(BFM Bourse) - La structure cotée du groupe Crédit Agricole a livré ce mardi ses objectifs de moyen terme dans le cadre de son plan stratégique. L'établissement entend dégager des revenus de plus de 30 milliards d'euros et un bénéfice net de plus de 8,5 milliards d'euros en 2028.

Crédit Agricole SA livre sa nouvelle feuille de route. Ce qui pourrait permettre au marché, dans un avenir plus ou moins proche, de sortir de sa torpeur sur le titre.

Dans une récente note, UBS remarquait que les investisseurs s'étaient placés en "mode attente" avant la tenue de la journée investisseurs de ce mardi 18 novembre, ainsi qu'en raison des incertitudes entourant le projet de loi de finances 2026 en France.

Pour l'heure, l'action Crédit Agricole SA souffre, perdant 1,8% vers 12h20 ce mardi, emportée par l'aversion au risque qui plombe l'ensemble de la cote parisienne. Au même moment, le CAC 40 abandonne 1,3%, tandis que les autres banques françaises Société Générale et BNP Paribas perdent respectivement 2,5% et 3,5%.

Pour revenir aux ambitions de Crédit Agricole SA, la structure cotée de la banque mutualiste, entend dégager un bénéfice net de 8,5 milliards d'euros en 2028, contre 7,087 milliards d'euros en 2024, (et 6,9 milliards d'euros la même année en données "pro forma", c'est-à-dire au périmètre actuel). Ce qui traduirait une hausse de 19,9% (et de 23,1% en données pro forma).

Le groupe vise une croissance de plus de 3,5% de ses revenus par an entre 2024 et 2028 pour arriver à un produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires) de plus de 30 milliards d'euros (contre 26,6 milliards d'euros en 2024).

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Des objectifs légèrement supérieurs aux attentes

La croissance sera tirée par les "grands clients" (banque de financement et d'investissement) avec une hausse des revenus attendue entre 3% et 4% par an, ainsi que par les services financiers spécialisés (financement automobile, affacturage), dont la progression devrait atteindre 5% à 6% par an. La croissance des revenus de LCL est, elle, prévue entre 3% et 4% par an.

Crédit Agricole SA compte également ramener son coefficient d'exploitation (les charges divisées par le produit net bancaire, l'équivalent du chiffre d'affaires) à 55%, contre 56,1% en 2024.

À l'horizon 2028, Crédit Agricole SA entend également générer un retour sur fonds propres tangibles (ROTE) – le bénéfice rapporté aux fonds propres retraités de certains éléments intangibles comptables comme les survaleurs – de "plus de" 14%; après 13,2% en 2024.

Sur le plan de solvabilité, le véhicule coté de la banque mutualiste conservera sur la durée du plan un ratio CET 1 (qui rapporte les fonds propres à l'encours pondéré des risques) de 11%.

Barclays note que, globalement, les objectifs annoncés par l'établissement s'avèrent supérieurs aux attentes. La banque britannique remarque que le consensus (la prévision moyenne des analystes) retenait un bénéfice net de 8,2 milliards d'euros pour 2028 et un ROTE de 13,1%.

"Nous notons également que l'Crédit Agricole SA a toujours adopté une approche prudente et atteint ses objectifs avec un an d'avance", fait valoir Barclays.

Jefferies note de son côté que l'objectif de croissance annuelle moyenne dépasse également les prévisions (plus de 3,5% contre 3%). L'intermédiaire financier anticipait toutefois un potentiel relèvement de l'objectif de CET 1.

Une cible de 60% des revenus hors France

Sur un volet moins financier, la banque s'est fixé une cible de 60 millions de clients (contre 54 millions actuellement) en 2028 et une part de ses revenus hors de France de près de 60% (contre 41% à fin 2024, selon UBS).

La société va jouer sur un certain nombre de leviers pour atteindre ces objectifs. Notamment l'international en mettant l'accent sur l'Italie et l'Allemagne.

Dans le pays transalpin, Crédit Agricole SA vise 6,5 millions de clients et une contribution à 20% à son résultat net en 2028, grâce notamment à la diversification des canaux de distribution, le lancement d'une banque digitale pour les professionnels et, éventuellement, la croissance externe.

L'entreprise va par ailleurs développer son modèle de banque universelle en Allemagne en créant Crédit Agricole Deutschland. "L’objectif est de doubler la base clients déjà existante en Allemagne en visant 2 millions de clients d’ici 2028, via l’élargissement de l’offre à toute la gamme épargne, la banque au quotidien et les assurances", souligne la banque.

Le groupe cible les entreprises de taille intermédiaire (ETI) à l'échelle européenne et compte "servir" plus de 200 nouvelles ETI stratégiques européennes hors France d’ici 2028.

L'entreprise veut également renforcer son "ancrage" en Asie. Sa division de banque de financement et d'investissement, CACIB, compte générer une croissance de 5,5% par an de ses revenus dans la zon Asie-Pacifique "en s’appuyant sur ses expertises en financement de projets infrastructures et énergie accompagnant la transition énergétique, télécoms et transport".

Sa filiale de gestion de fortune et de patrimoine Indosuez Wealth Management entend, de son côté, parvenir à 20 milliards d'euros d'encours sur ce continent.

Crypto-actifs et IA

Crédit Agricole SA va également accélérer dans les données et l'intelligence artificielle (IA). Le groupe compte créer une "data market place" pour valoriser les données internes et faciliter l'accès aux données de place.

"Les solutions d’intelligence artificielle sont mutualisées au sein du Groupe et un centre d’expertises va être créé pour soutenir tous les métiers. Tous les collaborateurs vont être formés à l’utilisation de l’IA", ajoute l'établissement.

Couplées à une simplification de l'organisation de la société et à la rationalisation des infrastructures informatiques, Crédit Agricole SA pense pouvoir réduire de 20% le temps consacré aux tâches administratives et doubler la rapidité de mise en production des offres.

Dans ses métiers de services financiers aux institutionnels, la banque compte accélérer dans les fonds indiciels (ETF) et les fonds de pensions en Europe.

La filiale CACEIS, spécialisée dans les services financiers aux sociétés de gestion et investisseurs, va aussi proposer une offre sécurisée d'exécution et de conservation des crypto-actifs. "L’objectif est de multiplier par quatre en trois ans les encours d’actifs digitaux conservés", explique le groupe.

Le groupe compte également renforcer son activité dans les ETF au sein de son pôle de gestion d'actifs.

Dans la banque de financement et d'investissement, Crédit Agricole SA entend se renforcer dans certains pays d'Europe (Pologne, Allemagne) et augmenter la voilure aux États-Unis et en Asie.

Chez LCL, le groupe ambitionne de conquérir de nouveaux clients,de monter en gamme, d'améliorer la marge nette d'intérêt (l'argent que dégage une banque sur les crédits diminué de la rémunération des dépôts) et faire progresser les commissions via la conquête de nouveaux segments "à forte valeur ajoutée".

À noter que chaque métier du groupe a son propre objectif de coefficient d'exploitation à respecter pour 2028 (moins de 56% pour la gestion d'actifs, moins de 60% pour LCL, moins de 55% pour la banque de financement et d'investissement, etc…).

In fine, cela fait beaucoup à intégrer pour le marché. "Il s'agit d'un plan détaillé qui, selon nous, prendra du temps à être assimilé par le marché", conclut d'ailleurs UBS.