(BFM Bourse) - Bouclé le vendredi 28 juin dernier, le premier semestre boursier 2019 a vu le CAC 40 progresser de 17,1%. Au sein du SBF 120, plusieurs groupes (dont deux cotés sur l'indice phare) ont largement surperformé le baromètre de la place parisienne. Voici le top 10 des meilleurs progressions.
Après une fin d'année 2018 plus que délicate, la Bourse de Paris a connu un premier semestre 2019 exceptionnel, avec une progression du CAC 40 de 17,1%. Mais au sein du SBF 120, certains groupes cotés parviennent à faire beaucoup mieux que l'indice phare de la place parisienne. Voici le top 10 des plus fortes progressions sur six mois.
1. Altran Technologies (+99,2%)
Fin février dernier, l’entreprise de conseil en ingénierie dévoilait une nette amélioration de sa marge opérationnelle lors de l'exercice écoulé, à 352,3 millions d'euros (+40,9%). Alors que le titre était déjà bien orienté grâce à un gros contrat (65 millions sur 3 ans) remporté une semaine auparavant dans les semi-conducteurs avec l’une des plus grandes entreprises mondiales du secteur, la publication des résultats annuels du groupe n'a fait qu'accélérer le mouvement.
S'en sont suivis fin avril des résultats trimestriels de bonne facture pour le leader européen du secteur qui a indiqué avoir réalisé un chiffre d'affaires de 790,7 millions d'euros au premier trimestre 2019, en hausse de 26,3% sur un an, avec une croissance organique de 8,1%. Enfin, le 24 juin, Altran Technologies et Capgemini annonçaient être entrées en négociations exclusives dans le cadre d'une OPA amicale du second sur le premier, avec une belle prime à la clef (22% par rapport au cours précédant l'annonce), une opération saluée par le marché.
2. Soitec (+90,3%)
Dès le mois de janvier, le fabricant grenoblois de matériaux semi-conducteurs a revu à la hausse ses perspectives pour son exercice décalé 2018-2019 après avoir dévoilé les résultats de son troisième trimestre décalé faisant état d'un chiffre d'affaires de 116 millions d'euros, en hausse de 54% (ou 50% à périmètre et changes constants) sur un an. Fort de cette performance trimestrielle, Soitec avait donc relevé ses perspectives de croissance annuelles et annoncé s’attendre à une expansion de ses revenus annuels "bien supérieure" à 35%, en données organiques. Puis mi-avril, le titre a renoué avec un plus haut depuis 2011 après avoir enregistré un bond de 43% de ses ventes annuelles grâce à la flambée des ventes de matériaux pour semi-conducteurs sur les marchés des télécommunications, de l'intelligence artificielle ou encore des véhicules électriques.
Début juin, le titre du groupe grenoblois progressait encore en réaction à la signature de plusieurs contrats d'approvisionnement à long terme de plaques de Silicium-sur-Isolant (SOI) en 300 mm avec Globalfoundries "pour répondre à l'accélération de la demande liée à la 5G, à l'IoT (internet des objets, NDLR) et aux centres de données". Dans la foulée, après avoir présenté dans le détail les résultats annuels de son exercice décalé clos fin mars, l'industriel affichait sa confiance dans le marché et déclarait vouloir encore doubler ses ventes en trois ans.
3. Ingenico (+59,3%)
Après son annus horribilis 2018 (-44%), le titre du spécialiste tricolore des solutions de paiement a touché en janvier un plus bas depuis 2013 avant de retrouver un peu d'allant après la publication de ses résultats annuels. Plus que ces derniers, ce sont la présentation des objectifs 2019 et l'annonce d'un nouveau plan stratégique à venir qui avait alors rassuré le marché, d'autant que la nouvelle équipe de direction semble calibrée pour remettre Ingenico sur les bons rails.
Le leader mondial des solutions de paiement intégrées a confirmé son retour en grâce au mois d'avril, le premier trimestre en expansion de 12% ayant incité la direction à relever ses objectifs annuels. Parallèlement, Ingenico avait dévoilé les détails de son nouveau plan stratégique et de ses ambitions financières pour 2021 -une croissance organique supérieure à 6% l'an, et un Ebitda d'environ 700 millions d'euros en 2021- et compte, pour les atteindre, capitaliser et optimiser le portefeuille d'actifs qu'il s'est constitué à grands coups d'acquisitions au cours des dernières années.
4. Sartorius Sted (+58,8%)
Méconnu du grand public, Sartorius Stedim Biotec est l’un des principaux fournisseurs d’équipements et de services de pointe destinés aux processus de développement, d’assurance qualité et de production dans l’industrie biopharmaceutique. Et le groupe basé à Aubagne signe un début d'exercice 2019 convaincant avec la publication fin janvier d'un résultat net courant en progression de 21,5% à 219 millions d'euros pour l'exercice 2018, assorti d'un chiffre d'affaires de 1,21 milliard d'euros (+12%).
Sartorius a encore accéléré au premier trimestre de l'exercice en cours, avec des ventes en hausse de 29,3% sur un an à 342,9 millions d'euros et une nouvelle amélioration de sa rentabilité (marge d'Ebitda courant de 28,6% contre 26,3% un an auparavant). Ces performances opérationnelles se sont répercutées sur le titre Sartorius, qui est désormais bien "pricé" selon UBS. Selon une note de recherche de la banque suisse, "le catalyseur que constituent les produits à usage unique de Sartorius, avec la forte croissance qu'ils impliquent, continue de jouer à plein [...] mais maintenant que l'action a pris 44% depuis le début de l'année, il (le catalyseur, ndlr) semble intégré dans les cours".
5. Vallourec (+55,4%)
Le titre du géant français des tubes en acier sans soudure (notamment utilisés dans les conduites de puits de pétrole) a d'abord flanché fin janvier jusqu'à toucher un plus bas historique début février après des rumeurs de Bloomberg qui affirmaient que certains de ses créanciers cherchaient à céder leur dette en raison de craintes sur les capacités du groupe à respecter ses engagements financiers. Le rebond aura été aussi violent que le fut la chute puisque l'action Vallourec rebondissait de près de 30% le 21 février, l'amélioration des résultats annuels (grâce à un 4e trimestre meilleur que prévu) obligeant les investisseurs à réviser leur jugement.
Mi-avril, Vallourec profitait du regain d'activité auprès du géant pétrolier Petrobras, après des années de vaches maigres, pour confirmer son vif rebond boursier. Puis le groupe a définitivement entrevu le bout du tunnel en mai, lorsqu'il a présenté ses résultats du premier trimestre reflétant une nette amélioration opérationnelle sur fond de reprise des investissements des producteurs pétroliers dans le sillage du rebond des cours de l'or noir.
6. Worldline (+51,6%)
L'autre spécialiste tricolore des services de paiement signe également un premier semestre 2019 exceptionnel après un dernier trimestre 2018 chaotique en Bourse. Worldline a d'abord profité d'un second semestre 2018 meilleur que le premier pour faire état fin février d'un chiffre d'affaires en croissance organique de 6,2% sur un an, à 1,72 milliard d'euros en 2018, annonçant par la même occasion cibler une croissance annuelle de ses ventes, à périmètre et changes constants, entre 6 et 8%. À l'instar d'Ingenico, Worldline a également tiré parti du contexte de consolidation sectoriel -rachats de First Data par Fiserv en janvier pour 22 milliards de dollars, puis de Worldpay par FIS en mars pour 35 milliards de dollars et celui de TSYS par Global Payments pour quelque 21,5 milliards de dollars, avant le rapprochement de Wordline et de l'italien SIA- encouragé par le marché pour rester bien orienté.
Le groupe coté au SBF 120 est devenu, début mai, indépendant de son ex-maison mère, l'entreprise de services du numérique Atos, passée sous les 30% du capital. Le flottant a ainsi gonflé de 21,5% à 45% du capital, de quoi permettre à davantage d'actionnaires institutionnels de se positionner sur le titre. Ce dernier a par ailleurs joui de plusieurs relèvements successifs de recommandations et d'objectifs lors des six premiers mois de l'année.
7. Airbus (+48,5%)
Premier groupe coté au CAC 40 à intégrer ce classement, l'avionneur européen avait lui aussi connu un dernier trimestre 2018 compliqué en Bourse. Le rebond n'aura toutefois pas tardé puisque, dès début janvier, Airbus faisait état de livraisons records (800 avions commerciaux à 93 clients) en 2018, réalisant ses objectifs annuels et améliorant sa performance de 11% par rapport à l'année précédente. En février, la publication de résultats annuels nettement supérieurs au consensus, avec notamment un bénéfice net de plus de 3 milliards d'euros (+29% sur un an), faisait de nouveau bondir le titre.
Le groupe basé à Toulouse empilait ensuite les commandes, dont un méga-contrat avec l'entreprise étatique chinoise CASC portant sur 300 appareils (290 A320 et 10 A350) pour un prix catalogue estimé à 35 milliards de dollars, et profitait également des déboires de son concurrent Boeing (deux crashs meurtriers du 737 MAX en 6 mois) pour atteindre un plus haut historique en Bourse au mois de mars. Les résultats du premier trimestre, publiés fin avril, ont révélé un Ebit (résultat avant intérêts et taxes) ajusté et un chiffre d'affaires en très nette progression, permettant au titre Airbus de continuer sur sa lancée.
8. Alten (+44,97%)
L'entreprise de services du numérique (ESN), leader européen de l'ingénierie et du conseil en hautes technologies, doit l'essentiel de sa progression boursière à ses excellents résultats financiers. Fin janvier, Alten annonçait avoir vu bondir ses revenus de 14,4% à 2,27 milliards d'euros sur l'année 2018, notamment grâce à une accélération de l'activité au quatrième trimestre, des résultats vivement salués par le marché. Quelques semaines plus tard, l'ESN détaillait ses résultats annuels, révélant une nette amélioration de sa performance opérationnelle en 2018. Peu d'actualités importantes pour le groupe jusqu'à la fin du mois d'avril et la publication du rapport d'activité du premier trimestre, au cours duquel la croissance du chiffre d'affaires a atteint 17,5% à 643 millions d'euros, avec notamment un bond de 21,9% à l'international. Sans doute les fruits de la stratégie d'acquisitions du groupe, qui a mis la main sur 10 entreprises (dont 8 en Europe) en 2018.
9. LVMH (+44,96%)
Performance exceptionnelle en Bourse -la deuxième meilleure du CAC 40- pour le groupe de luxe dirigé par Bernard Arnault lors des six premiers mois de 2019. Redevenu la première capitalisation tricolore fin janvier après avoir enregistré des résultats records au titre de l'exercice 2018, avec un résultat opérationnel supérieur à 10 milliards d'euros (+21%) pour la première fois de son histoire, assorti d'un bénéfice net de 6,35 milliards d'euros (+18%), LVMH a connu une progression quasi-continue en Bourse lors des mois qui ont suivi. Le leader mondial du luxe a continué à tourner à plein régime, faisant fi des craintes relatives au ralentissement de l'économie chinoise (premier marché mondial du luxe), pour signer un premier trimestre meilleur que prévu (bond de 16% de son chiffre d'affaires).
Après ce point d'activité trimestriel, LVMH est resté bien orienté, à mesure que le marché prenait connaissance d'indicateurs macroéconomiques rassurants en provenance de Chine, alors que les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis semblaient se dissiper. En mai, le groupe de luxe a annoncé s'être allié à Microsoft pour lancer une plateforme blockchain baptisée Aura visant à assurer la traçabilité et l'authenticité des produits de luxe. Puis, début juin, le titre LVMH a touché un nouveau plus haut historique après avoir rassuré ses investisseurs quant à sa croissance sur le marché chinois. Le groupe de Bernard Arnault est ainsi devenu la première capitalisation européenne, et l'homme d'affaires le premier "centi-billionnaire" (plus de 100 milliards de dollars de fortune) français de l'histoire.
10. CGG (+42,9%)
L'action du spécialiste français de l'exploration de gisements pétroliers a décollé (+15%) dès le 8 janvier et l'annonce anticipée d'une bonne dynamique trimestrielle (revenus en hausse de 16%) sur les trois derniers mois de l'exercice 2018, après avoir touché en décembre 2018 un plancher historique. Le titre de la société parapétrolière a ensuite connu de multiples soubresauts mais est globalement resté bien orienté, profitant du rebond des cours de l'or noir lors du premier semestre, qui incite les super-majors pétroliers à investir dans l'exploration du sous-sol. Début mars, CGG a dévoilé un résultat opérationnel de ses activités presque multiplié par trois en 2018, à 142 millions d'euros (avec un taux de marge opérationnelle de 11,6%, contre 4,7% en 2017), preuve que le recentrage sur les trois activités à forte valeur ajoutée (géoscience, études multi-clients et équipements) fonctionne mais les perspectives mitigées du groupe faisaient chuter le titre.
L'annonce début juin d'un partenariat stratégique avec le norvégien Shearwater dans l'acquisition sismique marine et la technologie des "streamers" (terme anglais consacré désignant des câbles submersibles équipés d’hydrophones, ou "flûtes sous-marines") pour faire émerger "un leader mondial dans le domaine" faisait violemment rebondir le titre CGG. À noter que, à quelques jours près, la société aurait pu se retrouver bien plus haut dans ce top 10, son titre ayant bondi de 8,4% le 31 décembre et de 7,5% le 1er juillet.