(BFM Bourse) - Le groupe de services de paiements confirme ses objectifs 2024, après avoir publié une croissance supérieure aux attentes sur les trois premiers mois de l'année.

L'an passé, Worldline avait énormément souffert en Bourse. Et c'est un euphémisme. Le groupe de services de paiements avait vu son cours dévisser de 57% en 2023, notamment du fait d'un sévère avertissement sur résultats qui avait entraîné un plongeon de son action de près de 59% sur une séance, certainement un record absolu pour un titre du CAC 40.

La capitalisation du groupe avait alors fondu, ce qui avait évincé Worldline de l'indice CAC 40 en décembre dernier, et poussé son partenaire Crédit Agricole à voler à son secours en prenant une participation de 7% en début d'année.

Fin février, le groupe avait fait part de résultats 2023 dégradés, "qualifiés de décevants" par le bureau d'études indépendant AlphaValue. Bref, cette année 2023 était clairement à oublier pour Worldline.

Mais l'année 2024, "qualifiée d'année de transition" par la direction, se présente sous de meilleurs auspices pour Worldline. Sur les trois premiers mois de l'exercice, le spécialiste des terminaux de paiement a dégagé un chiffre d'affaires supérieur aux attentes, à 1,097 milliard d'euros, contre des attentes logées à 1,083 milliard d'euros de revenus, selon le consensus cité par Oddo BHF.

Un dynamisme des services aux commerçants

Ce niveau de chiffre d'affaires extériorise une croissance organique de 2,5%, qui est jugée "faible" par Oddo BHF, mais le bureau d'études note qu'elle est au-dessus de ses attentes (+1,2%) mais aussi du consensus (+0,7%), et qu'elle est en amélioration par rapport au point bas du quatrième trimestre 2023 (+1,3%).

"Les ventes de Worldline au premier trimestre ont été légèrement supérieures aux attentes, grâce à une amélioration des services aux commerçants, qui reflète en partie l'impact plus faible que prévu des résiliations de contrats avec les commerçants", avance Stifel.

Les services de paiements offerts aux commerçants ont en effet dégagé des revenus de 787 millions d'euros, en croissance de 3,9%. La principale division de l'entreprise a largement déjoué les attentes du marché, le consensus attendait des revenus de 767 millions d'euros, pour une croissance de 1,3%, selon le bureau d'études. Cette division s’avère "plus dynamique que prévu grâce à de bons résultats sur les nouveaux marchés, comme l’Italie", apprécie pour sa part Oddo BHF.

Pour rappel, Worldline a décidé d'abandonner l'an dernier certaines activités de services aux commerçants pour des questions réglementaires. Cité par Stifel, Gilles Grapinet, le directeur général de Worldline, a indiqué que ce processus de résiliation est désormais achevé. Il confirme que ce processus va peser au maximum pour 130 millions d'euros sur le chiffre d'affaires annuel.

L'activité "division services financiers" est en recul de 1,4% sur an à 225 millions d'euros. Ce qui n'est pas "une surprise" pour Oddo BHF, en raison des faibles volumes dans l'activité des "paiements non-cartes".

"Cette publication est plutôt positive dans le sens où elle donne du crédit aux objectifs financiers des dirigeants pour 2024 qui ne sont pas pleinement intégrés par le consensus", apprécie Oddo BHF.

Reconduction des objectifs

Cette publication ne réserve pas de mauvaises surprises, ce qui rassure le marché. Worldline, plutôt habitué aux gadins boursiers, bondit encore de 11,4% à 10,92 euros vers 14h45. Surtout que le spécialiste des paiements a reconduit ses objectifs 2024, annoncés une première fois en fin février.

Worldline compte toujours dégager une croissance en données comparables de 3% en 2024, un excédent brut d'exploitation ajusté d'au moins 1,17 milliard d'euros et un flux de trésorerie libre d'au moins 230 millions d'euros.

Le pro des paiements rappelle évoluer dans un environnement macroéconomique peu porteur. Ce qui l'a conduit à lancer en début d'année un plan d'adaptation appelé "Power24" qui se traduira par la suppression d'un maximum de 8% de ses effectifs (environ 18.000 postes au total).

"Pour autant, le momentum devrait rester difficile au moins jusqu’au quatrième trimestre (faible croissance organique du chiffre d'affaires) et il faudra du temps pour rassurer sur la compétitivité du groupe (plan de transformation en cours)", estime Oddo BHF qui reste à neutre sur le dossier, avec un objectif de cours logé à 13,50 euros.

Le groupe a aussi annoncé le lancement effectif de sa co-entreprise avec Crédit Agricole dans les services de paiement numérique aux commerçants en France, après avoir obtenu le feu vert de la Commission Européenne fin mars. Lors de l'annonce de ce projet en avril 2023, les analystes jugeaient alors cette alliance prometteuse, l'un d'entre eux considérant même que Worldline avait frappé "un grand coup".