(BFM Bourse) - La Bourse de Paris est repartie dans ses travers baissiers alors que la Fed et la BCE ne sont pas enclines à vouloir infléchir tout de suite leur stratégie monétaire. Le CAC 40 cède 0,85% à 7.340 points.
Les décisions des banquiers centraux pèsent sur la tendance du marché parisien. La Réserve fédérale américaine n'est pas franchement près de baisser ses taux directeurs dans un horizon prévisible. Et la Banque centrale européenne n'entend pas lever le pied dans son cycle de resserrement monétaire.
Cette orientation restrictive des politiques monétaires de part et d'autre de l'Atlantique tirent le CAC 40 un peu plus vers le bas, et l'indice parisien clôture en baisse de 0,85% à 7340,77 points.
Pour la septième fois consécutive, la Banque centrale européenne a relevé ses taux directeurs et a opté cette fois-ci pour une hausse de 0,25 point de pourcentage. "Jusqu’alors, elle avait monté ses taux de 50 pdb (50 points de base ou 0,5 point de pourcentage, NDLR) (quatre fois) ou de 75 pdb (0,75 point de pourcentage, NDLR) (deux fois). Cette modération suggère que le cycle de hausses s’approche de sa fin", explique Bruno Cavalier, chef économiste d'Oddo BHF.
Pou Ben Laidler, Global Market Strategist chez eToro, ce ralentissement n'est pas une pause, la BCE étant "confrontée à un triple cocktail : une inflation toujours obstinément élevée (7 %), une économie qui résiste à la récession et les conséquences de sa lenteur à relever ses taux".
"L’inflation n’est pas encore rentrée dans le rang mais le resserrement des conditions de crédit est en train de peser sur la demande domestique et in fine sur les prix. Depuis un an, confrontées à un ralentissement économique et au renchérissement de leurs ressources, les banques sont plus regardantes dans leur offre de prêt, et la demande de crédit a nettement fléchi. Deux phénomènes que la poussée récente de stress bancaire n’a pu que renforcer", poursuit Bruno Cavalier.
Ceci n'est pas une pause
Les investisseurs doivent également décortiquer l'issue de la réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed). La banque centrale américaine a, comme anticipé par le marché, relevé ses taux directeurs de 25 points de base, soit 0,25%, et a adouci sa communication, en retirant dans son communiqué des passages qui, dans ses précédentes communications, faisaient référence à de potentielles nouvelles hausses. Ce qui signale en creux une pause dans son cycle de resserrement monétaire.
"Ce qui n'était pas attendu [par le marché, NDLR], c'est une déclaration forte selon laquelle les taux resteront élevés, probablement pour le reste de l'année, puisque l'inflation de base n'est pas encore maîtrisée, avec un marché du travail toujours remarquablement résilient", note de son côté Edouard Bouhyer, directeur des investissements de la banque Eric Sturdza.
Ce ton peu accommodant de la Réserve fédérale met un peu plus sous pression les banques régionales américaines, dont une partie des difficultés sont liées à la hausse des taux d'intérêt. PacWest, perçu par le marché comme le prochain établissement susceptible de faillir, perd 50% à Wall Street tandis que Western Alliance abandonne près de 40%.
Casino en tête de gondole des baisses
Du côté des valeurs, la très grande majorité du CAC 40 évolue dans le rouge avec des dégagements prononcés sur Teleperformance (-6,5%) qui a pâti d'une dégradation de Morgan Stanley qui a abaissé son avis sur la valeur à "pondération en ligne" et sabré son objectif de cours à 240 euros. Le bureau d'études estime que le spécialiste de la relation client externalisée manque désormais de catalyseurs pour rebondir en Bourse.
En baisse de 16,4% au plus fort de la séance, Casino a limité son repli à 5,7% après avoir publié un recul de ses ventes en France et une dette nette dans l'Hexagone qui ne baisse pas, malgré les cessions d'actifs.
Airbus a cédé 1,9% alors que ses résultats du premier trimestre, légèrement supérieurs aux attentes, n'ont pas réservé de grandes surprises.
Du côté des petites et moyennes capitalisations, Valneva s'est distingué (+24,45%) salué pour avoir réalisé un bon début d'année 2023 après une période difficile en raison de ses multiples déconvenues dans la commercialisation de son vaccin anti-Covid.
Sur les autres marchés, l'euro recule de 0,5% face au dollar à 1,1011 dollar. Les cours du pétrole se stabilisent au lendemain d'une lourde correction. Le contrat sur le Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet est stable à 72,36 dollars le baril tandis que celui sur de juin sur le WTI coté à New York est en légère baisse de 0,3% à 68,42 dollars le baril.