(BFM Bourse) - Imperturbable, le marché parisien poursuit sa folle remontée, alors que Joe Biden se rapproche de la Maison-Blanche mais que le Sénat se refuse aux démocrates. Ce qui constitue selon certains le meilleur scénario pour les marchés.
Bercé par une douce euphorie, le CAC 40 enchaîne les séances dans le vert et reprend désormais 10,3% depuis son creux, en séance, de jeudi dernier. À 12h20, l'échantillon principal de la cote parisien s'adjuge encore 1,20% à 4981,20 points, ce qui constitue un plus haut depuis près d'un mois, quand, rappelons-le, l'indice phare du marché parisien évoluait en fin de semaine dernière à un plus bas depuis fin mai dernier. Après avoir enchaîné quatre séances consécutives de hausse (dont les deux dernières sur le même -net- gain de 2,44%), le marché parisien attend l'issue des élections présidentielles américaines avec toujours autant d'enthousiasme.
Alors que Joe Biden semble avoir fait un pas décisif vers la Maison Blanche en reprenant le Wisconsin et le Michigan à Donald Trump, en plus de l'Arizona -une seule victoire dans le Nevada, la Géorgie ou la Pennsylvanie lui suffit désormais pour atteindre le seuil des 270 grands électeurs- le Sénat devrait rester à majorité républicaine après la réélection de plusieurs d'entre eux. Et cette hypothèse d'une Maison-Blanche démocrate et d'un Sénat républicain apparaît, à court terme, comme "la meilleure option pour les marchés", abonde John Plassard, spécialiste de l'investissement chez Mirabaud.
Un marché myope ?
Même à la Maison-Blanche, Joe Biden aura du mal à mettre en place une partie de son programme. "Il sera probablement incapable de s'attaquer au pouvoir des grandes entreprises technologiques ou d'augmenter l'impôt sur les sociétés" estime David Madden, analyste de CMC Markets, expliquant en partie l'humeur positive des marchés, ce que relèvent également mot pour mot les analystes de Nomura.À moyen terme toutefois, "une nouvelle paralysie du Congrès n'est pas une bonne nouvelle" notamment en vue de la conclusion d'un accord sur un vaste plan de relance, négocié depuis l'été, nuance Tangi Le Liboux, analyste du courtier Aurel BCG. Chef économiste d'Axa, Gilles Moëc s'inquiète aussi et juge qu'il sera "extrêmement difficile de compter sur un stimulus avant la mise en place d'une nouvelle administration", en janvier donc. "Et même si on peut imaginer que l'on trouvera un compromis sur un stimulus minimal, je doute qu'il soit à la hauteur de ce qui était attendu", ajoute-t-il. Il qualifie, pour ces raisons, la réaction du marché de "myope".
Car le temps presse, alors que la situation sanitaire empire à vitesse grand V outre-Atlantique, avec un record de près de 100.000 contaminations en 24 heures enregistré hier, ce qui ravive les incertitudes sur la reprise de la première économie mondiale. La force de la seconde vague de l'épidémie est telle qu'elle a contraint la Commission européenne à réviser sa prévision de croissance pour 2021 de 6,1% à 4,2% en Europe.
Cette situation met de nouveau sous pression la Réserve fédérale américaine, dont les annonces seront scrutées par les investisseurs (à partir de 20h). "Face à la propagation du Covid, la Fed pourrait, pourquoi pas et contre toute attente, décider d'agir ce soir lors de sa réunion à travers l'augmentation de ses achats d'actifs ou d'autres ajustements pour signaler au marché qu'elle prend le relais de la crise", avance John Plassard. La Banque d'Angleterre a déjà pris les devants ave un renforcement de 150 milliards de livres de son programme de rachat d'actifs, pour le porter à 895 milliards, quand les analystes anticipaient une hausse de "seulement" 100 milliards.
Société Générale revient dans le vert, le luxe recherché
Alors que les opérateurs sont confrontés à une actualité dense, les publications trimestrielles se poursuivent sur le marché parisien, et restent (globalement) au-dessus des attentes du marché. Société Générale a ainsi agréablement surpris les analystes en renouant nettement avec les bénéfices entre juillet et septembre, notamment grâce à ses activités de marché et à sa gestion rigoureuse des coûts. Les publications de Veolia (+2,4%) et Nexans (+1%) sont également bien accueillies, tout comme celle du spécialiste des infrastructures électriques du bâtiment Legrand (+2%), le marché appréciant le gain de parts de marché et les résultats financiers convaincants du groupe.Au contraire, ceux d'Arkema sont légèrement sanctionnés (-2,4%), le groupe de chimie de spécialités ayant vu son bénéfice net fondre de 34% au T3, sur un chiffre d'affaires toujours en recul entre juillet et septembre (-9%).
Valeurs défensives car moins soumises aux aléas de la conjoncture économique, les valeurs du luxe profitent d'un intérêt certain des investisseurs, encore prudents face aux incertitudes. LVMH revient ainsi à proximité de son sommet annuel touché en février avec une hausse de 3%, quand Kering s'adjuge 2,2% et Hermès 1,8% à 13h.
La perspective d'une présidence Biden est en revanche jugée défavorable pour les marchés pétroliers, et les cours des références mondiales de brut reculent de nouveau. Le baril de Brent cède 0,70% à 40,94 dollars, quand celui de WTI lâche 1,05% à 38,74 dollars.
Enfin, sur le Forex, la monnaie unique reprend de la hauteur face au billet vert (+0,74% à 1,1809 dollar).