(BFM Bourse) - Après une chute de près de 2,6% en milieu de matinée, le CAC 40 a sensiblement réduit ses pertes lundi mais termine tout de même en repli de 0,82%, les investisseurs craignant que l'expansion du variant Omicron n'entraîne des restrictions à l'activité susceptibles de peser sur la croissance.
Le traditionnel "rallye de fin d'année" est-il menacé ou est-il seulement intervenu, comme l'an dernier, avec un mois d'avance? Pour rappel, le CAC 40 avait repris plus de 20% -soit près de 1.000 points- en novembre 2000, porté par la mise au point de vaccins, avant que ce rebond ne s'émousse en décembre de la même année après la découverte du premier variant -Alpha- au Royaume-Uni. Cette année, la menace change de nom mais le schéma reste le même. Après le "rallye" d'anthologie survenu en novembre alors que soufflait un vent d'optimisme quant à la reprise économique, qui a porté l'indice vedette du marché parisien à un nouveau pic historique, ce dernier bat de nouveau de l'aile depuis le début du mois.
Déjà retombé en fin de semaine dernière (-0,93% en performance hebdomadaire), l'enthousiasme des opérateurs s'est encore sensiblement étiolé ce lundi, résultante logique de l'environnement de marché. Celui-ci reste de fait "fragile, mêlé d'inquiétudes concernant la montée de l'inflation que les banques centrales cherchent à contenir et un virus qui menace de submerger les systèmes de santé mondiaux", résume Michael Hewson, analyste chez CMC Markets. En matinée, le décrochage du CAC 40 a même frôlé la zone de panique, la baisse approchant les -2,6% vers 10h20. Toutefois, l'indice phare est ensuite revenu sur une partie de ses pertes, pour terminer à 6.870,10 points (-0,82%). En repli par rapport à vendredi, où le passage des "quatre sorcières" avait comme toujours dopé l'activité, les volumes se sont élevés à 3,86 milliards d'euros, ce qui reste élevé surtout pour la dernière quinzaine de l'année civile.
Omicron, la Fed et Joe Manchin
Si les premières annonces à ce sujet ont été plutôt rassurantes, la contagiosité exceptionnelle de la nouvelle souche du coronavirus contraint tout de même plusieurs pays européens à imposer de nouvelles restrictions restrictions, et plombe le moral des opérateurs. "Le confinement annoncé aux Pays-Bas va renforcer les craintes que des mesures similaires soient adoptées dans d'autres pays européens dans les semaines à venir", écrit Lee Hardman, analyste chez Mitsubishi UFJ Financial Group. L'incertitude plane en effet désormais sur ce que pourrait décider d'autres pays européens très touchés par Omicron, parmi lesquels le Royaume-Uni et l'Italie."Sous les pavés, la vase", s'inquiète ainsi le stratégiste de la Banque Postale Asset Management Hervé Goulletquer. "Les informations sur le front de l’épidémie restent mauvaises - le nombre de cas atteint ou est proche des sommets dans les principaux pays européens et la tension hospitalière se fait plus forte. Il faut continuer d’ajuster les perspectives de court terme, qu’il s’agisse de croissance ou de prix" explique-t-il.
La nervosité des opérateurs est encore alimentée par le biais plus restrictif adopté par la Fed mercredi dernier afin d'endiguer l'inflation, la hausse des prix à la consommation (sur un an) ayant atteint des niveaux inédits depuis 40 ans en novembre aux Etats-Unis. Soulagés de la prise de conscience de l'institution dans un premier temps, les marchés s'inquiètent maintenant de la fin du soutien sans faille de la banque centrale, et des conséquences des futures hausses de taux.
"Les investisseurs voient par ailleurs d’un mauvais œil le fait que le sénateur démocrate américain Joe Manchin a rejeté le paquet de taxes et de dépenses de près de 2.000 milliards de dollars" du gigantesque plan de réformes sociales prévu par Joe Biden, relève de son côté John Plassard, directeur adjoint des investissements chez Mirabaud. Invoquant notamment la hausse des prix et l'ampleur de la dette, l'élu de Virginie-Occidentale a déclaré "ne pas pouvoir voter pour ça". Ce qui sonne a priori le glas de ce projet faramineux - le Sénat est pour rappel parfaitement divisé entre démocrates et républicains donc la moindre défection fait pencher la balance.
Enième retour de balancier en faveur des valeurs-Covid
Dans ce contexte de regain prononcé d'aversion au risque, seule une poignée de valeurs du CAC ont surnagé, dont évidemment Eurofins Scientific, toujours recherché (+2,6%) quand la pandémie gagne en vigueur, et Hermès, qui a rebondi de 1,2% après avoir lâché plus de 6% vendredi. BNP Paribas a pu aussi braver le repli généralisé, la banque ayant annoncé avoir conclu un accord avec BMO Groupe Financier pour la vente de 100% de ses activités de banque commerciale aux États-Unis opérées par sa filiale Bank of the West, pour un prix total de 16,3 milliards de dollars en numéraire. De quoi grappiller 0,45%.
De l’autre côté, c'est Worldline (-6,7%) qui a décroché le plus fortement, et nombre de valeurs ont subi des baisses significatives notamment Stellantis (-4,1%), Renault (-3,2%) et ArcelorMittal (-3,2%)/
Même constat sur le SBF où quelques valeurs « Covid-compatibles » se sont attiré les faveurs des investisseurs (+1% pour Sartorius Stedim Biotech, +0,6% pour bioMérieux) quand l’immense majorité voit rouge. Ipsen (-7,3%) et Genfit (+7,4%) ont accentué chacun dans leur sens leur mouvement de vendredi en réaction à l'annonce de leur partenariat global, comprenant notamment un versement initial de 120 millions d'euros du premier au second.
Les foncières (4% pour Carmila, -2,7% pour Mercialys) et les parapétrolières (-2,8% pour Vallourec, -3,9% pour TechnipFMC) ont été particulièrement délaissées, ces dernières subissant le nouveau vif reflux des cours pétroliers (-5% pour le baril de Brent à 69,89 dollars en fin de journée) induit par les restrictions imposées en Europe. TotalEnergies a limité son repli à -0,7%.
Après des mois de négociations, le leader européen des résidences de loisirs Pierre & Vacances a conclu un accord de principe avec ses créanciers permettant de le renflouer, moyennant une importante dilution pour ses actuels actionnaires, ce qui n'a guère fait bouger le cours (+0,15% dans des volumes toujours très faibles). Solutions 30 (-5,2%) a davantage réagi à l'annonce du départ, neuf mois seulement après son arrivée dans le groupe, du "Chief Transformation Officer" chargé d'accélérer la mise en place des actions de renforcement des processus de gouvernance, de gestion des risques et de contrôles. Au passage, la firme décale "au 1er semestre 2022" la mise en place de ces procédures initialement prévue "avant la fin de l'année" 2021.
Sur le Forex, la monnaie unique rebondissait de 0,51% à 1,1296 dollar après son accès de faiblesse de vendredi. Par ailleurs le bitcoin n'était pas immunisé face au regain d'aversion pour le risque (-0,85% à 46.344 dollars).