(BFM Bourse) - La Bourse de Paris commence le mois d'août du mauvais pied. Le CAC 40 clôture cette première séance en forte baisse, alors que le marché digère une nouvelle salve de résultats ainsi que les décisions monétaires des banques centrales d'Angleterre et des Etats-Unis.
La Bourse de Paris a imprimé une tendance bien lourde en cette première séance du mois d'août. En repli de 0,8% à la mi-séance, le CAC 40 a accéléré à la baisse dans l'après-midi et termine sa course en forte baisse de 2,14% à 7.370,45 points, non loin de ses plus bas du jour (7.358,09 points)
Il s'agit de la deuxième plus forte baisse de l'année pour le CAC 40, après celle du 14 juin (-2,66%).
La place parisienne a repris son souffle, après avoir enchaîné deux séances haussières et bouclé juillet dans le vert avec un gain de 0,70% sur le mois. Les opérateurs ont peu apprécié la dernière vague de résultats d'entreprises, notamment du côté de Société Générale dont la livraison trimestrielle a fait grincer des dents.
Mais pour Christopher Dembik, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM, le mauvais accueil réservé aux résultats d'entreprises n'expliquerait pas cette séance difficile à la Bourse de Paris.
"La correction de ce jour n'est pas liée aux résultats d'entreprises mais est certainement causée par des facteurs techniques, les algorithmes jouant. Cela est alimenté par des prises de bénéfices après deux séances dans le vert, sans être toutefois en forte hausse", explique le spécialiste de marché.
"Les rares intervenants de marché encore présents sont dubitatifs sur la santé de l'intégralité des secteurs d'activité. Il risque encore d'il y avoir une importante volatilité sur le marché, à la baisse comme à la hausse, et ce jusqu'à la mi-août. A cette date, Nvidia publiera ses résultats, qui pourraient rassurer le marché s'ils sont bons. On sortira également de cette période de résultats durant laquelle les rachats d'actions diminuent par rapport à d'habitude, de 30% en moyenne", ajoute le spécialiste.
Inscriptions au chômage en hausse
Ce sont surtout les statistiques publiées dans l'après-midi aux Etats-Unis qui sont venues alourdir la tendance. Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont progressé de 14.000 à 249.000 nouvelles demande, ce qui est supérieur aux consensus (236.000).
Mais c'est surtout une forte dégradation de l'activité manufacturière qui a miné le moral des investisseurs. L'indice ISM s'est contracté à 46,8 points contre 48,8 points attendu par le consensus et après 48,5 points en juin. Le seuil de 50 sépare une contraction d'une expansion de l'activité.
A Wall Street, les indices qui avaient ouvert dans le vert, sont retournés à la baisse et cèdent entre 0,5% et 0,8% à la clôture des marchés européens. Les opérateurs prennent acte des signes de la dégradation de l’économie américaine mais veulent aussi se réjouir des résultats de Meta qui a dévoilé une croissance et des perspectives au-dessus des attentes. Le titre de la maison-mère de Facebook et de Instagram gagne plus de 7%.
A noter que la Banque d'Angleterre a opéré sa première baisse de ses taux directeurs depuis 2020, de 0,25 point de pourcentage pour les faire tomber à 5%. Mercredi, la banque centrale américaine a pour sa part laissé, sans surprise, les siens inchangés. Mais les commentaires de l'institution et de son président, Jerome Powell, semblent avoir crédibilisé le scénario d'une baisse des taux en septembre.
"Jerome Powell indique qu’une baisse de taux en septembre est 'sur la table' et il faudrait désormais de très mauvais chiffres d’inflation pour empêcher cela", note Bastien Drut, responsable de la stratégie et des études économiques de CPR AM.
"La Fed ne souhaite pas un pré-engagement explicite mais se prépare à baisser son taux directeur. Le rendez-vous à Jackson Hole des 22-24 août offrira davantage de signaux francs quant à une action en septembre", souligne de son côté Thuy Vân Pham, économiste chez Groupama Asset Management.
Société Générale, rouge vif
La publication de Société Générale a fait grincer des dents (-9%), la banque de détail en France ayant encore déçu. La société a d'ailleurs abaissé sa projection de marges nettes d'intérêt en France pour 2024. A contrario, Crédit Agricole SA prend 0,6% après avoir livré des comptes solides au deuxième trimestre.
Hors CAC 40, Worldline s'effondre (-15,3%) après avoir abaissé ses objectifs pour 2024, invoquant les incertitudes sur la consommation en Europe.
Eurobio Scientific a bondi de 34,9%, porté par un projet d'offre publique d'achat (OPA) par un consortium, qui devrait se traduire par un retrait de la cote du spécialiste du diagnostic in vitro.
Sur les autres marchés, l'euro cède 0,3% face au dollar à 1,0788 dollar. Le pétrole se retourne à la baisse sous les craintes de récession de l'économie américaine. Le contrat d'octobre sur le Brent de mer du Nord cède 0,5% à 80,41 dollars le baril, tandis que celui de septembre sur le WTI coté à New York plie de 0,8% à 77,28 dollars le baril.