(BFM Bourse) - Plombé par le manque d'avancées sur le front diplomatique entre l'Ukraine et la Russie, le marché parisien rend 2,8% ce mercredi, au lendemain de la 10e plus forte hausse de son histoire (+7,13%). La décision de la BCE d'accélérer le rythme de diminution de ses rachats d'actifs a également pesé sur la tendance.
En légère baisse à la mi-journée après avoir signé, la veille, un rebond exceptionnel (+7,13%) sur fond de premiers signaux encourageants vers une paix entre la Russie et l'Ukraine, le marché parisien a accentué sa baisse en début d'après-midi, pris de court par le biais moins accommodant qu'escompté de la BCE dans un contexte d'incertitudes et d'inflation. Toujours très volatil, capable par exemple de reprendre 1,4% en 5 minutes peu avant 16h, le baromètre du marché tricolore boucle la séance sur une baisse de 2,83% à 6.207,20 points.
"À la surprise quasi-générale, la BCE a décidé d’accélérer la sortie de son programme d’achats d’actifs. Une hausse des taux en fin d’année est donc redevenue possible. Et il s’agit là d’un compromis. On n’imagine pas ce qu’aurait été sa décision si le risque géopolitique n’était pas aussi élevé" commente Ronan Blanc, gérant chez Financière Arbevel. "Mais comme tous les compromis, celui-ci risque de ne satisfaire personne" ajoute-t-il, estimant que "la BCE n'est plus maître du temps". Dans un contexte très incertain en termes de croissance, cette décision de terminer l'APP [l'un des deux programmes de rachats d'actifs de la BCE avec le PEPP, NDLR] au 3e trimestre est incompréhensible" juge pour sa part sévèrement Franck Dixmier, directeur des investissements obligataires chez AllianzGI. L'institution se trouve en effet selon lui "de facto prisonnière d’une "forward guidance" rigide... alors qu’on attendait au contraire une approche flexible" regrette-t-il. Si la BCE a décidé jeudi d'accélérer le retrait progressif de ses rachats d'actifs, elle se laisse en revanche -comme attendu- le temps d'agir sur les taux.
Inflation record aux Etats-Unis
Outre-Atlantique, le Bureau of Labor Statistics a de son côté dévoilé un nouveau record d'inflation depuis une quarantaine d'années, avec une accélération des prix à la consommation de 7,9% sur un an selon l'indice CPI. Même si ce chiffre ressort conforme aux attentes des économistes, ces derniers tablent désormais sur une nouvelle accélération de l'inflation au deuxième trimestre au regard de la flambée des prix des matières premières dans le contexte de la guerre en Ukraine. Ces données vont en outre alimenter les discussions des responsables de la Fed, qui se réunissent la semaine prochaine (15 et 16 mars). Les marchés anticipent à ce stade à 95% un relèvement de 25 points de base des taux de la Fed dès ce mois-ci, mais certains experts n'excluent plus une hausse plus brusque. "Si la BCE s'est montrée moins accommodante qu'espéré malgré la situation en Ukraine...alors la Fed dans quelques jours pourrait être carrément "hawkish"" imagine Alexandre Baradez, responsable des analyses marchés chez IG. Après la conférence de presse de Christine Lagarde et les nouvelles données sur l'inflation, les "Fed Funds Futures", qui reflètent les anticipations de hausses de taux, ont d'ailleurs sensiblement rebondi, les investisseurs misant maintenant sur près de 7 hausses de taux (+175 points de base) en 2022 de la part de la Fed, contre moins de 5 hausses au début du mois.
Les marchés mondiaux ont par ailleurs pâti ce jeudi de l'échec des nouveaux pourparlers entre l'Ukraine et la Russie, les deux camps réunis dans le sud de la Turquie n'ayant pas réussi à s'accorder sur un cessez-le-feu en Ukraine.
Vivendi en forme
Au sein du CAC 40, Vivendi (+1,5%) domine le maigre peloton des hausses, à la suite de la publication de ses copieux résultats 2021, marqué par un Ebitda plus que doublé en un an. Hors de l'indice phare les résultats de Verimatrix (+3,5%), Tikehau (+12,1%), GL Events (+2,9%) ou Jacquet Metals (+2,5%) sont aussi bien accueillis - contrairement à ceux de Maisons du Monde, dont le titre s'est retourné à la baisse dans l'après-midi (-3,1%).
La biotech Abivax (+10,9%) profite de résultats encourageants d'une étude de suivi sur un an de patients atteintes de polyarthrite rhumatoïde traités avec sa molécule ABX464 tandis que Navya accélère de 14,5% avec un accord en vue de déployer à grande échelle sa solution de navettes autonomes en Arabie Saoudite. De son côté SES Imagotag bondit de 14,6%, grâce à une expansion de son partenariat avec Walmart, ce qui étaye l'objectif de parvenir à 800 millions d'euros de chiffre d'affaires d'ici 2023.
A contrario, les publications de JCDecaux (-2,9%) et Haulotte (-5,3%) passent mal auprès des investisseurs, sans qu'on relève pourtant de gros écart vis-à-vis des attentes de la place.
Évoluant à nouveau à l'inverse du prix des actions, les cours pétroliers rebondissent légèrement après la chute considérable de la veille. Le contrat sur le baril de Brent pour livraison mai reprend 1,1% à 112,3 dollars vers 17h55, tandis que celui sur le WTI (prochaine échéance avril en l'occurrence) grappille 0,6% à 109,6 dollar.
Sur le marché des changes l'euro reflue de 0,62% mais préserve de justesse le seuil des 1,10 dollar.