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CAC 40

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Cac 40 : Rentrer dans un grand indice boursier, une aubaine pour une action?

samedi 14 juin 2025 à 07h00
Rentrer sur le CAC 40 est loin de constituer une panacée

(BFM Bourse) - L'entrée dans un grand indice de référence, comme le CAC 40 ou le S&P 500, est perçue comme un évènement bénéfique à court terme, en raison de l'inclusion de ces actions dans les fonds répliquant la performance de l'indice en question. Mais sur le moyen-long terme, l'effet s'avère totalement négligeable.

Statu quo pour le CAC 40. Réunis jeudi soir, les membres du conseil scientifique d'Euronext, l'opérateur boursier en charge (notamment) de la Bourse de Paris, ont décidé de laisser inchangée la composition du célèbre indice. Il n'y aura donc pas de nouvel entrant.

Si, symboliquement, rentrer sur le CAC 40 constitue un motif de fierté pour une entreprise, et une certaine reconnaissance auprès du grand public, est-ce pour autant intéressant en Bourse? Toutes choses égales par ailleurs, une inclusion dans l'indice parisien est censée constituer un élément positif.

Tout simplement parce que les ETF (fonds indiciels) censés répliquer la performance du CAC 40 doivent acheter le nouvel entrant (et vendre l'ancien pensionnaire) pour continuer de suivre son évolution.

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Des parcours boursiers radicalement différents

"Accéder au CAC 40 est prestigieux et peut s’accompagner d’une progression des cours en raison des fonds indiciels qui dupliquent l’indice" mais "sans vouloir décourager les impétrants qui peuvent voir l’entrée au sein du CAC 40 comme une consécration, soulignons que les inégalités les plus criantes règnent au sein de l’indice", écrivait la lettre Vernimmen, fin 2023.

Dans les faits, comme le montre l'infographie ci-dessous recensant la performance boursière des derniers groupes arrivés dans l'indice depuis 2017 (à l'exception de Vivendi qui en était brièvement sorti en 2023 avant d'y revenir six mois plus tard), l'entrée sur le CAC 40 ne constitue en rien un gage de sinécure boursière. Sur douze actions, six accusent des replis très élevés, de plus de 50% (*). Worldline, Atos et Alstom ont même quitté l'indice en 2021, 2023 et 2024, respectivement.

"L'entrée dans le CAC 40 ne garantit pas un beau parcours boursier. L'action, en rejoignant le CAC 40, est alors soumise à des logiques indicielles, qui peuvent, lors de cycles de hausses, entraîner une progression du titre déconnectée des fondamentaux. Mais à l'inverse, lorsque le cycle se retourne, la baisse peut être très sévère pour le titre. C'est parfois une bénédiction en période de progression boursière et une malédiction en période de repli", expliquait à BFM Bourse, Frédéric Rozier, gérant chez Mirabaud France, dans un précédent article.

"Le risque lors de l'intégration dans le CAC 40 est de faire entrer des actions qui sont à leurs pics boursiers ou proches de ce pic, avec des bonnes nouvelles qui sont déjà derrière nous et une valorisation déjà tendue. Cela est souvent le cas des valeurs industrielles, qui peuvent rentrer alors que leur activité se situe sur le haut du cycle économique", complétait l'expert.

Dans les douze exemples recensés, chaque société a connu une situation assez spécifique. Hermès prend plus de 300% depuis son inclusion en 2018. La société a démontré une capacité à générer une croissance très élevée en toutes circonstances, grâce à son modèle d'activité unique, avec une demande qui excède son offre de produits. Thales (en hausse de 134% depuis son arrivé en 2019) a bénéficié de l'appétit du marché pour les valeurs européennes de défense. Le Vieux Continent a décidé de se réarmer à la vitesse grand V depuis que Donald Trump a décrété qu'il ne souhaitait plus que les États-Unis assurent autant la sécurité de l'Europe que par le passé.

Le groupe de semi-conducteurs STMicroelectronics (2017) et le spécialiste des logiciels professionnels Dassault Systèmes (2018) ont souffert ces deux dernières années mais affichent encore des hausses respectives de 60% et 26%. Accor (+13,6% depuis son retour dans le CAC 40 en 2023) et Bureau Veritas (+2% depuis son inclusion en décembre dernier) signent des performances correctes, dans la mesure où ces deux valeurs ne sont arrivées que récemment dans l'indice.

Des chutes vertigineuses

Du côté des baisses, les chutes sont vraiment violentes. Eurofins (2021) est l'exemple typique de la valeur entrée "au mauvais moment", c'est-à-dire alors que la société évoluait à ses sommets historiques. Sa croissance était alors portée par sa large gamme de produits et tests essentiels à la gestion du Covid-19.

Avec la fin de la pandémie et la normalisation de la situation sanitaire, ce vent porteur a évidemment fini par disparaître. Depuis, le virage de l'après-Covid n'est guère évident à négocier, tout du moins sur le plan boursier. La société perd 52% depuis son entrée sur le CAC 40.

Alstom (2020) a enchaîné les problèmes liés aux contrats difficiles et hérités de Bombardier Transport, groupe canadien racheté en 2021. La société, qui plonge de 54% depuis 2020, a aussi déçu à plusieurs reprises sur sa génération de cash, ce qui l'a contraint à mener une recapitalisation financière en 2024. Ces vieux démons ont quelque peu ressurgi en mai lors de la publication des résultats annuels. Alstom avait alors livré des objectifs de génération de trésorerie décevants.

Teleperformance (-56,9% depuis son entrée sur le CAC 40 en 2020) a pâti des craintes de bouleversement de son modèle économique par l'intelligence artificielle, des inquiétudes en réalité assez injustifiées. Le groupe de relation client externalisée a, par ailleurs, livré plusieurs publications décevantes en matière de progression de ses revenus, ces dernières années.

Edenred (-58% depuis l'entrée sur le CAC 40 en 2023) a aussi connu un ralentissement de sa croissance, certes encore relativement vigoureuse (6,7% en données comparables au premier trimestre). Le groupe a surtout souffert d'un durcissement de la réglementation en Italie et de craintes d'une évolution défavorable de la régulation en France ainsi qu'au Brésil, ses deux plus gros marchés. Si bien que l'action a été massacrée, malgré des fondamentaux solides.

Worldline a enchaîné les lourds avertissements sur résultats depuis 2023. Le spécialiste des paiements détient le peu enviable record de la plus forte chute sur une séance d'un groupe de CAC 40 (-59,24% le 25 octobre 2023) à la suite d'un de ces nombreux "profit warnings" (il y en aura un autre en juillet 2024 et encore un autre septembre de la même année). Et les derniers résultats annuels ont, en plus, été décevants. Le titre s'effondre de 89,6% depuis 2020, année de son entrée sur le CAC 40 qu'il a quitté trois ans plus tard. Deutsche Bank veut toutefois croire que l'arrivée du nouveau directeur général, Pierre-Antoine Vacheron, marque "une nouvelle ère" pour la société.

Quant à Atos son cours a quasiment plongé de 100% depuis 2017, année où la société avait rejoint le CAC 40. Huit années plus tard, tout a changé. L'entreprise de services numériques a pâti de résiliations de grands contrats, de la décroissance de ses activités et d'une hémorragie de cash. La société a mené une lourde restructuration financière qui l'a amenée à émettre le nombre ahurissant de 190 milliards d'actions, contre une centaine de millions de titres existants avant cette opération. La dilution a été massive et le groupe a récemment opéré un regroupement d'actions par paquet de 10.000. Son cours évoluait auparavant à 0,0049 euro. Contre plus de 111 euros en 2017...

Un effet éphémère à Wall Street

Si nous nous sommes attardés sur le CAC 40, comment cela se passe-t-il à Wall Street, sur son indice de référence, le S&P 500?

Dans une note détaillée et publiée en mai dernier, John Plassard, conseiller en investissement chez Mirabaud, citait différentes études sur le sujet. La dernière en date, celle de Bloomberg Intelligence, d'avril 2025, montrait qu'une inclusion dans le S&P se traduisait par une hausse moyenne immédiate de 5% pour l'action de la société en question. "Mais cet effet tend à s'estomper sous trois mois", notait John Plassard.

Le spécialiste de marché mentionne aussi une étude de mars de 2025 de la banque Morgan Stanley qui montre que "la performance à 12 mois des sociétés intégrées (dans le S&P 500) est neutre, tandis que celles qui sortent ne sous-performent pas systématiquement, sauf en cas de détérioration fondamentale".

"Contrairement aux idées reçues, l'entrée ou la sortie d'un indice reste souvent un phénomène technique de court terme sans impact déterminant sur la création de valeur à long terme", concluait de son côté John Plassard, en mai.

Citons, par ailleurs, une étude de McKinsey de mai 2024, basée là encore sur des centaines d'entrants et de sortants de S&P 500 et qui évoquait un effet "éphémère". "Lorsqu'un indice annonce qu'il inclut ou supprime une entreprise, le cours de l'action de cette dernière évolue - à la hausse pour l'inclusion, à la baisse pour la suppression. Mais il se réajuste ensuite, généralement dans les deux mois qui suivent, le marché se rapprochant inéluctablement de la valeur intrinsèque de l'entreprise", détaillaient les auteurs de l'étude.

"C'est précisément parce que l'effet indiciel est éphémère que les conseils d'administration ne devraient pas s'efforcer de l'obtenir et que les dirigeants ne devraient pas élaborer une stratégie en ayant les indices à l'esprit. Par exemple, les entreprises ne devraient pas s'abstenir de procéder à des scissions ou à des cessions simplement parce que, étant plus petites, elles risquent de ne pas être incluses dans un indice", recommandaient-ils.

(*) Les cours ont été arrêtés jeudi après la clôture du marché parisien.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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