(BFM Bourse) - Jefferies juge que le marché a bien intégré le risque politique dans le cours des banques françaises et considère qu'il y a un point d'entrée à jouer sur les établissements tricolores. L'intermédiaire financier est passé à l'achat sur Crédit Agricole SA, recommandant d'acheter toutes les banques françaises.
Les banques françaises ont été les premières victimes en Bourse de l'incertitude politique qui a gagné la France à la suite de la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron.
En cumulé, sur les séances de lundi et mardi, Société Générale a dévissé de plus de 12%, BNP Paribas a abandonné 8,5%, et Crédit Agricole SA, la structure cotée du groupe Crédit Agricole SA, a perdu 7,3%.
Les banques sont souvent les premières à payer le risque politique en raison de leur exposition sensible à la conjoncture (ce sont des valeurs cycliques par excellence). Le marché peut également craindre des mesures défavorables de la part de gouvernements populistes. En Italie, où le gouvernement est dirigé par la dirigeante d'extrême droite Giorgia Meloni, le secteur bancaire avait été secoué en août dernier par la décision d'appliquer une taxe de 40% sur les superprofits (qui a ensuite été très édulcorée).
Pour autant, Jefferies juge que le coup de tabac sur les banques françaises a été trop violent. L'établissement a d'ailleurs décidé de passer à l'achat sur Crédit Agricole SA, contre "conserver" précédemment, tout en relevant son objectif de cours à 21,6 euros contre 13,4 euros auparavant. Sur BNP Paribas et Société Générale, le courtier a confirmé son conseil à l'achat mais a sensiblement relevé ses cibles, à 95,60 euros pour BNP, contre 88 euros auparavant, et à 45,90 euros sur Société Générale, contre 31 euros précédemment.
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Un potentiel important
A la clôture de mardi soir, les nouvelles cibles de Jefferies accordent des potentiels de 57% à l'action BNP Paribas, de 59% à Crédit Agricole SA, et d'environ 100% à Société Générale.
A la Bourse de Paris ce mercredi, les banques occupent le haut du palmarès du CAC 40. Vers 11h, Crédit Agricole SA enregistre la plus forte hausse, avec une progression de 2,8%, BNP Paribas avance de 1,7% et Société Générale prend 0,5%.
Pour Jefferies le récent mouvement de repli sur les banques françaises constitue une "opportunité". "Nous pensons que la chute des banques françaises due aux évènements politiques est exagérée", écrit la banque.
L'établissement juge "qu'il sera très difficile pour le Rassemblement national (RN) d'obtenir une position majoritaire à l'Assemblée nationale". Jefferies cite plusieurs risques pour les banques, dont l'instauration d'une potentielle taxe bancaire ou un retard dans la mise en œuvre de l'union bancaire (voulue pour Emmanuel Macron).
Mais Jefferies relativise la menace d'une taxe bancaire. D'une part ce risque est désormais "surévalué" dans les cours des banques françaises, et d'autre part les expériences récentes dans les autres pays montre que ce problème a été "surmontable".
"Le point essentiel est que nous pensons que le marché a réagi de manière excessive aux résultats des élections européennes et à l'annonce des élections législatives anticipées en France", écrit le bureau d'études.
Crédit Agricole SA comme valeur préférée
Les banques présentent un point d'entrée d'autant plus intéressant, selon Jefferies, que l'intermédiaire financier a une opinion favorable des fondamentaux des banques françaises. Par rapport au consensus, Jefferies a des estimations de bénéfices pour Société Générale, BNP et Crédit Agricole SA supérieurs en moyenne de 11% sur les années 2024 à 2026.
De plus, après la première baisse des taux directeurs de la Banque centrale européenne survenue la semaine dernière, Jefferies juge que les investisseurs "pourraient commencer à ré-apprécier des banques avec des modèles d'activités plus diversifiés". Ce qui est justement le cas des banques françaises. En moyenne, elles tirent 54% de leurs revenus d'activités non liées aux taux d'intérêt (assurance, gestion d'actifs) contre 34% pour le secteur, selon Jefferies. De plus, elles sont relativement diversifiées d'un point de vue géographique, la France ne représentant qu'entre 25% et 40% de leurs revenus, selon la banque.
"Les banques françaises pourraient se trouver dans une situation intéressante, même si les taux restent élevés plus longtemps (comme nous le pensons)", juge Jefferies.
En termes de hiérarchisation, Jefferies consacre Crédit Agricole SA comme sa valeur préférée, devant Société Générale puis BNP Paribas.
Le bureau d'études voit la banque verte comme "un mélange de haute qualité" où "l'opportunité d'investissement est moins liée à la réduction du nombre d'actions (et donc aux rachats d'actions, NDLR) qu'à la récolte des fruits de son modèle de collecte d'actifs dans les domaines de l'assurance, de la gestion d'actifs et de patrimoine, du 'securities servicing' (différents services sur les titres financiers, comme la conservation de titres ou la gestion de liquidité, NDLR) et d'une banque de détail bien positionnée dans les zones urbaines aisées".
Du côté de Société Générale, Jefferies juge que la banque va bénéficier d'une amélioration de ses marges nettes d'intérêt (la différence entre le taux auquel prête une banque et celui auquel elle se refinance) en France, qu'elle a livré des objectifs de revenus tirés de ses activités de marché de capitaux trop prudents, et que les investisseurs sous-estiment les efforts de la nouvelle direction pour solidifier son ratio de capital, et donc sa solvabilité.
Quant à BNP Paribas, "nous continuons à considérer (la valeur) comme un titre à haut rendement et résistant, qui se négocie actuellement à un prix relativement attractif, mais un problème clé est l'absence de catalyseurs majeurs à court terme pour déclencher une appréciation des multiples boursiers", explique Jefferies.
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