(BFM Bourse) - Le groupe de services de paiements plonge à la Bourse de Paris après avoir abaissé ses objectifs pour 2024. Worldline évoque des incertitudes relatives à la consommation intérieure en Europe
Cette saison estivale de résultats ne fait décidément pas de cadeaux aux sociétés qui dévient de leur trajectoire. Ce jeudi, c'est Worldline qui essuie le plus les plâtres après avoir abaissé ses objectifs annuels. Le titre du services de paiements plonge de 17%, vers 11h30 accusant la plus forte baisse du SRD parisien.
La déception est d'autant plus grande que Worldline semblait avoir tourné la page d'une année 2023 particulièrement difficile. En mai dernier, le groupe avait confirmé ses objectifs 2024, après avoir dévoilé une croissance supérieure aux attentes sur les trois premiers mois de l'année. L'activité avait été alors portée par une amélioration dans sa division services aux commerçants.
Mais cette amélioration semble avoir été ponctuelle quand on se penche de plus près sur les résultats présentés ce jour par Worldline. Le spécialiste des services de paiements a publié une activité inférieure aux attentes au deuxième trimestre. Entre avril et fin juin, Worldline a publié un chiffre d'affaires en hausse à données comparables de 1,7% à 1,19 milliard d'euros.
Une consommation morose
Cette croissance ressort en deçà des attentes du consensus cité par Oddo BHF (+1,7%) et marque une nette décélération par rapport à celle réalisée au premier trimestre (+2,5%).
Le groupe rappelle que le trimestre a été marqué par la morosité du contexte macroéconomique à la fin du trimestre et par l'effet attendu de la résiliation de contrats. Worldline reste en effet un groupe dont l'activité est très liée aux volumes de dépenses des ménages et donc de la consommation. De plus, Worldline évolue dans une industrie de coûts fixes ou les revenus sont dégagés via des petites commissions mais sur des volumes de transactions gigantesques.
Les services financiers, dont l'activité s'est contractée de 1,5% au deuxième trimestre, ont aussi plombé la performance de Worldline. Sur l'ensemble du semestre, le groupe a ainsi dévoilé un chiffre d'affaires de 2,29 milliards d'euros, soit une croissance organique de +2,1%.
Sur les autres lignes de compte, l'excédent brut opérationnel, s'est contracté de 0,9% en données comparables, à 514 millions d'euros, mais Worldline fait mieux que le consensus (505 millions d'euros). La marge correspondante se dégrade à 22,5%, contre 23,1% un an plus tôt.
Le flux de trésorerie plonge
Autre déception, le résultat net qui est tombé dans le rouge à -29 millions d'euros, contre un bénéfice net de 81 millions d'euros au premier semestre 2023. Le flux de trésorerie disponible s'est effondré de 64,5% sur un an à 82 millions d'euros, mais c'est moins que redouté par les analystes (52 millions d'euros).
Prenant acte de la dégradation de la consommation en Europe, Worldline a été contraint d'ajuster ses prévisions pour cette année. La direction table désormais sur une progression de ses revenus en données comparables située entre 2% et 3%, contre une croissance en données comparables de 3%.
L'excédent brut d'exploitation ajusté est désormais attendu entre 1,13 et 1,17 milliard d'euros, soit une hausse organique entre 2 et 5%, contre une précédente prévision d'au moins 1,17 milliard d'euros, et une hausse de 5%.
"Le second semestre bénéficiera d’une base de comparaison plus facile. La structure de coûts doit également commencer à bénéficier du plan de restructurations (dont l’objectif d’économies annuelles en 2025 est relevé de 10% à 220 millions d'euros. S’agissant des free cash flow, ils sont attendus à 230 millions d'euros cette année (contre >230 millions d'euros auparavant et consensus à 223 millions d'euros )", détaille Oddo BHF
Le groupe de paiements confirme cependant ses ambitions de moyen terme, évoquées une première fois en février 2024. Worldline entend toujours réaliser une croissance en données comparables de ses revenus à "un chiffre de milieu à haut de fourchette" (ce qu'on peut traduire grossièrement par un intervalle de 4% à 9%) et vise "une amélioration continue de son excédent brut d'exploitation ajusté à partir de 2024". L'entreprise entend aussi parvenir à "une progression rapide de la conversion d'excédent brut d'exploitation ajusté vers un taux d'environ 50%".
Son concurrent Nexi s'en tire beaucoup mieux
Comparaison n'est pas raison mais Worldline souffre aussi de la lecture croisée de la publication du concurrent italien Nexi qui a, pour sa part, confirmé ses objectifs annuels après des résultats trimestriels supérieurs au consensus.
Les revenus trimestriels de Nexi ont progressé de 5,8% sur un an pour atteindre 879 millions d'euros, et dépassent les attentes des analystes, qui visaient en moyenne une croissance de 5,1% et un chiffre d'affaires de 873 millions d'euros.
Le groupe a maintenu "une bonne dynamique dans les merchant solutions (solutions aux commerçants) et pas de ralentissement de la croissance dans les issuing solutions (solutions pour les émetteurs) contrairement aux attentes", note Oddo BHF.
Le résultat brut d'exploitation de Nexi est en hausse de 7,5 % pour atteindre 465 millions d'euros, et dépasse les 460 millions d'euros prévus par les analystes.
Le groupe italien confirme ses objectifs annuels après ces résultats trimestriels supérieurs aux attentes. Le bureau d'études ajoute que Nexi devrait "bénéficier d’une base de comparaison plus facile au deuxième et des premiers bénéfices de son plan de restructuration".
Ces publications confortent donc Oddo BHF dans sa hiérarchie sectorielle qui tend donc à privilégier Nexi, dont le bureau d'études est à surperformance à Worldline (recommandation neutre) en raison d'une "croissance plus soutenue des revenus, meilleure profitabilité et génération de cash plus élevée permettant de retourner du cash aux actionnaires".
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