneva a pris 6% et Erytech 4%. Le groupe de diagnostics in vitro bioMérieux a progressé de 3,9%. Dans l'autre sens, Genfit a encore perdu 4,6%, une quatrième séance de net repli pour la société lilloise qui doit publier cette année des résultats déterminants pour son produit phare élafibranor. La société a réaffirmé jeudi qu'elle n'avait actuellement "aucune autre information matérielle" à communiquer au marché, soulignant n'avoir aucune indication sur la teneur de ces données qui doivent être publiées "avant la fin du premier trimestre".
Les cours pétroliers restaient mal orientés après avoir touché jeudi un plancher depuis près de deux mois sur fond de craintes de surplus d'offre. Contrairement aux indices boursiers, l'or noir subit la pression des mesures susceptibles de ralentir l'activité économique en Chine.
Le baril de Brent chutait de 2,26% à 60,64 dollars et celui de WTI de 2,52% à 54,19 dollars, les cours pétroliers étant en piste pour enregistrer leur plus forte baisse hebdomadaire depuis plusieurs mois, dans la perspective de voir la demande chinoise chuter notamment à cause des restrictions aux déplacements à la veille des festivités du nouvel an. Ne serait-ce qu'à cause de l'impact sur les besoins en carburant aviation, cette période représentant habituellement le plus grand chassé-croisé de voyageurs dans le monde. Plusieurs dizaines de millions de personnes sont actuellement assignées à résidence dans leur ville d'origine et beaucoup de célébrations ont été purement déprogrammées.
La monnaie unique continuait de lâcher du lest face au billet vert, cédant 0,25% à 1,1026 dollar.