(BFM Bourse) - Tombé lundi en séance à un plus bas depuis plus d'un an, le titre de la biotech française Abivax rebondit de 15% après l'annonce de résultats d'une étude de maintenance sur sa molécule ABX464, suggérant un potentiel important dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde et plus largement dans les maladies inflammatoires chroniques.
La molécule ABX464, aux propriétés à la fois antivirales et anti-inflammatoires grâce à sa capacité à moduler la synthèse de certains ARN, a "le potentiel de prendre une place importante dans la gestion des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde", soit une population de près de 4 millions de personnes rien qu'à l'échelle des pays du G7. C'est le jugement porté par le professeur Paul Emery, de Institut de Leeds pour la médecine rhumatismale et musculosquelettique, au terme des résultats du suivi après un an de traitement de patients traités précédemment en phase 2a (étape intermédiaire des essais cliniques), où le médicament expérimental d'Abivax s'était montré plus efficace que les traitements habituels seuls en phase dite d'induction (les douze premières semaines de traitement) pour des personnes chez qui le méthotrexate et/ou des anti-TNF-alpha ne donnaient pas de résultats probants.
Dans la phase de maintenance de cette étude, les 40 patients qui avaient reçu un dosage d'ABX464 plutôt que le placebo étaient suivis pour évaluer l'efficacité après une année complète de traitements, tous au dosage à 50 milligrammes par jour. Tous les patients ayant terminé la période de traitement chronique sur 52 semaines, soit 23 personnes (58% de la population initiale), ont présenté une réponse clinique d'au moins ACR20 sur le score de l’American College of Rheumatology qui fait autorité pour mesurer l’efficacité des traitements pour les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde. 19 (48% de la population initiale) ont atteint ACR50 et 12 (30% de la population initiale) ont même connu une amélioration jusqu'à ACR70, des taux "très prometteurs", pour le professeur Emery. Sur les 40 de départ, 17 patients ont cessé le traitement pendant la première année de l’étude de maintenance en raison soit d’effets indésirables légers ou modérés, soit d‘une aggravation des symptômes liés à la maladie.
ACR20/50/70 correspond à une amélioration respectivement d'au moins 20/50/70% du nombre d'articulations douloureuses, au moins 20/50/70% du nombre de synovites et au moins 20/50/70% de trois items minimum parmi les cinq suivants : évaluation de la douleur par le patient, appréciation globale de la maladie par le patient, appréciation globale de la maladie par le praticien, auto-questionnaire évaluant le handicap fonctionnel et marqueur biologique de l'inflammation.
Comme le rappelle le professeur William Robinson, patron de la division d’Immunologie et Rhumatologie à l’Université de Stanford, cité dans le communiqué, la difficulté pour les patients atteints de maladies inflammatoires chroniques est de trouver un traitement qui conserve une efficacité durable. Les données de l’étude de maintenance d'ABX464 lui apparaissent donc "très encourageantes et démontrent le potentiel d’ABX464 à devenir une thérapie bien tolérée et efficace à long-terme dans la polyarthrite rhumatoïde", notamment chez les patients présentant une réponse insuffisante aux traitements actuellement disponibles.
"Ces résultats entérinent clairement la poursuite du développement clinique d’ABX464 dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde", a affirmé de son côté le professeur Hartmut Ehrlich, le PDG d'Abivax. La société a indiqué jusqu'ici vise le démarrage d'une phase 2b des essais cliniques dans l'indication polyarthrite rhumatoïde début 2022. Au-delà, la biotech souligne que les données générées lors des études d’induction et de maintenance dans la rectocolite hémorragique et dans la polyarthrite rhumatoïde "renforcent le potentiel d’ABX464 de couvrir un large éventail de maladies inflammatoires chroniques". En 2021, le nombre de cas diagnostiqués de polyarthrite rhumatoïde dans les pays du G7 (États-Unis, France, Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni et Japon) était estimé à 3,8 millions, équivalent à un marché de l'ordre de 22,3 milliards de dollars. En ajoutant le marché potentiel dans les MICI (rectocolite hémorragique et maladie de Crohn), Abivax évalue ainsi à 50 milliards de dollars d’ici 2026 le marché adressable pour sa molécule phare.
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