(BFM Bourse) - En hausse de près de 3% à la mi-journée après les propos encourageants de Poutine sur l'avancée des négociations avec l'Ukraine, le CAC 40 a vu ses gains s'éroder à +0,83% vendredi en clôture. L'indice vedette de la Bourse de Paris reprend tout de même 3,3% sur la semaine, compte tenu de l'énorme rebond opéré lors de la séance de mercredi.
Après Christine Lagarde jeudi, c'est Vladimir Poutine qui a créé la surprise sur les marchés mondiaux ce vendredi, en annonçant pour la première fois depuis le début du conflit armé "des évolutions positives" dans les pourparlers avec le camp ukrainien. Relativement calme et timidement haussier dans la matinée, le marché parisien a brusquement bondi aux alentours de 12h20 en réaction à cette déclaration du maître du Kremlin laissant espérer une issue positive à la guerre meurtrière en cours aux portes de l'Europe. Le CAC a ainsi précisément gagné plus de 2,4% en moins de dix minutes à la mi-journée, avant d'effacer une bonne partie de ces gains pour terminer la dernière séance de la semaine sur une avance de 1,02% à 6.272 points.
Au lendemain d'un reflux de 2,83% - lequel succédait à la 10e plus forte hausse de l'histoire de l'indice mercredi (+7,13%), le baromètre du marché tricolore boucle donc la semaine sur une bonne note, et reprend près de 3,3% en rythme hebdomadaire. Après avoir lâché plus de 10% la semaine dernière, il met ainsi un terme à sa série peu glorieuse et inédite depuis mars 2012 de 7 reflux sur les 8 dernières semaines.
"Les marchés boursiers sont encore très fébriles" et "les incertitudes géopolitiques demeurent" résume Christopher Dembik, directeur de la recherche macroéconomique chez Saxo Bank. L'évolution de l'invasion russe de l'Ukraine continue en effet de dicter la tendance des marchés, et sur ce front là les choses n'évoluent pas positivement puisque les troupes russes ont atteint les faubourgs de la capitale ce vendredi.
Malgré cette situation toujours explosive et les craintes persistantes concernant l'approvisionnement russe, l'heure est toutefois à l'accalmie sur les cours des matières premières, notamment énergétiques, après la flambée spectaculaire du début de semaine. Même s'il est "évidemment impossible de prévoir si cette détente est durable" selon le responsable des analyses marchés d'IG Alexandre Baradez, celle-ci avait contribué à la bonne orientation matinale du marché parisien.
Celui-ci a donc également été soutenu "par l'idée que les négociations entre l'Ukraine et la Russie ont progressé", pointe Craig Erlam, analyste chez Oanda. Ce qui fit également dire à l'équipe de Natixis Research CIB que "les principales sources d'inquiétudes actuelles peuvent se résumer en une seule et même question: combien de temps durera la guerre en Ukraine - et donc la remontée des prix des matières premières et de l'inflation ?". Plusieurs sessions de pourparlers ont pour rappel déjà eu lieu depuis au cours des deux dernières semaines mais sans avancée concrète en vue d'un cessez-le-feu.
EssilorLuxottica impressionne le marché, Airbus redécolle
Aux valeurs ce vendredi, le palmarès de l'indice phare ne révèle pas vraiment de tendance sectorielle, ni de vastes mouvements sur les valeurs exposées à la Russie et l'Ukraine - ce qui constitue un changement notable par rapport à l'extrême volatilité des dernières semaines sur des titres comme Renault, Alstom ou Société Générale. Du côté des hausses, le géant de l'optique EssilorLuxottica gagne 2,9% dans le sillage de ses probants résultats annuels, largement supérieurs au consensus. C'est toutefois Airbus qui domine le palmarès avec un gain de 3,8%, devant ArcelorMittal (+3,5%). Dans l'autre sens, le recul le plus prononcé est pour Renault (-1,8%), dont la valorisation boursière chute à 6,6 milliards d'euros, soit la plus faible parmi les 40 valeurs de l'indice.
Sur le SBF 120, Spie grimpe de 6,5%, là aussi en réaction à une solide publication annuelle, avec notamment un carnet de commandes au plus haut, un levier d'endettement à un plus bas historique et une forte génération de trésorerie. Soitec prend également 7,2% après avoir annoncé la construction d'une nouvelle usine en France, sur son site de Bernin près de Grenoble, "destinée principalement à la fabrication de nouveaux substrats en carbure de silicium", qui font l'objet d'une très forte demande de la part des constructeurs de voitures électriques.
Interparfums (-0,9%) et le promoteur immobilier Altarea (+1,1%) ont peu évolué malgré l'annonce, par le Conseil scientifique des indices, de leur intégration au sein du SBF 120 le 21 mars. Aucune valeur n'est en revanche exclue de l'indice élargi, qui ne comptait que 118 composants dernièrement.
Le pétrole temporise
Au chapitre pétrolier, les tensions se sont quelque peu apaisées jeudi, permettant un reflux des cours "car les craintes que la flambée des prix de l'énergie et des matières premières ne freine la croissance économique et la demande mondiale ont pris le dessus sur les craintes d'un resserrement de l'offre", explique Ipek Ozkardeskaya, analyste chez SwissQuote. Les prix ont également reculé sous l'effet de l'annonce de Vladimir Poutine, qui a assuré que la Russie maintenait toutes ses livraisons d'hydrocarbures, malgré les sanctions occidentales. Une enquête de Bloomberg publiée ce vendredi révèle toutefois qu'une récente tentative russe de vente de brut n'a trouvé... aucun enchérisseur - ce qui sous-entend que même la Chine est désormais réticente à se fournir en brut russe. Peu après 18h, le baril de Brent reprend tout de même 1,9% à 111,4 dollars.
Sur le Forex enfin, la monnaie unique repart à la baisse face au billet vert, cédant 0,49% à 1,0934 dollar.