(BFM Bourse) - Les trois établissements ont livré des résultats satisfaisants au titre de leur quatrième trimestre, avec une mention spéciale à Société Générale qui semble être en train d'opérer une bascule aux yeux des investisseurs. Barclays se montre confiante sur le potentiel de la banque de La Défense ainsi que sur celui de BNP Paribas.
Les banques françaises ont réussi un carton plein en cette saison des résultats annuels 2024. "On n'attendait pas beaucoup le secteur bancaire et c'est celui qui a surpris le plus positivement", a résumé Thierry Gautier, directeur général de GSD Gestion, sur BFM Business, vendredi 7 février. "Nous sommes ravis de voir leurs résultats enfin salués a-t-il ajouté.
Quelques jours avant ces résultats, UBS avait déjà écrit une note optimiste, recommandant de "surpondérer" les banques françaises en 2025. L'établissement suisse soulignait que si les trois banques françaises cotées (Société Générale, Crédit Agricole SA et BNP Parbas) avaient sous-performé leurs consœurs lorsque les taux d'intérêt montaient, l'inverse devrait désormais se produire maintenant que les taux redescendent.
Cela tient notamment au fait que les baisses de taux s'accompagnent d'une réduction des taux des livrets d'épargne réglementée (Livret A, LDD), et donc de rémunération des dépôts moins coûteuses pour les banques françaises.
De plus, des taux plus faibles devraient se traduire par une hausse des volumes des prêts immobiliers pour les banques françaises. Et, en dehors de la banque de détail, nombre de leurs métiers (financement automobile, banque d'investissement, gestion d'actifs, assurance) fonctionnent mieux lorsque les taux sont bas, notait UBS.
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Un "mini rallye" remarquable
In fine, BNP Paribas a progressé de 4,2% le 4 février, le jour de la publication de ses résultats annuels, qui avaient notamment été portés par ses activités de marché.
Crédit Agricole SA a suivi le lendemain, avec une hausse plus modérée (+0,8%), ses comptes ayant été soutenus par l'assurance et la gestion d'actifs.
Société Générale a ensuite, le 6 février, enchanté la Bourse (+13,18%) avec une copie qui a répondu à peu près toutes les attentes des investisseurs.
La banque de La Défense, qui est la plus exposée des trois établissements à la banque de détail en France en proportion de ses revenus, avait notamment livré des revenus nets d'intérêt (la différence entre les intérêts perçus sur les crédits et ceux versés sur les dépôts rémunérés) en forte hausse dans l'Hexagone.
Mieux, au-delà de la simple réaction lors de la séance suivant la publication des résultats, les trois banques françaises ont connu un petit rallye boursier sur une semaine. C'est ce qu'a remarqué Barclays dans une note publiée cette semaine. Entre le 3 février et le 12 février, BNP Paribas a gagné 10%, Crédit Agricole SA a pris 7% et Société Générale 23%!
Évidemment, après ce mouvement de hausse se pose la question du potentiel: les banques françaises ont-elles encore les moyens de monter plus haut?
Barclays est confiante mais préfère BNP et SocGen
Barclays se montre globalement confiante, jugeant dans sa note publiée mercredi que les banques françaises ont "passé une vitesse".
L'établissement britannique fait toutefois le distinguo parmi les trois. Barclays voit ainsi moins de valeur à chercher chez Crédit Agricole SA, une banque "avec un profil et une stratégie robuste, en particulier dans un environnement de taux bas". Mais Barclays estime que les résultats de la structure cotée du groupe Crédit Agricole sous-performeront ceux de BNP Paribas et de Société Générale.
L'établissement table sur une progression annuelle du bénéfice par action de 4% par an sur 2024-2027, contre 10% pour la banque de la rue d'Antin et 19% pour Société Générale. La situation en Italie, où Crédit Agricole SA compte faire valoir ses intérêts dans le cadre de la consolidation qui se profile, peut également ajouter "de l'incertitude", note Barclays.
L'objectif de cours de Barclays sur Crédit Agricole SA (17,8 euros) n'accorde ainsi "qu"'un potentiel de 16%, et l'établissement britannique préfère rester à "pondération en ligne" (équivalent de "neutre") sur le titre.
Ses cibles sur BNP Paribas (96 euros) et Société Générale (48 euros) sont plus ambitieuses, avec des potentiels d'appréciation plus de 30% pour les deux actions. Concernant BNP Paribas, Barclays estime que l'action de la banque verra encore ses multiples boursiers progresser, grâce à une remontée de ses revenus nets d'intérêt dans la banque de détail et à sa maîtrise des coûts.
Pour Société Générale, la banque britannique avait exposé sa thèse dans le détail il y a quelques semaines. Elle estime notamment que l'établissement de La Défense présente la meilleure trajectoire d'amélioration des bénéfices parmi les banques européennes.
Société Générale, une des valeurs préférées de Bank of America
Société Générale est d'ailleurs devenue un "pari consensuel" chez les analystes, nombre d'entre eux recommandant désormais d'acheter l'action de la banque rouge et noire.
C'est le cas d'UBS qui a réitéré son conseil après la saison des résultats. Pour elle, Société Générale a envoyé "un deuxième choc de confiance" (après les résultats du troisième trimestre à l'automne) avec ses comptes du quatrième trimestre. La banque suisse souligne notamment les montants de dividende et de programme de rachats d'actions qui ont été annoncés par l'entreprise.
UBS a également confirmé son conseil à l'achat sur Crédit Agricole SA, appréciant ses perspectives de croissance, le niveau élevé de son retour sur fonds propres et sa politique d'acquisitions. L'établissement suisse demeure, en revanche, à "neutre" sur BNP Paribas.
Bank of America a, elle, réitéré ses recommandations à l'achat tant sur BNP Paribas que sur Société Générale. L'établissement américain estime que BNP Paribas devrait voir son écart de valorisation avec les autres établissements européens se réduire grâce la croissance de ses revenus, qui devrait dépasser 5% par an de 2024 à 2026.
Quant à Société Générale, elle fait partie des 25 grandes valeurs européennes préférées de la banque américaine pour 2025. Bank of America estime que Société Générale sera en mesure de rendre 9 milliards à 12 milliards de cash à ses actionnaires au cours des trois prochaines années et qu'elle pourrait réduire nettement sa base de coûts d’ici à 2026.
Jefferies optimiste pour les trois groupes
Royal Bank of Canada est, elle, à "surperformance" sur BNP Paribas, équivalent d'acheter, contre "performance sectorielle" (c'est-à-dire "neutre") pour Crédit Agricole SA et Société Générale.
Jefferies, de son côté, recommande à l'achat les trois banques françaises, une position que le bureau d'études tient depuis juin dernier et la dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République, Emmanuel Macron. L'incertitude politique qui a découlé de cet épisode avait mis à mal les banques françaises en Bourse, occasionnant des baisses jugées exagérées par Jefferies.
L'intermédiaire financier soulignait, au passage, le fait que les banques françaises sont bien mieux armées que les autres établissements européens pour naviguer au mieux dans un environnement de baisses des taux, avec, en plus des modèles d'activité très diversifiés.
Jefferies voit les actions des trois banques françaises aller très loin, avec un objectif de cours de 23,4 euros pour Crédit Agricole SA, de 90 euros pour BNP Paribas et de 45 euros pour Société Générale. Ce qui offre des potentiels de hausse respectifs de 53%, 30% et 22%.
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